La recherche de plus de cohérence et de transparence dans l’information financière amène un nombre croissant d’assureurs à militer pour un cadre comptable global et unique. C’est le principal résultat de l’étude Deloitte « global IFRS Survey », conduite auprès de directeurs financiers du secteur de l’assurance.
L’étude révèle que la moitié des assureurs veulent une convergence des deux principaux référentiels comptables utilisés par les groupes d'assurance mondiaux. 47% des personnes interrogées souhaitent que les États-Unis abandonnent leurs normes comptables nationales (US GAAP) en faveur des normes internationales d’information financière (IFRS). Il n’existe toutefois toujours pas un jeu complet de règles comptables IFRS pour les passifs d’assurance et les principes comptables américains sur ce même thème sont soumis à une réforme en profondeur depuis 2008.
Les travaux visant à remédier à cette situation et ré-écrire les normes comptables usuellement utilisées par les assureurs pour les passifs d’assurance et les actifs financiers, menés conjointement par l'International Accounting Standards Board (IASB) et le US Financial Accounting Standards Board (FASB), sont en cours de finalisation. Malgré des progrès significatifs, l’IASB et le FASB ne sont pas parvenus à un accord sur tous les sujets, entraînant un retard dans le calendrier d’application de ce qui pourrait être annoncé comme le premier ensemble de règles comptables internationales pour les groupes d'assurance.
Étant donné les conséquences potentielles que ces règles auront pour les groupes d'assurance, la plus grosse préoccupation pour plus de la moitié des participants à l’enquête (51%) reste l'incertitude entourant le calendrier de mise en œuvre des nouvelles normes IFRS pour les contrats d'assurance (IFRS 4 Phase II). Il en va de même pour la norme sur les instruments financiers (IFRS 9), pour 52% des personnes interrogées. De nombreux assureurs adoptent néanmoins une attitude « attentiste » puisque 56% déclarent attendre que les normes soient définitives avant de commencer tout projet concernant leur mise en oeuvre.
« L'incertitude entourant la finalisation d’un projet de norme unique pour l’assurance a entamé la volonté des assureurs de se préparer pour ce défi majeur. Plusieurs assureurs ont indiqué qu'ils ne seront en mesure d’appréhender l'impact des normes sur leurs groupes qu’à partir de l’année prochaine. La mise en œuvre de ces normes sera une tâche considérable en termes de systèmes d’information et de processus, sans même mentionner les effets sur la perception de la rentabilité des assureurs par les investisseurs. » déclare Francesco Nagari, Associé responsable IFRS Assurance au niveau mondial chez Deloitte.
« Il y a des avantages évidents à disposer d’un jeu unique de normes comptables. Si leur mise en œuvre est bien gérée, un assureur pourra valoriser cette plus grande transparence et cohérence globale en termes de reporting. Les nouvelles règles offriront un cadre aux investisseurs qui seront en mesure de comparer non seulement les assureurs au niveau mondial, mais également avec d'autres sociétés dans différents secteurs. Le reporting aujourd’hui est fragmenté et crée une barrière pour les investisseurs. Il en résulte des coûts plus élevés à payer par les assureurs quand ils veulent mobiliser des capitaux et de nouvelles règles comptables pourraient permettre de régler cette question. De nombreux assureurs se demandent si les avantages attendus justifient les coûts. Ils ont milité longtemps et fortement pour avoir un référentiel comptable qui réponde à leurs besoins. Maintenant ils ont juste besoin de s'assurer qu'il tiendra ses promesses. » ajouteFrancesco Nagari.
« Les enjeux sont importants, mais le climat est encore attentiste, ce qui rend difficile la prise de conscience pour les entreprises concernées : dans 2 cas sur 5, les directions des groupes d'assurance interrogées déclarent que leurs conseils d'administration n'ont pas conscience ou ne sont pas impliqués dans ces changements comptables. » complète Jérôme Lemierre, Associé Audit chez Deloitte
L’enquête montre également que :
• 11% des assureurs en Europe de l’Ouest interrogés, et pratiquement aucun (2%) aux États-Unis ont initié des échanges avec les analystes financiers sur les conséquences possibles des changements comptables.
• La moitié des participants à l’enquête qui ont évalué la norme sur les contrats d'assurance comme ayant un «fort impact» sur leur activité, n'ont pas procédé à une analyse d’impact, et près d'un quart (24%) des plus grandes entreprises n'ont pas alloué de budget à la transition.