Par Philippe Douillet, - Gérant d’Hixance Oblig 1-3 et d’Hixance Patrimoine.
Après deux années de performances exceptionnelles en 2012 et 2013, où se sont conjuguées baisse des taux et des spreads, dans un environnement de taux historiquement bas et dans un contexte où la reprise économique amorcée aux USA renforce les anticipations de hausse des taux mois après mois, cette question mérite d’être posée.
A l’heure de nos choix les opportunités d’investissements sur les produits de taux restent peu nombreuses : les placements monétaires (SICAV, livrets, DAT, CAT) offrent des rémunérations de plus en plus faméliques et le rendement des fonds euros de l’assurance-vie s’effrite régulièrement, pénalisé durablement par le stock d’obligations d’états à taux bas engrangé au cours de ces dernières années. Que reste-t-il alors? Le marché obligataire, mais n’est-il pas trop dangereux de se positionner sur des obligations dans un contexte de remontée des taux ?
Il convient d’abord de dissocier la situation des Etats-Unis de celle de la zone euro. Si l’annonce de la réduction du programme mensuel d’achat d’actifs par la FED le 18 décembre dernier est venue confirmer les bonnes perspectives de croissance aux Etats-Unis pour 2014, la situation économique européenne est bien différente. La sortie de la crise de la zone euro reste très laborieuse, les réformes structurelles nécessaires n’ont pas encore été entreprises dans tous les pays, le taux de chômage élevé peine à se stabiliser, et la croissance réelle, comme la croissance potentielle, reste à des niveaux très faibles. La pression à la hausse des taux amorcée au cours du 1er semestre 2013 semble donc se justifier aux Etats-Unis, mais reste largement prématurée en Europe.
Notre anticipation sur la courbe des taux euro : si les taux à long terme peuvent monter par contagion de la courbe des taux dollar, les taux à court terme vont rester durablement ancrés aux niveaux les plus bas, pour une période que nous estimons au minimum à 18 mois. C’est donc dans un contexte de pentification de courbe par la hausse des taux à long terme qu’il va falloir bâtir notre stratégie d’investissement sur les marchés obligataires. Nous allons donc privilégier deux axes dans nos choix d’investissements : les obligations corporates de type « crossover » (rating BBB/BB) et les obligations de maturités 2 à 5 ans. Pourquoi ce choix ?
Les obligations « crossover » présentent un double avantage : elles conservent toujours un potentiel de resserrement de leurs marges de crédit (spreads) lesquelles constituent une bonne protection contre la hausse des taux. Le choix des maturités est lui aussi très important : il faut sélectionner des obligations de maturités suffisamment longues pour obtenir du rendement mais pas trop longues pour ne pas s’exposer de façon trop forte à la hausse des taux.
Le choix du bon segment de marché sera essentiel en 2014 pour proposer, grâce aux marchés obligataires, une alternative attrayante à celle des fonds en euros, mais il ne sera pas suffisant. Il sera aussi nécessaire de changer de style de gestion. La stratégie « buy and hold » qui a été privilégiée avec succès en 2012 et en 2013 devra être abandonnée cette année au profit d’une gestion plus dynamique de nos investissements au sein de la courbe des taux, ceci afin de profiter des opportunités apportées par la pentification progressive de la courbe euro.
Enfin, dernière étape incontournable du processus de gestion : le bond picking. Il conviendra de sélectionner à l’intérieur du périmètre que nous nous sommes fixés les obligations qui nous permettront d’optimiser en permanence notre couple rendement/risque.
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