Volatile, c’est ainsi que l’on pourrait qualifier le parcours du bitcoin vers une acceptation croissante depuis sa création en 2009, son prix ayant déjà fluctué entre USD 0.30 et 1135 durant sa courte existence. Mais le bitcoin est aujourd’hui accepté comme mode de paiement par un nombre toujours croissant de commerçants traditionnels et de plus en plus légitimé auprès des gouvernements, comme celui des Etats-Unis, qui a vendu aux enchères 30,000 bitcoins au mois de Juin.
Dans cette interview, Arturo Bris, expert en finance analyse les risques liés au bitcoin.
Le bitcoin, une bulle spéculative ?
Arturo Bris : C’est l’un des risques majeurs avec le bitcoin. Simplement parce que son approvisionnement est limité. Contrairement aux devises ordinaires, les banques centrales ne peuvent pas émettre de bitcoins supplémentaires en cas de demande excessive du marché. Je l’appellerais une « bulle rationnelle », semblable à ce que l’on peut voir dans les marchés de l’immobilier, car la hausse des prix n’est pas causée par le comportement irrationnel des traders.
Je soupçonne le bitcoin d’être l’instrument type qui fait qu’à un moment donné des petits investisseurs non protégés se feront avoir et finiront par porter le coût d’un système de type Ponzi. Cela pourrait arriver si la liquidité actuelle sur le marché du bitcoin disparaît. Les grandes institutions ne viendraient certainement pas à la rescousse. Les banques ne spéculent pas sur les devises, en particulier maintenant qu’elles sont fortement régulées. Et elles n’entreront que sur le marché du bitcoin une fois qu’il sera légitimé par les banques centrales et les régulateurs, ce qui n’est pas prêt d’arriver.
Pensez-vous que le bitcoin représente une menace pour l’économie ou les devises traditionnelles ?
Arturo Bris : Une économie peut s’adapter naturellement à une nouvelle devise. Nous l’avons vu en 2001 avec l’euro. Tout comme c’est le cas avec les devises traditionnelles, le bitcoin – s’il réussit à s’imposer – nuira surtout à celles qui sont plus faibles. Je ne pense pas qu’il viendra ébranler la position dominante du dollar, de l’euro ou du yen.
Le bitcoin est-il la devise idéale pour la poursuite d’activités illégales ?
Arturo Bris : Au contraire. N’importe quelle personne en possession ne serait-ce que d’un seul bitcoin peut être traquée à travers un système central et toute transaction est automatiquement enregistrée. Ce n’est pas le cas avec de l’argent traditionnel.
Comment expliquez-vous que le bitcoin ait réussi à accroître sa popularité et son acceptation ?
Arturo Bris : Les consommateurs ne font pas confiance aux marchés financiers. Il était donc nécessaire de trouver des solutions innovantes pour répondre à leurs besoins financiers.
Arturo Bris est professeur de finance à l’IMD et directeur du Centre de la compétitivité mondiale. Le 2 Octobre se tiendra à l’IMD un événement intitulé « Bitcoin : Boom or Bust ? » un débat entre Arturo Bris et Roger Ver, le millionnaire controversé surnommé aussi « Bitcoin Jesus ». Inscriptions : http://fr.amiando.com/Bitcoin.html?TEA2=true
Comprendre l'économie durable pour s'y investir