Par Judith Danan, Head of Sales Trading de CMC Markets France
A l’occasion de la réunion mensuelle de la BCE, Mario Draghi a pris acte de la décélération de la reprise économique européenne. Un scénario qui milite de plus en plus en faveur d’un « quantitative easing » à l’européenne.
Pas de nouvelle mesure monétaire, mais un diagnostic de l’environnement économique explicite. C’est ce qu’il faut retenir de la réunion mensuelle de la BCE. Sans surprise, la banque centrale n’a rien annoncé de nouveau sur le front de sa politique monétaire, qui reste inchangée depuis le paquet de mesures annoncé en juin dernier. Dans la continuité de ses communications précédentes, Mario Draghi a expliqué que les taux directeurs resteraient « au niveau actuel de 0,15% pendant une période prolongée ».
Pour autant, dans son analyse de la situation économique européenne, le gouverneur de la BCE a tiré quelques constats qui appellent à davantage d’activisme monétaire dans les tout prochains mois. Le ralentissement de la dynamique de reprise est avéré, avec des situations très inégales (en témoigne le retour en récession de l’Italie, pour la troisième fois en sept ans) et une inflation très faible. Celle-ci restera sous pression d’ici la fin de l’année selon la banque centrale, avant une légère amélioration anticipée en 2015, puis 2016. La BCE continue officiellement « à se tenir prête à agir, si nécessaire » pour stimuler le marché du crédit et insuffler ainsi de la croissance. Cependant, il est réaliste de penser que la BCE n’aura pas d’autre alternative et lancera une opération ciblée d’achats d’actifs à partir de l’automne.
Toujours nerveux - l’indice CAC 40 ayant plongé ce matin sous les 4 130 points -, les marchés actions n’ont quasiment pas réagi au discours de Mario Draghi. Si la saison des résultats d’entreprises n’a pas été mauvaise, les fondamentaux microéconomiques ne suffisent pas à renouer avec la tendance boursière positive du début d’année. Il existe non seulement un faisceau de données économiques décevantes en zone euro (par exemple l’évolution de la production allemande moins bonne qu’attendu), mais surtout, la donne géopolitique déstabilise les investisseurs. Dans le cadre du conflit russo-ukrainien, les sanctions commerciales que s’infligent mutuellement l’Europe et la Russie (le Kremlin vient de décréter un embargo total sur les produits alimentaires occidentaux) ont encore une portée économique réelle toute relative. Mais la perception du risque d’escalade du conflit joue sur le climat des affaires et le moral des agents économiques. Cela se répercute sur les marchés boursiers, où les investisseurs préfèrent protéger leurs capitaux.
Dans ce contexte, le « Sentiment Clients » (baromètre du sentiment des clients de CMC Markets) affiche des tendances vendeuses sur le S&P 500 à 65%.
Les investisseurs sont massivement « acheteurs » sur les indices Cac 40 et Ibex 35 (à plus de 90%).
Sur le marché des commodities, les investisseurs restent à l’achat sur les barils de pétrole brut WTI et Brent (à plus de 80%).
Comprendre l'économie durable pour s'y investir