L’analyse deChristopher Dembik, Analyste Financier chez Saxo Banque
Après la croissance nulle du premier trimestre, les nouveaux indicateurs macroéconomiques confirment le net décrochage de la France, au niveau mondial mais aussi au sein de l’Union monétaire.
Les PMI ont rechuté en phase de contraction tandis que l’indice du climat des affaires en mai est ressorti stable à 94 points, soit 6 points en-dessous de sa moyenne de long terme. Tout cela conforte l’idée qu’il n’y aura certainement pas d’accélération de la croissance au deuxième trimestre.
L’objectif officiel du gouvernement d’une hausse du PIB de l’ordre de 1% cette année ne sera vraisemblablement atteint que grâce aux effets d’une accélération de l’activité au niveau mondial, celle-ci étant attendue à 3,5%.
La séquence du pacte de responsabilité, qui a pu un temps rassuré les chefs d’entreprise, semble désormais terminée. Tous les moteurs de la croissance sont en panne, en particulier la consommation des ménages qui est pourtant habituellement très résiliente.
Le geste fiscal du gouvernement envers les ménages les moins favorisés risque d’avoir un effet marginal pour relancer la consommation car la crédibilité de la parole politique est entamée. Craignant des hausses d’impôt à venir, les ménages concernés par cette mesure vont plutôt épargner que consommer. L’économie française entre progressivement en territoire inconnu, avec une difficulté perceptible des pouvoirs publics à relancer l’activité et à restaurer la confiance des agents économiques.
L’erreur originelle de l’actuelle majorité fut de croire, à tort, que le phénomène économique à l’œuvre était avant tout cyclique alors que le pays fait face à la plus grave crise depuis l’après-guerre et entre progressivement dans une phase de stagnation.
La seule mesure réellement susceptible d’avoir un impact de moyen terme sur la croissance, à savoir le pacte de responsabilité, tarde à être mise en application, retardant d’autant l’effet vertueux sur les indicateurs macroéconomiques.
On notera que le pacte de responsabilité est bien-sûr insuffisant en termes de réformes, de nombreux chantiers doivent être abordés, comme la politique du logement, la carte hospitalière, le régime des retraites et de l’assurance chômage, pour envisager de renouer avec une croissance créatrice d’emplois et qui puisse permettre au gouvernement d’atteindre ses objectifs de baisse du chômage.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir