Tribune de Xavier de Laforcade, Directeur de la gestion financière, Rothschild Patrimoine
Si l’arbitrage du fonds euro pour un avantage purement fiscal n’a plus lieu d’être depuis le 29 décembre dernier (lire encadré ci-dessous*), il peut s’avérer pertinent d’en arbitrer au moins une partie, dans un but de diversification des actifs et d’optimisation du rendement.
Le premier élément à considérer : l’érosion du rendement du fonds euro sans perspective de reprise rapide à la hausse…
La baisse de la rémunération du fonds euro invite à réfléchir à des solutions alternatives qui ont un potentiel de rendement supérieur sur un horizon de temps d’au moins 4 ans, avec une préoccupation renforcée sur les aspects de préservation du capital et de maîtrise de la volatilité.
Les différentes solutions à envisager sont articulées essentiellement autour d’investissements obligataires (notamment sur les maturités intermédiaires), de produits structurés, et d’approches de gestion diversifiée « prudente ».
En termes de couple rendement/risque, il est pertinent, pour les investisseurs, de combiner ces différentes solutions. S’il est ainsi possible de construire une allocation comparable à celle du fonds euro et avec un profil de risque assez proche, il est néanmoins important de rappeler qu’il n’existe pas d’équivalent pur au fonds euro concernant la sécurité du capital et la « garantie » de rendement.
Les investisseurs doivent être particulièrement attentifs aux risques propres des instruments financiers proposés, et notamment leur compatibilité avec les objectifs d’investissement, l’horizon de placement et la sensibilité au risque.
Gestion obligataire, produits structurés et gestion diversifiée prudente…Dans cette optique, différents investissements peuvent être envisagés
Tout d’abord, la gestion obligataire : l’objectif est de capter les primes de risque qui apparaissent encore relativement attractives sur certains segments obligataires, tout en limitant le risque lié à la hausse des taux. Dans l’environnement actuel, les obligations d’entreprises sont privilégiées aux obligations souveraines.
Une première approche consiste à sélectionner un panier de titres obligataires en direct dans une optique de portage jusqu’à leur maturité. Les obligations détachent des coupons sur une base régulière ; il s’agit de rester vigilant quant au risque de signature. Cette stratégie peut également être mise en place au travers de fonds obligataires à échéance.
Une autre approche est d’investir au travers de fonds « short duration » dont le positionnement nous semble adapté à l’environnement de taux actuel :
- ces fonds privilégient les maturités courtes à intermédiaires et sont de fait moins sensibles au risque de taux
- ils sont gérés dans une optique de portage
- certains fonds offrent une gestion active de la sensibilité afin de tirer parti des mouvements de marché (la hausse des taux ne devrait pas être linéaire).
Parmi les fonds « short duration », nous intégrons pleinement des investissements sur les obligations « high yield » dont le rendement apparaît encore relativement attractif.
Ensuite, les produits structurés : en cas de hausse de la volatilité des marchés, le recours à des émissions de produits structurés peut, en effet, s’avérer une solution attractive afin de générer des rendements conditionnels relativement intéressants.
Enfin, une gestion diversifiée « prudente » par le biais d’une large sélection de fonds diversifiés autour de trois thématiques principales :
- gestion obligataire : l’ensemble des segments obligataires et stratégies de gestion peuvent être exploités
- gestion alternative : il s’agit de privilégier les fonds offrant une dé-corrélation par rapport aux classes d’actifs traditionnelles, avec une volatilité limitée et un objectif de performance absolue
- gestion diversifiée : aux actifs « core » obligataires s’ajoute une part investie de manière limitée sur les marchés actions ou sur d’autres supports d’investissement « diversifiants ».
En privilégiant différents moteurs de performances, l’objectif reste d’atteindre un niveau de performance supérieur à celui du fonds euro avec un niveau de volatilité maîtrisée !
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*Point sur les décisions du Conseil constitutionnel du 29 décembre 2013
Pour rappel, le Conseil constitutionnel a rendu, le 29 décembre dernier, deux décisions relatives aux Loi de finances pour 2014 et Loi de finances rectificative pour 2013. La position du Conseil sur la modification du calcul du plafonnement de l’ISF, prévoyant l’inclusion des produits inscrits annuellement en compte au titre du fonds en euro des contrats d’assurance vie et de capitalisation en tant que « revenus », était fort attendue.
Pour le Conseil constitutionnel, les produits du fonds euro sont des « revenus latents » en raison des aléas qui affectent ces produits jusqu’au dénouement du contrat d’assurance vie. Ils ne correspondent donc pas à des bénéfices ou revenus que le contribuable a réalisés ou dont il a disposé. Cette décision met un terme aux interrogations relatives à la définition du périmètre des « revenus » de l’assurance vie à prendre en compte pour le calcul du plafonnement de l’ISF.
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