Par l'EDHEC
Selon l’agenda fixé par le gouvernement, les partenaires sociaux doivent se saisir d’un nouveau dossier : une refonte du système de la formation professionnelle. En filigrane de cette négociation, les limites du système sont clairement identifiées : la formation professionnelle ne profite pas à ceux qui en ont le plus besoin. Le gouvernement a ainsi dressé une ligne directrice, suggérant de réorienter l’effort financier consacré à la formation continue (plus de 30 milliards d’euros) vers les peu qualifiés et les chômeurs.
Dans le cadre de ses travaux, Arnaud Chéron, directeur du pôle de recherche en économie de l’EDHEC Business School, fait des propositions précises pour en finir avec l’inefficacité et l’inégalité du système actuel. Concernant les salariés en poste, il est plus efficace de faire basculer le dispositif actuel « former ou payer » vers un système de subventions ciblées. Actuellement, l’obligation légale de formation laisse l’employeur libre dans la répartition des dépenses de formation au sein de sa main d’œuvre. Or, le constat est là : il existe une complémentarité entre la formation initiale des travailleurs et la formation continue, ce qui implique que, du point de vue de l’entreprise, les gains de productivité sont supérieurs si les dépenses de formation se portent en priorité vers les salariés les plus éduqués (cadres ou professions intermédiaires).
Pour rompre avec ce schéma, Arnaud Chéron montre qu’il est pertinent de substituer aux dépenses actuelles engagées par les entreprises un système de prélèvements, redistribués sous formes de subventions, avec un barème propre à chaque CSP, et un taux de subvention décroissant avec le niveau de rémunération.
Concernant les chômeurs, que le gouvernement souhaite soutenir en priorité, les travaux de l’EDHEC soulignent qu’il serait préférable de concentrer les sommes en jeu vers des aides à la création d’emploi pour les entreprises, destinées à réduire les délais de chômage, premier moyen de préserver les chômeurs d’une obsolescence de leurs compétences acquises. Cela ne résout évidemment pas la question des chômeurs de longue durée, confrontés à une faible employabilité. Le maintien d’un dispositif social spécifique à destination de ces travailleurs reste nécessaire, notamment à court terme.
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