La BCE donnera d’ici quelques mois ses conclusions de l’examen de la qualité des actifs du secteur bancaire. Celles-ci pourraient déclencher une vague de consolidations parmi les banques européennes de taille moyenne.
Par Guy de Blonay, co-gérant du fonds JGF Global Financials chez Jupiter AM.
L’activité de M&A a dernièrement connu un rebond important partout dans le monde, d’une part à cause d’un regain d’appétit pour le risque et d’autre part du fait de l’amélioration des valorisations. Il s’agit aussi de sources d’opportunité pour les investisseurs ayant une vision stratégique et qui savent saisir les tendances.
Les investisseurs qui souhaitent tirer parti de cette reprise des M&A via les financières ont deux options :
- soit se tourner vers les banques qui facilitent ces opérations - les banques qui conseillent d’autres banques sur des fusions potentielles et qui se rémunèrent avec un pourcentage de l’opération, comme les banques d’investissement ou encore les boutiques telles que Lazard aux Etats-Unis et en Europe ou Mediobanca en Italie.
- soit adopter une approche plus opportuniste, en cherchant à investir dans les cibles qui pourraient se trouver soit dans le viseur de prédateurs soit faire l’objet d’une offre amicale. Cette seconde tactique requiert des nerfs solides et une connaissance profonds des dynamiques en cours dans le secteur financier.
Une histoire de taille
En prenant un peu de recul, il nous paraît clair que les plus grandes banques ne sont que peu concernées par l’activité de M&A : celles qui sont déjà considérées comme étant des institutions financières d’importance systémiques (institutions dont la faillite pourrait provoquer une crise financière) ne vont vraisemblablement pas chercher à grossir encore via une fusion ou une acquisition. Cependant si un investisseur est intéressé par des opérations à ce niveau-là, il devrait identifier les entreprises qui chercheront à faire des acquisitions très ciblées – comme des structures beaucoup plus petites mais à même de leur fournir une expertise.
Au sein de la zone Euro plus précisément, il nous semble que l’activité de M&A la plus intéressante se situe à une échelle bien plus petite. L’Italie, par exemple, est particulièrement riche en banques régionales, des petites et moyennes capitalisations mûres pour participer à la consolidation du secteur.
L’impact de la revue des actifs
Nous pensons qu’un des catalyseurs importants de cette consolidation sera la publication des résultats de la revue des actifs bancaires (AQR pour Asset Quality Review) attendus pour les mois de septembre ou octobre. Cet AQR ne représente qu’un des aspects de la vaste et profonde évaluation que la BCE conduit avant d’endosser formellement son rôle de Superviseur bancaire unique en novembre prochain. Cette évaluation implique une revue profonde des actifs des banques qui seront directement sous sa supervision, avec pour objectif d’améliorer la transparence sur les bilans des banques et in fine, restaurer la confiance dans les banques européennes.
C’est un point sur lequel Mario Draghi a insisté dans ses récents discours : la politique monétaire ne peut se transmettre efficacement qu’avec un système bancaire clair et transparent. Bien sûr les entreprises attendent d’avoir une meilleure vision des bilans des banques avant de prendre une décision, mais une fois les résultats publiés, nous pensons que les acteurs les plus importants seront en première position pour dénicher leurs contreparties les plus faibles, ce qui selon nous devrait aboutir à une vague de consolidations.
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