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Nouvelle lecture du comportement de la devise européenne

Par Michaël Lévy, Associé - Gérant de FLEX 360- Responsable de la multigestion chez 360 AM.

Le très net mouvement de dépréciation de la parité EUR/USD survenu récemment est vraisemblablement significatif d’une nouvelle donne pour les investisseurs. En effet, le jeu des politiques monétaires des banques centrales, qui ne battent pas tout-à-fait la même mesure de part et d’autre de l’Atlantique, milite en faveur d’une nouvelle lecture du comportement de la devise européenne.

Explications

Depuis cinq ans et l’éclatement de la crise, la devise européenne représentait pour les investisseurs boursiers un précieux catalyseur pour l’évolution des marchés actions. En témoigne la trajectoire commune et unidirectionnelle du cours de la monnaie unique et des indices boursiers européens, au gré des pics de stress d’un part, provoqués par les crises successives des dettes souveraines périphériques, et des cycles de normalisation d’autre part, ponctués par des périodes de rally boursier.

Pourquoi une telle corrélation ? Parce que la zone euro a été, pour la première fois de son existence, éprouvée par des risques récurrents de crise systémique qui ont menacé son bien-fondé et son destin. L’éclatement de la crise de la dette grecque, avec en toile de fond, les difficultés profondes des dirigeants politiques européens à faire preuve de la cohésion nécessaire à la légitimité d’une union monétaire et économique, a logiquement remis en cause la crédibilité de l’euro. Exposée au risque d’éclatement de la zone euro jusqu’à l’été 2012, et la promesse de la Banque Centrale Européenne d’un activisme inconditionnel pour garantir la solvabilité de la zone, la monnaie unique a pâti d’une image d’actif à risque. Elle a régulièrement subi des mouvements ponctuels de dépréciation face aux autres devises, qui ont précédé des phases de correction des actions européennes.

Autre raison essentielle, la politique ultra-accommodante qu’a menée la banque centrale américaine, jusqu’ici propice à l’affaiblissement du dollar, notamment face à l’euro, conjugué à une revalorisation des marchés actions. La stimulation monétaire dont a fait preuve la Réserve Fédérale depuis quelques années pour soutenir la reprise économique U.S. s’est accélérée avec l’avènement de la troisième opération de Quantitative Easing, qui a porté à 85 Mds$ le montant mensuel des rachats d’actifs obligataires par l’institution. Destinées à contenir les taux d’emprunt américains à long terme et à galvaniser le marché du crédit, et in fine la consommation des ménages, ces mesures ont eu un impact considérable sur la devise U.S. En déversant des liquidités massives sur les marchés, la FED a visé mécaniquement l’affaiblissement du dollar pour une meilleure compétitivité à l’export. Elle a joué aussi en faveur de la valorisation des actifs boursiers (en témoigne la formidable progression des indices boursiers cette année, qui battent des records historiques de valorisation aux Etats-Unis et atteignent des points hauts de près de cinq ans en Europe) qui bénéficient d’un différentiel de performance considérable par rapports aux produits de taux, trop peu rémunérateurs.

Cette réalité est en train d’évoluer, à l’heure où la Banque Centrale Européenne accélère le pas de sa politique accommodante. Alors que son homologue américain commence à envisager de resserrer, très graduellement et à moyen terme, sa politique monétaire expansionniste, la BCE vient d’annoncer une baisse de taux. Un coup de pouce supplémentaire à l’économie européenne qui en a visiblement bien besoin, puisqu’au sortir d’une pénible récession, le taux de chômage européen reste encore excessivement élevé et que les rouages de transmission des prêts aux agents économiques privés semblent encore verrouillés.

Résultat, cette différence de « tempo » de part et d’autre de l’Atlantique impose une nouvelle lecture des corrélations entre les actifs. Les investisseurs, moins hypnotisés par la puissance du programme d’achats d’obligations aux États-Unis, devraient se concentrer davantage sur les fondamentaux, et en particulier sur le différentiel de croissance entre les deux zones.

Il est donc probable que nous soyons en train d'entrer dans un nouveau cycle. Le niveau de la parité EUR/USD n'évoluera plus nécessairement dans la même direction que les indices boursiers. Cette nouvelle configuration est positive pour les stratégies d'allocation d'actifs. Le dollar reprend un rôle important dans un portefeuille. Il apporte de la diversification, n'agit plus simplement comme une "couverture", et redevient un moteur de performance indépendant.

www.360-am.com

 

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