L’analyse de Jonathan Baltora, gérant du fonds AXA World Fund Universal Inflation Bonds.
« En zone euro, nous pensons qu’au cours des six à douze prochains mois, seule une dépréciation de la devise pourrait soutenir l’inflation. C’est pourquoi nous estimons qu’un repli de l’€uro de l’ordre de 15-20% serait en mesure de stimuler l’inflation de 0,5 à 0,75%.
Aux États-Unis, l’inflation est en train de rebondir à mesure que l’impact de la baisse des dépenses publiques de 2013 se dissipe. Les taux réels baissent et la courbe des taux s’aplatit depuis le début de l’année 2014, alors que la Réserve fédérale délaisse sa stratégie de « Contrôle Optimal » et laisse à présent entendre que son taux directeur final sera inférieur aux niveaux des cycles précédents.
Le ciblage de l’inflation effectué par les banques centrales a survécu à la crise. Dans ces conditions, un resserrement de la politique monétaire ne devrait pas être décidé sans une accélération préalable de l’inflation. Bien que les premières hausses de taux semblent figurer à l’ordre du jour de la Banque d’Angleterre pour 2014, le processus devrait être lent. En effet, compte tenu des niveaux excessifs d’endettement, un relèvement brutal des taux pourrait être dommageable à l’économie réelle.
Les obligations indexées à l’inflation américaines (TIPS) nous paraissent intéressantes car l’indice des prix à la consommation (IPC) semble progresser vers les 2,5% alors que la Réserve fédérale ferme les yeux sur cette accélération de l’inflation. Nous surpondérons les TIPS de maturités 1/5 ans.
Dans la zone euro, le marché anticipe une inflation inférieure à 1% pour les trois prochaines années, malgré l’engagement de la BCE à prendre des mesures audacieuses. Au sein de notre portefeuille, nous sommes surexposés sur les obligations indexées italiennes (BTP€i) et espagnoles (Bonos€I) avec une maturité comprise entre 0 et 10 ans ainsi que sur les stratégies de carry et de roll-down en raison de la politique accommodante de la BCE. Notre stratégie consiste à maximiser le rendement réel moyen des fonds et donc à procéder à des allocations sur des obligations de pays périphériques avec une maturité comprise entre 0 et 10 ans et sur des obligations indexées françaises de maturité supérieure à 10 ans.
L’indice des prix à la consommation mesuré par le RPI (Retail Price Index) au Royaume-Uni ne devrait atteindre 3% qu’à la fin de l’année 2014. Nous sommes sous-exposés au marché des obligations indexées britanniques, car nous pensons que l’appréciation de la livre sterling sur le marché des devises pourrait peser sur l’inflation.
La révolution du gaz de schiste aux États-Unis nécessite que les cours du pétrole brut (WTI) soient supérieurs à 80/85 $ USD le baril. Il ne s’agit pas d’une source de désinflation. Nous pensons que les nouvelles sources d’énergie, même si elles représentent une opportunité exceptionnelle pour l’économie américaine, sont plus chères à produire et à acheminer. Il est probable que les producteurs freineront leurs activités de forage en cas de repli des cours au niveau ou sous la barre des 80/85 $ dollars.
Les obligations indexées à l’inflation des pays émergents restent attractives car la dépréciation des devises locales en 2013 commence à alimenter l’inflation et, de plus, les taux d’intérêt réels demeurent élevés.
La performance des obligations indexées américaines est satisfaisante depuis le début de l’année grâce à la baisse des taux d'intérêt et à la hausse de l’inflation aux Etats-Unis ».
Comprendre l'économie durable pour s'y investir