Selon Guillaume Cairou, Président du Club des Entrepreneurs et Fondateur du groupe Didaxis, « Il faut créer un véritable statut de l'entrepreneur ». Extrait de son analyse.
Le gouvernement doit appuyer les entreprises. Pas les grandes entreprises. Pas les entreprises publiques. Mais celles qui feront la croissance de demain. Allons-nous longtemps accepter de constater que les Français sont plus entrepreneurs à l'extérieur qu'à l'intérieur de leur pays ?
Et comment accepter que l'entrepreneuriat ne soit pas ancré dans notre environnement social dès le plus jeune âge ?
Pour favoriser la multiplication des créations d’entreprise, il faut :
- d’abord, prendre des risques et prendre des risques en France, quand l’échec comme la réussite sont stigmatisés rend la majorité des Français réticents ;
- que l'atmosphère législative et règlementaire soit encourageante ;
- que l'entourage de l’entrepreneur ne le dissuade pas. Si l’école de l’entrepreneuriat est une idée dont on peut se féliciter, c’est tout au long du parcours scolaire qu’il faudrait inciter et valoriser l’entrepreneuriat ;
- que les pouvoirs publics agissent avec une conception de long terme et non de court terme en fonction d’enjeux électoraux.
J’ai une conviction : cela peut se faire sans retirer de droits aux salariés. Nos pouvoirs publics raisonnent encore trop souvent de manière dualiste. C’est blanc ou noir. Salarié ou non salarié. Employé ou patron. Il s’agit bien ici de réunir une commission de réflexion sur le statut d’entrepreneur. Il s’agit de se demander comment la France peut inciter des salariés à devenir entrepreneur quand ils en ont le potentiel et l’envie.
Pour les jeunes entrepreneurs que je suis comme mentor, la difficulté est de se lancer. Une fois lancés, si la principale difficulté est de trouver des clients, une fois lancés avec des premiers clients, la difficulté la plus redoutable est de réussir à se faire payer. C’est donc aux pouvoirs publics à se demander comment se faire payer une fois lancés.
Depuis un an et demi, je tente de faire partager aux pouvoirs publics, une idée forte : s’il est évident qu’il y a une exception française, cela ne doit pas nous conduire à ignorer les mesures incitatives prises par nos voisins en matière d’entrepreneuriat.
Nous sommes moins compétitifs qu’il y a 10 ou 15 ans. En effet, à force de dévaloriser l’entrepreneuriat, notre pays est rentré sans s’en rendre compte dans un cercle vicieux. D’abord, le coût du travail a augmenté plus vite qu’ailleurs et les marges de nos entreprises se sont détériorées. Du coup, elles ont réduit leurs dépenses de recherche et développement, et nous vendons moins de produits haut de gamme.
Baisser le coût du travail : en France, les feuilles de paie comportent 30 lignes pendant que celles de nos voisins allemands ou britanniques n’en ont que 5 !
Autre exemple démontrant l’utilité de la comparaison internationale, la Suède qui a agi sur :
- les entreprises, lesquelles vont voir le taux d’impôt sur les sociétés baisser bien en dessous de la moyenne européenne, alors qu’il avait déjà massivement reculé ;
- les ménages, dont les charges pèseront moins sur les revenus des retraités ;
- les dépenses publiques, qui seront par priorité orientées vers les infrastructures et la recherche.
Voilà des modèles dont les pouvoirs publics pourraient s’inspirer pour entamer une grande réforme visant à massifier l’entrepreneuriat dans notre pays.
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