Les marchés d’actions ont connu ces dernières semaines une agitation sans cesse croissante, affectant à la fois valeurs et secteurs, alors même que la volatilité globale restait contenue. Même si nous n’avons pas encore révisé notre position sur les marchés émergents dans leur ensemble, nous sommes plus optimistes (tout en restant prudents) sur certains pays comme Taiwan, la Corée et l’Inde.
Il est surprenant de voir l’émoi provoqué par l’annonce d’une hausse de la croissance anticipée du PIB américain, celle-ci relançant immédiatement le débat sur la date choisie par la Fed pour appliquer sa première hausse de taux ; comme de voir chaque signe de ralentissement faire craindre l’entrée dans une spirale déflationniste. Ces atermoiements nous semblent disproportionnés au regard des statistiques elles-mêmes et plutôt résulter de la réduction forte et structurelle de la liquidité sur les marchés, provoquée par le renforcement des contraintes imposées aux banques à travers le monde. Le système bancaire nous paraissant plus solide aujourd’hui, le principal danger que les marchés - et les économies - ont à redouter serait une forte amplitude du prix des différents actifs financiers.
Deux pays affichent des évolutions divergentes
L’économie de l’ancien Royaume-Uni montre des signes évidents d’amélioration depuis ces six derniers mois. La hausse des prix de l’immobilier a dopé le moral des ménages, ce qui explique cette plus forte hausse des ventes de détail depuis 2007. De ce fait, le marché table sur une hausse des taux de la Banque d’Angleterre. Pour notre part, nous nous attendons d’abord à ce que des mesures prudentielles soient prises afin de contrôler le marché des prêts immobiliers, ce qui pourrait contribuer à contenir la hausse pour quelques mois.
A l’autre bout du monde, la Chine montre de nouveaux signes de faiblesse. Le marché immobilier a nettement chuté. Le gouvernement qui a annoncé des mesures devant permettre d’endiguer le phénomène de « shadow banking » risque de renforcer les difficultés actuelles du secteur immobilier. Cela nécessitera la mise en place de mesures compensatoires afin de stimuler ce dernier. Néanmoins, à défaut d’une forte hausse du chômage, nous ne nous attendons pas à des changements significatifs.
Allocation d’actifs
Nous avons rétrogradé le cash et les obligations indexées, ces deux classes d’actifs nous semblant offrir actuellement très peu de potentiel. Nous n’avons effectué aucun autre changement. Nous donnons toujours notre préférence aux actions japonaises. Même si nous n’avons pas encore révisé notre position sur les marchés émergents dans leur ensemble, nous sommes plus optimistes - tout en restant prudents - sur certains pays comme Taiwan, la Corée et l’Inde.
Sur le plan sectoriel, nous avons rétrogradé le secteur des biens durables après son très bon parcours ces dernières années et révisé à la hausse les services publics, désormais neutres. Nous surpondérons la santé.
Sur les taux, nous privilégions toujours les obligations à haut rendement car nous pensons que la prime de risque devrait encore baisser par rapport aux bons du trésor américains. Nous rehaussons les obligations émergentes en devises locales compte tenu de dividendes élevés et rétrogradons les obligations allemandes, qui nous paraissent très chères tant en termes absolus que relatifs.
Percival Stanion, Head of Global Multi Asset Group
Comprendre l'économie durable pour s'y investir