Si l’année a débuté en fanfare avec une progression boursière historique en Europe, la vigilance selon nous reste de mise et il vaut mieux privilégier les valeurs relativement peu influencées par la conjoncture en se fiant avant tout à la solidité des bilans et à la capacité de générer des cash-flows et en restant fidèle à ses convictions. Quoiqu’il en soit, les entreprises européennes disposent aujourd’hui d’un levier opérationnel qui devrait être propice à leur croissance, entre faible pression sur les salaires et baisse du prix des matières premières.
Par Cédric de Fonclare gérant du fonds Jupiter European Opportunities chez Jupiter AM
L’environnement actuel, fait de taux bas et d’interventions tous azimuts des banques centrales, n’offre qu’une visibilité extrêmement réduite et renforce notre conviction que les seuls éléments réellement fiables sur lesquels on peut se baser sont les fondamentaux des entreprises. Le stock-picking est selon nous plus que jamais le style de gestion à adopter, y compris sur des secteurs cycliques.
Le secteur automobile illustre bien cela, à l’image de Continental, 5ème équipementier automobile. Cette entreprise s’est notamment spécialisée dans les composants électroniques qui dans peu de temps compteront pour la moitié de la valeur d’une voiture. Contrairement à une valeur comme Peugeot, très dépendante de la conjoncture, Continental dispose de propriétés intrinsèques qui devrait lui permettre de connaître une croissance appréciable d’ici quelques années, ne serait-ce que grâce à une augmentation de son taux de pénétration et à la généralisation de l’électronique dans les voitures.
Un autre aspect que nous devons prendre en considération est la génération de cash-flows. Les entreprises européennes en génèrent beaucoup, ce qui leur a permis d’améliorer leurs bilans. Si elles sont encore réticentes à faire de gros investissements, elles sont plus enclines à verser des dividendes.
Aujourd’hui, près de 70% des entreprises européennes offrent un rendement de dividende qui est supérieur au rendement de leurs propres obligations. En prenant en compte la prime de risque actions, le rendement potentiel global des actions est considérable comparé à, par exemple, un investissement en dette souveraine.
Enfin, même si la volatilité des marchés a beaucoup baissé ces dernières années, les annonces de résultats suscitent encore parfois des mouvements de grandes ampleurs. Il est donc important selon nous de ne pas sur-réagir à ces effets d’annonce. A la baisse, ils peuvent s’avérer être de bons points d’entrée ; lorsque ces mouvements sont haussiers, il ne faut, selon nous, pas hésiter à vendre si on considère que le potentiel de hausse a été atteint.
D’une manière générale, le marché européen doit être replacé dans son contexte : le marché actions est largement haussier depuis 2012 mais sans qu’il y ait eu de croissance des bénéfices. La grande question pour 2015 est de savoir si les entreprises européennes vont être capables de renouer avec la croissance. Etant donné qu’il n’y a en Europe pas de pression sur les salaires à l’heure actuelle et que les prix des matières premières sont à la baisse, les entreprises européennes disposent d’un levier opérationnel important, contrairement aux Etats-Unis où la pression sur les salaires est plus prononcée.
Parallèlement, beaucoup d’investisseurs à la recherche de rendement commencent à se rapprocher des actifs risqués et donc des actions, mais privilégient le marché européen et se méfient du marché américain qui n’est pas à l’abri d’une correction significative. Ces éléments nous incitent à envisager les mois qui viennent avec optimisme.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir