Un commentaire de Pierre Guillemin, Directeur de la gestion diversifiée et actions chez Swiss Life AM.
Le comité de politique monétaire de la banque centrale américaine, qui se conclut ce 28 janvier, revêt une importance particulière. Alors que l’environnement monétaire se caractérise par l’activisme des principales banques centrale - Banque nationale suisse, Banque du Canada et BCE ont toutes trois annoncé des mesures exceptionnelles ces derniers jours - la FED changera-t-elle de cap ?
Chaque communication de la Fed est susceptible de faire réagir vivement les marchés : le mouvement correctif du mois d’octobre dernier en est un exemple, puisqu’il a été essentiellement causé par quelques rumeurs autour d’une remontée précoce des taux. Cependant, selon Pierre Guillemin « le scénario d’un ‘tapering’ en douceur, très progressif dans le temps, reste aujourd'hui l’hypothèse la plus crédible, avec un premier relèvement des taux directeurs américains au 2ème semestre ».
Les initiatives récentes des autres banques centrales ne devraient pas remettre en cause ce calendrier. « La banque centrale américaine est attentive à ne pas reproduire la même stratégie qu’en 1994, qui avait fait plonger les marchés obligataires. Elle peut d’ailleurs s’appuyer sur des conditions de marché sensiblement différentes de l’époque, qui faciliteront le pilotage du resserrement monétaire sur une période assez longue » estime Pierre Guillemin.
En effet, la conjoncture actuelle offre un coussin de sécurité à la banque centrale américaine. Le prix des matières premières est un facteur déterminant. « En 1994, il existait une forte pression haussière sur les matières premières : gaz naturel, métaux industriels. Cette tension inflationniste avait poussé la Fed à agir prématurément, avec une vive remontée des taux qui avait surpris les marchés. Aujourd’hui, nous observons au contraire une conjonction de facteurs divergents, avec d’un côté une reprise économique assez soutenue aux Etats-Unis, favorisée par la baisse du chômage et le regain de la demande intérieure, de l’autre des cours des matières premières, dans l’ensemble, baissiers » complète Eric Bourguignon, Directeur de la Gestion taux et crédit.
Dans ce contexte, le niveau d’inflation reste contenu et la faiblesse des coûts énergétiques est bénéfique aux marges bénéficiaires des entreprises. « Cet environnement justifie une hausse modérée des taux directeurs. Les restrictions progressives des conditions de financement seront mieux absorbées par les entreprises, grâce à l’effet positif du prix des matières premières permettant de réduire les coûts de production industrielle » conclut Pierre Guillemin.