Michael Hewson, Chief Market Analyst chez CMC Markets, livre un décryptage sans concession concernant la santé de la zone euro. Extraits.
« À en croire le ministre des finances allemand Wolfgang Schaüble, la zone euro disposerait désormais d’un peu plus de certitudes quant à une reprise économique. Un scénario auquel nous aimerions tous adhérer, mais qui demeure fragile » avance Michael Hewson.
Selon lui, « l’hypothèse la plus crédible est celle d’une stagnation économique durable de la zone euro, qui constituera la nouvelle normalité dans les prochaines années. »
« Wolfgang Schaüble présente très régulièrement le modèle allemand comme l’exemple à suivre pour les pays membres de la zone euro. La politique fiscale qui a été mise en œuvre au début des années 2000, lorsque le pays initiait un ambitieux programme de restructuration économique a porté ses fruits. Mais cette solution n’est malheureusement pas duplicable. L’Allemagne a réussi sa mutation il y a une dizaine d’années, au moment où l’économie mondiale bénéficiait d’une croissance dynamique. Le contexte est totalement différent aujourd’hui, avec un ralentissement économique global, un cours de l’euro anormalement surévalué qui détériore les balances commerciales, et donc, la croissance de bon nombre de pays européens. »
« La difficulté des pays européens à redevenir compétitifs tient en partie à des dissensions politiques significatives, qui freinent encore la convergence budgétaire et fiscale au sein de l’union monétaire » ajoute Michael Hewson.
« Pour penser une Europe intégrée, il est nécessaire que chacun des gouvernements accepte, au préalable, d’abandonner une partie de leur souveraineté fiscale et budgétaire. C’est à cette condition que pourra exister la cohésion économique européenne, avec une véritable union bancaire, un cadre fiscal harmonisé et une dette commune. Ce pas est encore loin d’être franchi.
Michael Hewson cite l’exemple de la France qui « n’est semble-t-il pas prête à concéder son indépendance pour diminuer le niveau des dépenses publiques, réformer résolument son marché de l’emploi et mettre en œuvre une vraie réforme des retraites. Il est difficile d’imaginer un quelconque transfert des prérogatives fiscales à l’échelon européen, alors même que le gouvernement continue d’exercer une forte pression sur les agents économiques privés. La consommation du secteur privé, déjà atone, pâtit de niveaux de taxation bien trop élevés. De leur côté, les dépenses de l’Etat peinent à être contenues et représentent à elles seules 50% du PIB national. De ce point de vue, le gouvernement français doit absolument rééquilibrer sa politique fiscale, au risque d’étouffer la reprise économique.»
En conclusion, Michael Hewson évoque le bien fondé du transfert fiscal, tel qu’il est pratiqué au Royaume-Uni : « La reprise économique du Royaume-Uni est assez hétérogène, entre le nord et le sud. Londres et le sud-est sont en avance dans le cycle économique par rapport au reste du pays. Ces déséquilibres importants seront en partie compensés par le transfert des recettes fiscales, depuis les régions économiques dynamiques vers celles qui sont les plus sinistrées. C’est vers ce type de système d’imposition intégré que doit se diriger l’union monétaire européenne. »
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