Entretien avec Marc Romano, Directeur général de Rothschild HDF Investment Solutions
Ce dernier, qui a pris la direction générale de la filiale de Rothschild & Cie Gestion dédiée aux solutions d’investissement en septembre 2012, s’est attaché à bâtir avec ses équipes, une offre de solutions d’investissement, en phase avec les nouvelles tendances du marché de la gestion d’actifs.
Quelles sont les grandes tendances qui ont présidé à l’élaboration de nouvelles offres au sein de Rothschild HDF Investment Solutions ?
Notre constat est que l’industrie de la gestion d’actifs vit un changement de paradigme. Le « marketing de l’offre », qui a dominé l’industrie pour favoriser la création et la promotion de produits financiers « clés en main » a vécu. Désormais il est indispensable de placer les attentes et les besoins de ses clients au centre de son offre. Nous devons comprendre ces besoins, qui sont de plusieurs ordres : adéquation avec son passif, problématique d’allocation, de rapport rendement-risque, de reporting, d’éligibilité du véhicule d’investissement, au regard de contraintes réglementaires et de passif… Ces différents aspects permettent de définir un cahier des charges, puis de proposer des solutions d’investissement sur-mesure.
Comment dans ce cadre doit se décliner ce service ?
Il s’articule autour de trois piliers. Tout d’abord une première phase est dédiée à l’analyse et l’intégration de l’ensemble des contraintes de l’investisseur, afin de définir l’assemblage, l’ingénierie. Puis la stratégie de gestion est mise en place et les gérants sélectionnés, puisque nous intervenons en architecture ouverture. Enfin, le « packaging », le véhicule d’investissement (mandat, fonds dédié, fonds ouvert de droit français ou étranger), est choisi, et il est accompagné par l’élaboration d’un reporting type (Solvabilité II pour les assureurs, fiscal pour les clients privés, par exemple). La palette des outils doit donc être très large, afin de ne pas appliquer des solutions toutes faites.
Quelles sont en conséquence les expertises qui doivent être mises à la disposition des investisseurs ?
Nous disposions déjà depuis longtemps des compétences fondamentales : la sélection de gérants, la gestion de portefeuille avec risque maîtrisé, le packaging et l’ingénierie financière. Nous pratiquons, depuis 1989, l’allocation en architecture ouverte sur toutes les classes d’actifs, traditionnelles et alternatives, en nous appuyant aujourd’hui sur une équipe pluridisciplinaire de 24 professionnels. Nous changeons juste un peu la partition, en ajoutant quelques éléments pour s’adapter aux besoins : allocation d’actifs sous contraintes Solvabilité II, recours à une plate-forme de comptes gérés externe (Innocap) afin d’obtenir une transparence ligne à ligne sur des fonds alternatifs et offrir un reporting adapté, par exemple. C’est une évolution naturelle dans la mesure où plus de la moitié de nos encours sont composés de mandats dédiés, essentiellement pour le compte d’institutionnels.
Comment s’est concrétisée cette nouvelle formalisation de solutions d’investissement ?
Nous avons récemment remporté un mandat dédié en multigestion alternative auprès d’un institutionnel français, dont la gestion à risque maîtrisée prend en compte par anticipation les contraintes de Solvabilité II. Nous avons aussi créé une sicav de droit irlandais, InRIS UCITS PLC, gérée par Innocap IM Inc, dont la vocation est d’abriter des fonds UCITS mono-gérants, sur des stratégies jusqu’à maintenant inaccessibles sous ce format. Plus de 300 M$ ont été souscrits par des investisseurs, institutionnels et banques privées, français et étrangers, sur le premier compartiment, R Parus, déclinant la stratégie long-short equity historique du gérant alternatif britannique Parus. Nous renforçons d’ailleurs notre dispositif à l’international, en particulier à Londres, aux Etats-Unis et en Asie, afin de mieux nous déployer hors de nos frontières.
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