Pour Russell Investments France, "Les actions devraient résister aux craintes liées aux tensions géopolitiques, au resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis et aux pressions déflationnistes mondiales. Mais le risque de chocs de marché est désormais plus élevé."
Confrontés au 3ème « bull market » le plus long de ces cinquante dernières années, une hausse qui se caractérise par des valorisations de plus en plus volatiles et tendues, les stratégistes de Russell précisent les raisons pour lesquelles le point d’inflexion ne leur semble pas imminent.
Ils maintiennent une préférence modérée pour les actions par rapport aux marchés de taux, de l’intérêt pour le crédit et un biais négatif sur les taux longs. « Le « bull market » actions arrive à un âge avancé et commence à montrer des signes d’imprévisibilité et d’irrationalité », explique Alain Zeitouni, Directeur de la gestion multi actifs de Russell Investments France. « Nos modèles et nos processus n’annoncent pas la fin immédiate de cet épisode de hausse, mais nous anticipons une remontée de la volatilité avec l’imminence d’un premier resserrement par la Fed ».
Ce biais en faveur des actions s’explique par la nature modérée de la croissance économique, la faible pression inflationniste et un rythme de progression des résultats des entreprises à un seul chiffre. Russell Investments met en avant une sélection de facteurs de risque d’ordre géopolitique et économique capables de provoquer un repli du marché.
« Plus spécifiquement, les tensions dans la mer de Chine méridionale, le conflit entre la Russie et l’Ukraine, la montée en puissance de l’Etat Islamique requièrent une vigilance particulière. La stagnation économique et le resserrement de la politique monétaire de la Réserve Fédérale peuvent également être des causes potentielles d’un retournement de marché, » ajoute Alain Zeitouni. Mais au final, l’équipe conclut que les marchés actions devraient pouvoir surmonter ces difficultés.
La légère préférence des stratégistes de Russell Investments pour les actifs risqués repose essentiellement sur l’anticipation d’une poursuite de la croissance économique. Sur la base de leurs modèles prévisionnels, les stratégistes prévoient en 2015 une croissance réelle du Produit Intérieur Brut (PIB) de 2,9% aux Etats-Unis, et de 1 à 1,5% dans la zone euro.
Ils anticipent par ailleurs une stabilisation de la croissance économique chinoise à des niveaux de 7 à 7,5% début 2015, une progression régulière du PIB japonais. L’anticipation concernant le premier resserrement de la FED, est à mi-2015.
- Valorisation : stagnation des valorisations aux Etats-Unis, en Europe Continentale et au Japon
Les stratégistes reconnaissent que les valorisations ont été cohérentes au cours des derniers trimestres. Les actions américaines restent les plus chères, affichant un prix sur valeur comptable d’environ 2,7 x et un PER ajusté au cycle de plus de 20 x, tels que représentés par l’indice de grandes capitalisations américaines, le Russell 1000 ® au 30 septembre 2014. Ils estiment que les marchés d’Europe continentale sont à des niveaux attractifs et que le rendement versé sous forme de dividendes par les entreprises de la zone, soit environ 3%, est attrayant. Du point de vue de la valorisation, le Japon est le pays le plus intéressant parmi les marchés développés. Les actions des pays émergents restent survalorisées, notamment par rapport aux pays développés.
- Cycle économique : les marchés développés affichent des indicateurs cycliques positifs, mais le Japon est à risque
Les marchés américains et britanniques s’inscrivent sur des tendances haussières robustes, bien que légèrement impactées par les risques de resserrement monétaire en 2015. A l’autre extrême, les données économiques publiées par la zone euro sont faibles et la croissance de la région est en perte de momentum. Mais un nouvel allègement de l’austérité budgétaire, ainsi que le programme de Mario Draghi, président de la BCE, visant à accroître le bilan de la BCE à hauteur d’1 trillion d’€, devraient permettre de contenir ces tendances négatives.
Concernant le cycle des marchés émergents, les stratégistes de Russell estiment que la chute des prix des matières premières, la révision à la baisse des résultats des entreprises, le ralentissement du momentum de croissance et le renforcement du dollar sont de réelles sources d’inquiétudes. Si de nouveaux plans de relance et d’assouplissement monétaire en Chine et en Corée pourraient améliorer les perspectives des pays émergents en Asie, ils considèrent néanmoins que de grandes incertitudes règnent sur les marchés émergents en Amérique Latine, en Europe et au Moyen-Orient.
Mises à jour des perspectives sur les marchés régionaux
- Zone euro : les actions de l’Europe continentale et du Royaume-Uni, en tête du classement des stratégistes, font l’objet d’une légère surpondération. Grâce à la victoire des forces « reflationnistes » sur les pressions déflationnistes - largement le fait de la politique monétaire, la zone euro a enfin pu éviter le piège de la dette.
- Amérique du Nord : dans un environnement de hausse des taux, les actions, bien que chères, restent attrayantes par rapport aux obligations. De manière générale, une hausse de la volatilité sur les marchés actions est attendue - notamment en raison de l’incertitude autour de la politique de la Fed.
- Zone Asie-Pacifique : la croissance économique soutenue qui est attendue devrait permettre de résister aux vents contraires qui soufflent de plus en plus fort : problèmes sur le crédit en Chine, resserrement budgétaire au Japon et baisse des prix des matières premières en Australie et en Nouvelle Zélande.
- Marchés émergents : ils conservent leur score neutre. Si les perspectives s’éclaircissent, ou si la demande mondiale à l’export se renforce, les marchés sous-valorisés pourraient rebondir. Mais l’équipe reconnaît également que plusieurs facteurs cycliques, comme le repli des prix des matières premières et l’appréciation du dollar américain, pourraient exercer une pression à la baisse sur ces marchés.
- Le crédit : les stratégistes restent d’avis que le crédit est cher, avec des spreads sur le high-yield et sur l’Investment Grade inférieurs aux moyennes de long-terme. Mais les perspectives d’une croissance économique modérée, d’une faible inflation et d’un faible taux de défaut encouragent à rester positionné sur la classe d’actifs. Les stratégistes privilégient les produits à spreads par rapport à une exposition pure aux bons du trésor et sont légèrement sous-pondérés sur la duration.
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