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La glace, aujourd'hui encore intacte, peut se briser demain

Billet mensuel du Docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande.

De retour d'un voyage au cœur des paysages de glace en Arctique et inspiré par les expéditions historiques au Pôle nord, on est amené à penser davantage à la fragilité et aux fissures de la glace. La glace, qui aujourd'hui semble encore intacte, peut se briser demain. De nombreuses fissures sont visibles dans le monde d'aujourd'hui, et pourtant notre comportement reste bien confiant.
Nous ne prenons pas au sérieux les grands risques géopolitiques. La guerre civile en Syrie a disparu des informations. L'avancée sunnite en Irak ne nous touche pas. L'annexion de la Crimée est actée. Le conflit russo-occidental affecte la bourse russe, mais pas notre sentiment de sécurité. Les conflits de la Chine avec ses voisins du Pacifique ne sont pas compris. Les États d'Amérique du Sud au bord de la faillite ne nous intéressent pas. Le monde n'est pas sûr.

Les risques économiques demeurent, et ils sont plus importants que les risques politiques. Au Portugal, un pays en difficultés, une banque fait faillite. En Bulgarie, la plus grande banque ferme. En Autriche, une grande banque comptabilise de très importantes dépréciations. La Bayerische Landesbank déprécie une participation bancaire en Hongrie. De grandes banques britanniques, françaises et allemandes se voient imposer d'énormes pénalités. Et l'endettement public qui ne cesse d'augmenter. Ni la crise de l'euro, ni la crise bancaire ne sont surmontées.
Comme dans un dessin animé, la bourse actions, le « roadrunner » court toujours plus vite alors que la glace en dessous se brise. Nous croyons cependant que cette course durera encore longtemps. La bourse est très fortement tirée par les taux bas (on le voit bien avec le nombre d’opérations d'acquisitions-fusions qui est actuellement en nette progression).

Il n'existe que peu de bulles financières dans le monde à l'heure actuelle. On observe manifestement une bulle sur les start-ups technologiques aux États-Unis. Tous les fusibles disjonctent dès que l'on parle de « start-ups de la Silicon Valley ». 50 M$ US, c'est le montant normal du financement d'une start-up (« 50 million is the new single-digit-financing »). Une pennystock américaine, dont le chiffre d'affaires était nul, a même été valorisée à 4 milliards avant de s'effondrer à nouveau.
On observe une autre bulle gigantesque au niveau des emprunts d'État. Les emprunts d'État japonais ou de l'Europe du Sud ne peuvent en aucun cas justifier les faibles primes de risque. Dans un monde normal, les intérêts pour la Grèce, l'Italie ou la France seraient beaucoup plus élevés. Soyons réalistes : de nombreux États ne peuvent pas rembourser leurs dettes, et cela signifie que les régimes de retraite, les assurances et les banques sont « au bout du rouleau ».

Hormis ces phénomènes, la circonspection règne sur les marchés. L'immobilier, le foncier, les forêts, et en particulier les actions sont certes devenus chers, mais ils ne sont pas excessivement chers, et puis l'humeur du marché n'est pas à boire le champagne, mais à la grande prudence. S’agissant des acquisitions d'entreprise, une grande vague d'acquisitions vient juste de commencer à déferler avec des valorisations élevées, mais encore justifiées. Tant qu'une « exubérance irrationnelle » ne règne pas en maîtresse, nous sommes relativement sûrs de ne pas tomber de haut.

Alors que les crises politiques peuvent nous laisser froids, c'est la crise des emprunts d'État qui nous préoccupe à long terme. Les bulles pouvant se constituer sur de nombreuses années et décennies, nous avons donc encore beaucoup de temps avant que le premier grand État industriel ne tombe à genoux. Nous nous efforçons de protéger nos clients en investissant aussi peu que possible dans des emprunts d'État.  

http://www.acatis.de/fr

 

 Comprendre l'économie durable pour s'y investir

 

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