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[Eclairage] "Le mode de financement des entreprises est complètement bouleversé"

« Le mode de financement des entreprises est complètement bouleversé, fait observer David Laugier, directeur général de bfinance. Quel que soit le niveau des taux d’intérêt, les sources de financement vont continuer à se diversifier. Et qui dit aller sur les marchés dit agences de notation. Il est devenu difficile de s’en passer. »

Une compréhension imparfaite

En 2012, la dette brute des 103 corporates de l’indice SBF 120 (hors financières et foncières) a progressé de 3 %, à 546 milliards d’euros. En deux ans, la part des financements obligataires cotés et privés dans cet endettement est passée de 58 % à 64 %. Les financements obligataires ne sont plus seulement retenus par de très grands groupes. « La désintermédiation concerne désormais un univers plus large d’entreprises, confirme Emmanuel Léchère, head of market intelligence group. Le montant des encours de dette bancaire tirés par les groupes du SBF 80 a baissé de 19 % en deux ans, à 45 milliards d’euros fin 2012. L’obligataire, ajoute-t-il, constitue plus de 80 % de la dette désintermédiée. La notation facilite l’identification de l’émetteur auprès de la communauté des investisseurs. »

D’un côté, en dépit de la croissance de leur activité, les entreprises voient se ralentir la progression de leur autofinancement. De l’autre, assujetties à des contraintes bilancielles, les banques veulent réduire leurs engagements. Donc, les entreprises se tournent vers les marchés. Toutefois, moins de 40 % d’entre elles comprendraient bien les méthodologies élaborées par les agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s, Fitch ou encore, pour les petites entreprises, Scope Credit Rating). 13 % des sociétés font d’ailleurs déjà appel à un conseil extérieur pour les aider dans leur relation avec les agences de rating.

Communiquer sur le profil de risque

L’essor des placements privés européens – « l’un des phénomènes les plus importants des dix dernières années dans le domaine du financement des entreprises en Europe continentale », selon David Laugier – a commencé à l’été 2012 (avec Bonduelle). Une quarantaine d’émissions obligataires d’une trentaine d’émetteurs français, pour un montant global de plus de 4 milliards d’euros, ont déjà été lancées.

Un autre point est souligné par les dirigeants de bfinance : « La récente réforme du code des assurances, qui permet d’investir jusqu’à 5 % de leurs actifs sous gestion (soit environ 70 milliards d’euros) dans des instruments de dette non listée émis par des ETI (entreprises de taille intermédiaire), vise à diversifier les sources de financement. Cette réforme, qui pourrait s’étendre, devrait contribuer à la croissance du marché obligataire privé. » A charge, pour les émetteurs, de communiquer sur leur profil de risque et leur profil de crédit.

Pour sa part, Didier Philouze, managing director, responsable du conseil en financements, fraîchement recruté chez bfinance, rappelle que, pour des raisons réglementaires, nombre de gérants obligataires prennent en compte les conclusions des agences de notation pour choisir leur papier et que les responsables de fonds datés (à échéance) ont besoin des émissions privées pour servir un rendement relativement attrayant aux porteurs de parts.

Michel Lemosof

 

A savoir

Fondé en 1999 avec le concours de fonds de capital-investissement, bfinance est un cabinet indépendant de conseil en services financiers : debt advisory & treasury solutions et investment advisory. Depuis 2009, la structure est entièrement détenue par ses dirigeants et ses salariés. A l’origine établi à Londres, Paris et Munich, bfinance accompagne les entreprises et les investisseurs institutionnels en Europe (huit bureaux), au Canada et au Moyen-Orient, notamment, où le cabinet est présent. Cinq cents entreprises dans vingt-cinq pays ont déjà bénéficié d’un conseil spécialisé sur-mesure délivré par les experts maison (soixante-dix aujourd’hui). Au cours des dix-huit derniers mois, bfinance a accompagné ses clients dans la mise en place de 3,8 milliards d’euros de nouveaux financements. De par ses activités, bfinance récupère beaucoup d’informations et les restitue sans langue de bois.

S’agissant des agences de notation – qui délivrent une opinion qui ne les engagent pas juridiquement –, on peut se poser la question de savoir si la hausse des tarifs (de 5 % à 15 %, voire davantage, selon les cas, depuis un an) est justifiée, eu égard aux montants que cela représente pour un entreprise qui fait appel à elles (plus de 500.000 € par an, en moyenne, pour les trente groupes que bfinance a interrogés). Cela dit, si  elle est bien notée, une société peut aussi émettre à des conditions plus avantageuses.


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