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La BCE ayant déjà atteint ses objectifs,…

… elle pourrait réduire le rythme de ses rachats d’actifs bien avant septembre 2016 !

Par Ronan Blanc, Gérant obligataire chez Quilvest Gestion

En un mois, la BCE est parvenue à racheter 60 Mds€ d’actifs obligataires, dont plus de deux-tiers en titres souverains. La clé de répartition a fait la part belle aux rachats de dette allemande, française et italienne (montants respectifs de 11,1 -  8,8 et 7,6 Mds€). Les observateurs nourrissaient pourtant quelques interrogations légitimes, sur la profondeur du gisement des détenteurs d’obligations à qui la BCE puisse racheter des titres.

« L’essentiel des rachats a été réalisé auprès d’investisseurs étrangers, en particulier d’autres banques centrales - chinoise, suisse et japonaise - qui détiennent d’importants montants de dettes souveraines européennes. » A contrario, les détenteurs domestiques et naturels d’emprunts d’Etat, tels que les assureurs, les mutuelles et les banques européens, ont cédé peu de titres à la banque centrale. « Dans un environnement de taux extrêmement bas, où les spreads continuent encore de se replier, ces catégories d’investisseurs préfèrent logiquement conserver leurs anciens papiers plutôt que de les céder, faute d’alternative plus rémunératrice. Il faut aussi considérer les contraintes prudentielles, comme Solvabilité 2, qui encouragent globalement les investisseurs institutionnels à conserver leurs emprunts d’Etat ».


La BCE restera pragmatique

Grâce à ses opérations de T-LTRO et de rachats d’actifs, la BCE a accompagné le redémarrage économique européen. Les premiers bénéfices sont particulièrement tangibles à l’échelle microéconomique en Europe du sud : « depuis le début de l’année, nous assistons au réveil du marché du crédit aux PME, en particulier en Italie. Ce pays est certainement celui où le mécanisme de transmission des liquidités à l’économie réelle, via la redistribution des crédits par les banques, est le plus efficace. L’économie nationale va continuer à en tirer profit dans les mois à venir » constate Ronan Blanc.
Les initiatives de la BCE ont aussi permis de maintenir l’euro à un niveau durablement bas face au dollar, une façon de réinjecter de l’inflation dans l’économie européenne. « Le pilotage baissier de l’euro permet d’atteindre un niveau plancher proche de la parité, qui semble faire consensus de part et d’autre de l’Atlantique. Cela a permis de restaurer la compétitivité des entreprises européennes exportatrices, en témoignent les récentes publications de résultats plutôt bien orientées ».
Ces résultats positifs pourraient conduire la BCE à réviser le calendrier de son plan d’action, c’est-à-dire ralentir le rythme de ses rachats d’actifs avant septembre 2016. Cette hypothèse a déjà été évoquée il y a quelques semaines par Christian Noyer, Président de la Banque de France, puis par Yves Mersch, membre du Conseil des Gouverneurs de la BCE, hier. « Les objectifs de la BCE sont en bonne partie atteints. Si la reprise économique européenne se confirme dans les tout prochains mois, la question d’une sortie progressive du quantitative easing aura du sens. N’oublions pas que plusieurs risques potentiels peuvent naître d’excès de liquidités, comme une distorsion importante des prix des actifs ou la création de bulles sur certaines catégories d’entre eux (les actifs fonciers et immobiliers allemands sont à surveiller de près). A l’image de la Fed, la BCE sera attentive à l’ajustement de son programme d’achats, tant en volume que sur sa durée, pour que celui-ci reste en adéquation avec l’environnement économique et financier » conclut Ronan Blanc.

http://www.quilvestgestion.fr/

 

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