Dans un contexte de chômage élevé, l’existence d’emplois ne trouvant pas preneur est un paradoxe. Afin d’en clarifier les termes, les ordres de grandeur, les enjeux et de formuler des propositions, le Conseil d’orientation pour l’emploi a jugé nécessaire de se saisir de ce sujet.
Ne pas se tromper de diagnostic. Les termes d’emplois vacants, d’offres non pourvues, de difficultés de recrutement ou de métiers en tension sont souvent confondus, mais ils recouvrent des phénomènes très différents.
Lorsque le nombre d’emplois à pourvoir ne diminue pas alors que le chômage augmente, cela révèle des dysfonctionnements du marché du travail : par exemple, depuis 2009, le chômage a augmenté fortement en France sans que l’on constate de baisse importante des emplois à pourvoir dans les entreprises.
Les difficultés de recrutement les plus importantes apparaissent notamment dans les métiers des industries mécaniques et du travail des métaux ; de l’électricité et de l’électronique ; des industries graphiques ; de la maintenance ; de la santé ; de l’informatique ; du commerce mais aussi dans les métiers de l’hôtellerie-restauration, les aides à domicile, les conducteurs ou encore les métiers de bouche.
Trois grands types de causes, qui ne peuvent être hiérarchisées, peuvent expliquer des difficultés de recrutement :
- l’inadéquation entre les compétences attendues par les recruteurs et celles disponibles, en raison d’un déficit (réel ou ressenti) de compétences des candidats. Si les recruteurs placent largement en tête cette problématique, une plus grande adaptation de l’offre de formation n’est nécessaire que pour certains types de métiers, notamment ceux pour lesquels il existe un lien fort entre l’emploi et la spécialité de formation ;
- le déficit d’attractivité de certains métiers. Cette problématique est très significative sur certains métiers. Mais tous les métiers où l’on constate des difficultés de recrutement ne sont pas des métiers à faibl*-es salaires ou conditions de travail difficiles ;
- le manque de fluidité du marché du travail (en raison d’une segmentation selon les métiers ou le genre, d’une mobilité géographique insuffisante, etc.).
De fortes variations de l’activité dans le temps ou certains aspects liés à la dimension géographique de l’emploi peuvent également aggraver les difficultés de recrutement.
Le Conseil avance des propositions autour de trois axes :
I) Améliorer la connaissance statistique des « emplois vacants », des offres durablement non pourvues et des difficultés de recrutement (par exemple, publication régulière par Pôle emploi des données sur les offres non pourvues) et favoriser l’appropriation et un meilleur usage de ces informations par les acteurs concernés (branches professionnelles, acteurs locaux, services publics de l’emploi, de l’éducation). Cela passe notamment par une meilleure coordination des travaux, une harmonisation accrue des méthodes, une meilleure coopération entre les acteurs.
II) Lutter de façon continue et durable contre les difficultés de recrutement.
a) Faire en sorte que les entreprises puissent recruter plus facilement des personnes ayant les compétences dont elles ont besoin. Cela nécessite notamment d’avoir une offre de formation plus réactive et, de façon plus spécifique, de mobiliser certains outils de formation pour réduire les difficultés de recrutement.
b) Améliorer l’attractivité des emplois donnant lieu à des difficultés de recrutement, par une plus grande mobilisation des branches professionnelles (négociations sur les salaires et les conditions de travail, sensibilisation des entreprises de la branche, actions de communication sur l’image de certains métiers…).
c) Faire évoluer les pratiques de recrutement, en privilégiant une approche par les compétences, en diversifiant les profils.
d) Mobiliser davantage Pôle emploi, en identifiant les offres d’emplois qui, soit concernent des métiers connaissant des difficultés structurelles, soit ne sont pas pourvues ou n’ont fait l’objet d’aucune candidature au bout d’un certain laps de temps, et en traitant ces offres de manière spécifique.
III) Engager régulièrement des actions plus ponctuelles pour résorber le stock d’emplois durablement non pourvus, tantque ces politiques de lutte durable contre les difficultés de recrutement n’ont pas porté tous leurs fruits.
Rapport et synthèse consultables sur www.coe.gouv.fr
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