Les récents propos de Jens Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE et président de la Bundesbank, ont surpris les marchés. Pourtant fervent défenseur de l’orthodoxie monétaire, ce dernier a déclaré qu’il s’attendait à ce que la BCE engage désormais des mesures d’assouplissement quantitatif, à l’image du « quantitative easing » mené par la Réserve Fédérale américaine ces dernières années.
Pour Thibault Prébay, Directeur de la Gestion Taux chez Quilvest Gestion « jusqu’ici, la BCE est restée très consensuelle vis-à-vis des desiderata des dirigeants allemands, qui restaient très hostiles à toute forme d’expansionnisme monétaire non-conventionnel. Aujourd’hui, compte tenu du risque déflationniste sérieux auquel est exposée la zone euro, mais aussi du niveau très élevé de la monnaie unique, le discours est en train d’évoluer ».
Toutefois, ce dernier estime que le changement de ton des gouverneurs de la BCE a peu de chances de se transformer en actes. « Cela n’aura pas d’impact immédiat sur les marchés et sur l’économie réelle. Même si les marchés financiers restent attentifs aux annonces de la BCE, on s’aperçoit que ses décisions ont toujours été trop timides pour pouvoir produire un véritable déclic… et il est peu probable qu’elle franchisse immédiatement le pas d’un quantitative easing ‘à l’américaine’. Dans le meilleur des cas, la BCE va très probablement abaisser son taux directeur de 10 à 15 points de base ».
Enfin, toujours selon Thibault Prébay, « en zone euro, nous sommes dans une situation où les liquidités à faible coût sont volumineuses, mais trop peu redéployées dans l’économie. Cela contribue à expliquer les difficultés rencontrées par l’économie européenne dans son redémarrage. Le facteur devise joue aussi un rôle important. L’amplitude d’action de la BCE étant bien moindre que celle de la FED, la parité EUR/USD est essentiellement influencée par la politique monétaire américaine. Très peu par la politique monétaire européenne. Oscillant entre 1,36 et 1,39 dollars depuis le début de l’année, le niveau de la monnaie unique est handicapant. Il altère la compétitivité à l’international des entreprises européennes, un effet devise négatif qui pourrait se manifester dans les résultats du premier trimestre ».
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