Selon Léon Cornelissen, économiste en chef de Robeco, ce choix est positif pour les investissements les plus risqués comme les actions ou les obligations à hauts rendements.
- Une politique budgétaire tendue et la hausse des taux hypothécaires sont les principales raisons de cette prudence.
- Réduire cette aide sur un rythme progressif est positif pour les actions et les obligations high yield.
- La volatilité est accrue en raison des données macro-économiques.
- La Fed perd en crédibilité.
Ben Bernanke a envoyé un surprenant message. Pour quelles raisons ne commence-t-elle pas à réduire dès maintenant ses rachats d’obligations ?
La Fed semble vouloir attendre que la reprise économique soit vraiment confirmée. Cette décision a été prise dans le contexte d’un ajustement à la baisse des prévisions de croissance économique pour cette année et l’année prochaine. Les estimations initiales de la Fed étaient plus élevées. Et c’est pour cette unique raison que nous nous attendions à ce qu’elle réduise son programme d’achat obligataire. Dans ses explications, Ben Bernanke a fait référence aux incertitudes concernant le budget du gouvernement et à la hausse des taux hypothécaires comme facteurs incitant à la prudence. Au sein de la Fed, les avis sont certainement divisés et la moyenne doit à peu près pencher dans cette direction.
Comment la Fed va-t-elle opérer sur la période à venir ?
Remettre à plus tard ne signifie pas abandonner. C’est comme déplacer un rendez-vous chez le dentiste. Cela vous soulage sur le coup mais il faudra bien passer sur la chaise à un moment donné. Je pense que la Fed reste prudente quant au processus de réduction de son aide. Les perspectives de croissance ont été fortement revues à la baisse. Les attentes pour l’année prochaine restent élevées. Il y a de grandes chances que la Fed commence tout de même à réduire son programme dès cette année. Le consensus veut que cela se produise en décembre, mais cela pourrait aussi se passer en octobre. Bernanke a expressément laissé la porte ouverte à cela.
Les marchés financiers ont réagi positivement à cette décision. Les actions et les obligations ont augmenté. Qu’est-ce qu’une “ lente réduction ” signifie sur le long terme ?
Cela signifie une bonne dynamique pour les investissements risqués comme les actions et les obligations high yield. Les flux augmentent vers ces marchés. Cela aidera aussi les investissements dans les marchés émergents. Cela diminuera les flux sortant de ces marchés, à l’exception des pays qui se débattent avec de problèmes structurels.
Nous n'allons pas changer notre point de vue sur les actions : il demeure neutre. Au-delà de cette actualité, le fait que l’agitation diminue au Moyen-Orient est également positif pour les actions. Mais l'incertitude entourant le budget américain est toujours un facteur d’inquiétude et la croissance prévue des bénéfices des entreprises ne justifie pas une augmentation significative des cours.
Comment sommes-nous censés interpréter cette décision ? Est-ce que la Fed a d’autres surprises en réserve ?
Il faut tenir compte de la volatilité accrue des marchés boursiers. Il est maintenant clair que la Fed va fonder en grande partie ses politiques sur les chiffres macro-économiques. Bons et mauvais chiffres pourraient donc avoir un effet significatif sur les taux. Qui plus est, la crédibilité de la Fed a été écornée. Elle a trompé les marchés.
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