Selon Western Asset, la très forte baisse des prix du pétrole observée au cours des six derniers mois ne devrait pas s’inverser dans un avenir proche. Cette situation indique une perte de contrôle de l’OPEP selon un panel d’experts s’exprimant dans le cadre d’un forum de conseillers sponsorisé par Legg Mason.
Lors du débat télévisé Wealth Track, animé par Consuelo Mack « Vaguelette ou Tsunami : quel sera l’impact du prix du pétrole sur les marchés financiers ? », les analystes de Western Asset ont débattu du changement structurel du marché de l’énergie et des perspectives futures.
Le consensus est le suivant : la baisse des prix du pétrole représente un « tsunami » - une évolution majeure et durable qui pourrait maintenir le prix du baril dans la zone des 50 à 60 $ pour les années à venir.
« En octobre dernier, en raison de la hausse de la production américaine, l’Arabie Saoudite ainsi que d’autres pays comme Oman, le Koweït et les Emirats Arabes Unis ont amorcé une baisse du prix du pétrole vendu à l’Asie afin de conserver leurs parts de marché. Lors de la réunion de l’OPEP, un mois plus tard, tout le monde s’attendait à ce que l’organisation utilise sa capacité naturelle à contrôler le marché pour ajuster le déséquilibre observé entre l’offre et la demande, mais rien n’a été fait. Cette absence de réaction a montré que l’OPEP avait perdu le contrôle du marché, et que l’effet cartel n’existait plus » explique l’analyste J. Gibson Cooper. « L’environnement a donc radicalement changé, ce qui a contraint les gérants à revoir leurs stratégies de gestion fondamentale ».
Pour Ryan Brist, Directeur de la Gestion Etats-Unis, la bonne nouvelle est que « rien ne presse en ce qui concerne les portefeuilles », un sentiment que partage J. Gibson Cooper. « En effet, nous attendons une légère hausse des défauts dans le secteur de l’énergie » ajoute Ryan Brist. « Nous ne pensons pas que 2015 sera une année particulièrement difficile pour les obligations high-yield du secteur de l’énergie. Puisque nous estimons que le prix du pétrole se stabilisera à ces niveaux encore quelques années, la question se pose plutôt pour 2016 ».
Pour l’heure, le marché de l’énergie reste attrayant selon J. Gibson Cooper. « Oui, les défauts vont progresser. Mais nous pensons que les niveaux de spreads et les cours actuels surcompensent le risque de défaut » précise-t-il.
Ryan Brist signale un risque potentiel de baisse sur le segment le mieux noté mais ajoute que d’autres opportunités existent. « Nous observons une forte disparité dans le secteur de l’énergie, notamment dans les marchés émergents comme la Russie et le Brésil, où l’on parle de fraude et d’intervention des gouvernements. Je serais donc prudent. Mais le marché du high-yield semble plutôt intéressant ; dans le cadre de la gestion d’un portefeuille, c’est sur ce segment que j’irais ».
J. Gibson Cooper ajoute qu’au regard de la taille très importante du marché de l’énergie high yield, il serait raisonnable de le diviser en trois parties. « Globalement Il y a trois grands secteurs : l’exploration et la production, les prestataires de services pétroliers et les infrastructures Ce segment des infrastructures reste une part importante de notre stratégie. Ces entreprises prennent quasiment toutes la forme d’une société en commandite (Master Limited Partnership) et il nous semble que ce sous-secteur de l’énergie résistera bien, quel que soit l’environnement de marché sur les matières premières ».
Dans le contexte actuel, l’équipe met l’accent sur la liquidité. « La question est de savoir si vous êtes capables de piloter votre activité pour résister à un environnement de prix faible sur les matières premières.» précise J. Gibson Cooper. « Notre hypothèse est que tout n’est pas rentable avec un pétrole à 50-60$ aux Etats-Unis, voire à l’échelle mondiale ».
Le risque d’une hausse des prix reste néanmoins un facteur important à prendre en compte. J. Gibson Cooper note qu’un cartel qui contrôle une production quotidienne de 30 millions de barils peut connaître une multitude de chocs. « Nous observons des tensions en Irak, nous avons eu des inquiétudes sur la Libye, et sur le Nigéria, où des élections importantes sont constamment repoussées sur fond de violences, ce qui a impacté la production ». Mais il précise « qu’au cours du dernier trimestre, tout est allé dans le sens de la production : les Etats-Unis vont bien, la production de l’OPEP a été soutenue et la volatilité est restée faible ».
Enfin, Ryan Brist note que dans l’environnement actuel, les risques d’une grande surprise sur les prix du pétrole sont limités. «Les analystes sont tout à fait capables de compter les barils côté production, mais la demande est difficile à évaluer » dit-il.Il ajoute néanmoins que dans les conditions actuelles « le scénario de base – soit un baril à 50-60$ - est de loin le plus probable ».
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