L’équipe de stratégistes de Russell Investments a mis à jour les Perspectives Mondiales 2012 du groupe et ajusté certaines de ses prévisions concernant le marché américain.
« Au moment de la publication des Perspectives Economiques Mondiales 2012 en décembre dernier, nous avions anticipé un marché qui continuerait d’évoluer en cycles successifs d’optimisme et de pessimisme, sur fond d’une reprise lente et laborieuse aux Etats-Unis, d’un ralentissement en Chine et de nouveaux épisodes de crise en Europe », rappelle Pete Gunning, Directeur mondial des investissements de Russell.
En décembre dernier, les prévisions développées dans les Perspectives Mondiales 2012 se résumaient ainsi :
- Les marchés resteront volatils, tiraillés continuellement entre les risques baissiers faisant la une des journaux financiers et les nouvelles rassurantes provenant des entreprises.
- La croissance modérée des résultats des entreprises permettra au marché des actions internationales de générer des performances à un chiffre pour l’année 2012.
- Aux Etats-Unis, la reprise en “racine carrée” se poursuivra, la croissance annuelle du PIB brut s’établissant à 2,5%.
- L’Europe continuera à alimenter l’actualité financière. Les décideurs politiques interviendront pour prévenir l’effondrement du système financier, mais une récession semble inévitable en Europe.
- L’économie chinoise ralentira, mais évitera un atterrissage brutal.
- Les indices U.S. large-cap Russell 1000® et S&P 500® afficheront tous deux des gains de 10% pour 2012, tandis que le taux à 10 ans américain atteindra 2,6%.
Jusqu’à présent, ces prévisions se sont avérées justes en 2012. Par exemple, la volatilité observée sur le marché américain a été élevée, le S&P fluctuant entre 1280 et 1420. Mais tout ne se passe pas exactement comme prévu - l’équipe de stratégie financière de Russell a donc révisé ses principales attentes pour 2012 en y apportant les modifications suivantes :
- Avec une économie et un taux de chômage légèrement moins bons que prévus en milieu d’année, l’équipe prévoit désormais une croissance du PIB réel de 2,1% pour l’année 2012 aux Etats-Unis.
- L’équipe a revu à la hausse ses prévisions pour les indices Russell 1000 et S&P 500, à 760 et 1375 respectivement en fin d’année 2012, ce qui équivaut à une performance annuelle de 9%, ou légèrement
- supérieure à 11% en incluant les dividendes. Cet ajustement reflète des résultats meilleurs qu’attendus du côté des entreprises, et ce malgré une croissance économique moins solide que prévue.
- L’équipe a également réduit ses anticipations sur le taux à 10 ans américain qui devrait ainsi terminer l’année à un niveau de 1,8%.
Malgré la dégradation des perspectives de croissance aux Etats-Unis, l’équipe de stratégistes ne croit pas à un scénario de récession et prévoit une croissance du PIB brut de l’ordre de 1,75 à 2,5% pour la fin de 2012 et 2013. Mais ils pensent néanmoins que ce rythme de croissance ne permette pas de réduire significativement le taux de chômage et anticipent donc une intervention de la Fed au travers d’une nouvelle série de mesures d’assouplissement quantitatives (QE3) pour le 4ème trimestre 2012 ou le 1er trimestre 2013.
En excluant l’Europe, les stratégistes de Russell estiment que le principal risque à la baisse pour l’économie américaine est le « gouffre budgétaire » (fiscal cliff) de début 2013 : la fin des avantages fiscaux et baisses d’impôts temporaires, associée à la mise en place effective des coupes budgétaires. Si le scénario central privilégié par l’équipe prévoit un accord permettant de limiter les restrictions budgétaires à environ 1,5% du PIB, l’incertitude autour de cet accord risque néanmoins de déstabiliser à la fois les marchés actions, l’activité des entreprises et la confiance des consommateurs.
Les incertitudes persistent en Europe, la Chine devrait atterrir “en douceur”
Les stratégistes de Russell continuent de voir en l’Europe une source principale d’incertitude pour les investisseurs ; ils partent du principe que les dirigeants européens feront le minimum nécessaire pour éviter une dislocation du système financier. Ils projettent qu’une solution durable ne peut se faire sans un réel engagement des dirigeants politiques européens vers une assurance des dépôts transnationale et vers une forme limitée d’union fiscale. Tout en acceptant que ces avancées ne soient pas immédiates, l’équipe considère que la réactivité des dirigeants politiques en Europe maintiendra les marchés bloqués dans un cycle « risk-on / risk off ».
Le scénario d’un atterrissage en douceur en Chine continue de faire l’unanimité chez les analystes internationaux de Russell. Si la dégradation des chiffres macroéconomiques au 3ème trimestre est source d’inquiétude, les mesures de stimulus économique d’ores et déjà mises en oeuvre devraient permettre de stabiliser la croissance d’ici la fin de l’année. Le consensus continue d’anticiper une croissance du PIB chinois de l’ordre de 8% ; or, si les analystes de Russell estiment que ces prévisions pourraient encore être revues à la baisse, le risque de voir une croissance inférieure à 7% pour 2012 semble néanmoins écarté.
Marchés américains : les plus hauts atteints au mois d’août seront difficiles à retrouver d’ici la fin de l’année
Les nouvelles prévisions de cours de l’équipe de stratégistes de Russell pour le Russell 1000 et le S&P 500 sont légèrement inférieurs aux niveaux atteints début août, indiquant l’existence de risques à la baisse d’ici la fin de l’année. Selon les stratégistes de Russell, trois facteurs peuvent en effet provoquer une faible correction après les pics atteints en août :
- Les différents modèles de valorisation de Russell signalent que les actions américaines sont aujourd’hui pleinement valorisées. Certains indiquent même une légère survalorisation.
- La faiblesse de la croissance économique américaine risque de mettre les bénéfices des entreprises sous une pression accrue. Russell estime que la croissance des résultats s’alignera à terme avec le rythme de la croissance économique et que cet ajustement risque d’être plus brutal que prévu
- Le marché américain traverse actuellement une nouvelle phase de prise de risques, alors que les marchés saluent les annonces du Président de la BCE, Mario Draghi qui « fera tout ce qu’il faut ». Mais une des grandes leçons de 2012 a été la nécessité de se méfier de ce marché lunatique qui oscille successivement entre pessimisme et optimisme.
Du côté du taux à 10 ans américain, les stratégistes sont d’avis que son repli depuis début 2012 s’explique par des chiffres de croissance en berne, le faible niveau d’inflation anticipé et l’attrait des investissements peu risqués. L’équipe prévoit désormais une légère hausse des taux d’ici la fin de l’année. Selon eux, une vente massive est peu probable tant que les marchés continuent d’anticiper des taux directeurs proches de zéro pour une période encore significative.
« Lorsque nous avons publié nos Perspectives 2012, le message clé était que chaque point de base allait compter dans un contexte de faibles rendements » rappelle Gunning. « Lorsque chaque point de performance est durement gagné, les investisseurs doivent être attentifs à tous les facteurs liés à la gestion de leur portefeuille. Nos portefeuilles multi-classes d’actifs ont bénéficié d’une diversification élargie à des classes d’actifs alternatives, notamment grâce des ajustements d’allocation dynamiques selon les conditions de marché, ainsi que de notre recherche d’efficacité en matière d’implémentation de portefeuille et de courtage »
Gunning ajoute que jusqu’à présent, l’année 2012 s’est déroulée conformément à ses attentes. Mais l’année peut encore réserver des surprises, bonnes comme mauvaises. Chaque détail requiert une vigilance extrême.
« Générer de la performance dans cet environnement de marché requiert une approche active, globale et multi-stratégie. Aujourd’hui, la sélection de gérants capables de surperformer dans chaque secteur et chaque zone géographique compte plus que jamais » précise Gunning.
« L’accès aux classes d’actifs dites non traditionnelles via la gestion alternative peut également se révéler être une stratégie gagnante permettant de dynamiser la performance d’un portefeuille. Alors que la volatilité croît et que les rendements baissent, nous estimons qu’une gestion dynamique, saisissant les opportunités d’investissement quand elles se présentent, deviendra progressivement la norme pour les investisseurs les plus efficaces ».