Par Thierry Jabes Directeur Général Délégué 360 AM Managers.
• Il y a juste cinq ans, en septembre 2008, après les prémices de l’année 2007 où la crise des subprimes pointait le bout de son nez ,le gouvernement américain et la FED laissaient la banque d’affaires Lehman Brothers faire en faillite, ce qui provoqua la crise financière et économique que nous avons connu ( ou connaissons encore, pour les plus pessimistes).
Le système financier mondial, était en péril ! Peu de temps après, toujours avec l’accord des autorités américaine, le plus célère et talentueux investisseur mondial, Warren Buffett, patriote mais surtout investisseur de génie, pris une participation significative dans la plus illustre des banques d’affaires mondiales, concurrente de Lehman Brothers, mais mise en danger par la crise de liquidité, Goldman Sachs. Septembre 2013 : Goldman Sachs, au meilleur de sa forme, (en compagnie des sociétés Nike et Visa) intègre le Dow Jones…
• Juillet 2012 : la fin de l’euro est proche, la Grèce en défaut, les politiques européens se remuent les méninges afin de restaurer un zeste de confiance dans la zone euro… Et Mario Draghi surgit avec son fameux « nous ferons tout pour sauver l’euro … ». Bien joué Mario, l’euro est quasiment au plus haut depuis deux ans, et commence à poser des problèmes aux exportateurs européens…les taux européens convergent à nouveau et une énième crise politique en Italie n’effraie plus personne, tant le chant du cygne de Berlusconi semble proche. (le 10 ans italien est sous 4,4%, contre plus de 6,5% il y a 15 mois).
• Septembre 2013 : le pétrole dépasse la barre des 110 dollars (WTI) dans l’attente d’un conflit au Moyen-Orient et d’une intervention franco-américaine en Syrie. 4 semaines plus tard, le cours de l’or noir s’est effondré de plus de 10%, les risques de guerre devenant quasiment inexistants. En outre, l’Iran tente d’effectuer un virage à 180° et de pratiquer une politique de réconciliation avec l’Occident. L’axe du mal de George Bush devient ainsi l’axe du « un peu moins mal »…
• Mi-septembre 2013 : le début de la fin du Quantitative Easing était proche, puisque Ben Bernanke avait annoncé une diminution des programmes de rachat de dettes par la banque Centrale américaine. Cette annonce avait fait remonter les taux américains à 10 ans à environ 3%, et ainsi contribué à freiner la reprise immobilière naissante.
Mais, au vu d’un marché du travail pas assez vigoureux (mais où l’inversion de la courbe du chômage est sensible depuis deux ans…), de chiffres économiques sans relief, et surtout d’incertitudes politiques quant au vote du budget fédéral, la FED a décidé de repousser, probablement à 2014, cette inflexion monétaire. Ainsi, les taux à 10 ans baissent à nouveau, pour se situer autour de 2,6%. Cela permet également de redonner quelques couleurs aux marchés émergents. Le commentaire des investisseurs a été le suivant : « la FED perd toute crédibilité », ce qui peut se traduire « nous n’étions pas du tout positionné pour un mouvement de baisse des taux longs ou pour un mouvement de baisse du dollar…. ».
La FED a probablement anticipé mieux que quiconque l’impasse budgétaire totale aux Etats-Unis, et le « shutdown », c'est-à-dire la fermeture de quelques activités non essentielles pour le gouvernement.
• Le 3ème trimestre a donc été excellent sur l’ensemble des marchés actions mondiaux, les indices européens progressant d’environ 10% (avec 16% de gains pour l’Espagne et 12% pour l’Italie), le marché japonais de plus de 4% et les marchés américains de 4% pour le S&P 500 (mais plus de 10% pour le Nasdaq, avec la hausse de 20% d’Apple sur le trimestre). Sur un an, la progression du CAC est équivalente à celle du S&P 500. Les flux d’achats de titres européens ont été continus depuis le début de l’été.
En outre, les marchés de crédit ont également connu un été serein, avec une progression de 1,2% pour les obligations « Investment Grade » et de près de 4% pour le high yield européen. Enfin, le rebond des marchés émergents (Shanghai en hausse de 9%, comme le Kospi coréen) retrouvent également quelques couleurs, où l’excès de pessimisme sur l’économie chinoise semble s’atténuer.
• Ce beau temps peut-il durer ? À l’heure présente, rien ne permet de l’infirmer. Seul peut-être un consensus trop important sur les actions européennes aujourd’hui pourrait remettre en cause ce scénario. Le rebond de certains secteurs sous-pondérés dans les portefeuilles (+25% pour les valeurs bancaires européennes sur le trimestre, +15% pour les valeurs automobiles) va probablement perdre en vigueur, mais sans problème politique majeur et avec le soutien des banques centrales, le 4ème trimestre devrait également permettre de générer des performances positives. Le « shutdown » de l’Administration américaine ne semble pas primordial et devrait être résolu rapidement, malgré l’intransigeance d’une partie du Grand Old Party. Les turpitudes politiques américaines actuelles rappellent les incertitudes et manœuvres politiques qu’ont connu l’Italie ces dernières années.
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