Le coup de gueule de Bernard Cadeau, Président d’ORPI.
Ce billet est écrit sous le coup de la colère, une colère froide et déterminée. Impossible de rester de marbre face aux tirs croisés et aux attaques répétées dont sont actuellement l’objet les propriétaires.
Je n’ai pas de mots assez durs pour dénoncer les termes de la première mouture de la loi Alur, le nouveau crédit d’impôt pour la rénovation thermique dont sont exclus les bailleurs – mais qu’ont-ils donc fait de mal ? – ou encore par les préconisations du dernier rapport du Conseil d’Analyse Economique (CAE) qui aimerait voir taxer les propriétaires occupant leur logement.
Un silence assourdissant
Mais où va-t-on ? Est-ce qu’on est en train de nationaliser la propriété individuelle en France ? Et cela, dans l’indifférence générale. Une espèce de pseudo consensus intellectuel mou fait écho à des mesures pourtant contraires à l’intérêt collectif. Car à chaque fois qu’on pénalise un bailleur, on vise indirectement un locataire, celui-là même que le gouvernement souhaite protéger.
Insidieusement, on est en train de phagocyter tout un pan de l’économie et de dégouter une frange de la population, composée, non pas de gros capitalistes, mais de Monsieur et Madame tout le monde qui croient simplement à la vertu du travail. Ils ont épargné au lieu de dépenser. Car, certains semblent l’oublier, mais lorsqu’on achète dans l’immobilier, pour se loger ou louer, par définition, au préalable on met de l’argent de côté. C’est-à-dire qu’à chaque fois les sommes investies ont déjà supporté impôts et charges sociales.
Les nuages s’amoncèlent
J’affirme aussi que le Conseil d’Analyse Economique (CAE) qui a pour mission d’éclairer les choix du Gouvernement en matière économique aurait dû nous consulter avant de rédiger son rapport.
Ses préconisations sont une insulte aux millions de Français qui, pour un certain nombre, se sont privés pour rembourser les mensualités de leur logement. Le Conseil suggère en effet qu’une fois leur crédit payé, ils acquittent l’équivalent d’un loyer ! C’est absolument aberrant. On marche sur la tête.
Quelle société veut-on pour nos enfants ? Est-ce qu’on va se laisser mener à l’abattoir sans rien dire ? Non et non. Trop, c’est trop ! J’ai alerté mes collègues de la profession… je multiplie les prises de paroles et je lutte. Nos gouvernants jouent un jeu trouble avec leurs concitoyens, propriétaires, locataires et investisseurs.
Et il est fort à redouter qu’aucun ne sorte gagnant de cette opération : pas plus les locataires censés être protégés, que les bailleurs, chaque jour un peu plus stigmatisés. Car, et j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire dans ces colonnes, contrairement à ce que fait mine d’ignorer le gouvernement, faute de parc locatif public suffisant dans l’Hexagone, les bailleurs privés ne sont pas le problème, mais bien la solution des locataires. Il serait temps de s’en souvenir, si l’on ne veut pas aggraver le mal-logement. Jouer les pompiers pyromanes n’est jamais sans danger !
Le blog du Président du réseau ORPI : www.blogimmobilierorpi.com/
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