Le montant du second volet de TLTRO, l’opération de refinancement des banques proposée par la BCE, vient d’être dévoilé : 306 établissements européens ont sollicité l’institution, pour un volume global d’emprunt atteignant près de 130 Mds€.
Plutôt conforme aux attentes des observateurs, ce montant s’avère néanmoins décevant pour la BCE, qui affiche la volonté d’accroître significativement son bilan pour relancer l’économie.
Emmanuel Petit, Directeur de la Gestion Obligataire chez Rothschild & Cie Gestion, livre son analyse.
Alors que le consensus de marché tablait sur un montant médian de 150 Mds€ (et une plage allant de 90 à 250 Mds€), les banques européennes ont emprunté un total de 129,84 Mds€ à l’occasion de la deuxième opération de TLTRO. Cette annonce ne devrait pas susciter de réaction particulière, à court terme, sur les marchés financiers. Pour Emmanuel Petit, « le montant publié ne donne aucune indication supplémentaire sur l’attitude de la BCE. Si le montant avait été très en deçà des attentes, les marchés auraient pu anticiper une accélération du calendrier monétaire, avec l’officialisation d’un quantitative easing dès la réunion du 22 janvier. Or, dans le cas présent, il faut s’en tenir aux perspectives déjà établies, c’est-à-dire l’horizon du premier trimestre 2015, sans plus de précision ».
En revanche, l’enthousiasme modéré des banques pour emprunter prouve que la BCE aura du mal à augmenter son bilan avec ce type d’opérations, comme elle entend le faire. Les 82,6 Mds€ empruntés lors de la précédente opération, en septembre dernier, et ces 129,84 Mds€ supplémentaires, restent insuffisants pour gonfler le bilan de la banque centrale, d’autant qu’environ 280 Mds€ de prêts hérités des LTRO de 2011 et 2012, seront intégralement remboursés dans les prochains mois. « Nous constatons que la plupart des banques n’ont pas nécessairement de besoins supplémentaires de liquidités. Les contraintes réglementaires leur imposent des efforts considérables pour rétablir leurs fonds propres, ce qu’elles sont parvenues à faire. L’expansion du bilan de la BCE ne pourra donc pas se réaliser uniquement via le secteur bancaire qui, traditionnellement, sert pourtant de courroie de transmission à l’économie réelle. Cela rend la probabilité d’un quantitative easing très importante» ajoute Emmanuel Petit.
Plus globalement, les conditions économiques de la zone euro devraient s’améliorer légèrement en 2015. Même s’il est encore difficile d’évaluer l’impact de la politique monétaire sur l’économie réelle, plusieurs facteurs sont de nature à revigorer la compétitivité des entreprises. Les conditions de financement vont rester très favorables, les prix de l’énergie sont avantageux et l’euro s’est significativement déprécié face au dollar. « Le consensus de marché a un regard relativement pessimiste sur l’année 2015, pourtant ces facteurs devraient encourager l’activité des entreprises européennes » conclut-il.
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