1. Un semestre marqué par l'enracinement de la décollecte
A l'exception du mois de février, la collecte nette de l'assurance-vie a été négative depuis le début de l'année. Le mois de juin n'a pas fait exception avec une collecte nette de 1,1 milliard d'euros qui fait suite à une contraction de 1,5 milliard d'euros au mois de mai. Sur les 12 derniers mois, la collecte n'a été positive que deux fois, en juillet 2011 et en février 2012. Sur l'ensemble de l'année 2012, la décollecte pourrait être supérieure à 12 milliards d'euros.
Les cotisations, au mois de juin, se sont élevées à 9,5 milliards d'euros quand les prestations ont atteint 10,6 milliards d'euros. La décollecte s'explique avant tout par la progression des prestations (rente et rachat). Les prestations ont augmenté de 21 % au mois de juin ; la hausse est de 18 % sur le premier semestre et de 9,2 % sur un an. L'augmentation de 21 % est le plus haut niveau constaté depuis le début de l'année avec celle du mois de janvier, également 21 %. La baisse des cotisations atteint 13 % en un mois, de 15 % depuis le mois de janvier et de 16 % en un an. Les encours de l'assurance-vie sont stables à 1369,9 milliards d'euros.
2. Toujours moins d'unités de compte, par rejet du risque
Les assurés se désengagent des unités de compte. Les versements en UC sont en baisse de 28 % au mois de juin contre -13 % pour les fonds euros. Les supports UC représentent 13 % des cotisations contre 14 % à fin 2011. Les UC dans les provisions mathématiques s'élèvent à 201,4 milliards d'euros pour 1 145,8 milliards d'euros pour les fonds euros. Les UC pèsent 14,6 % de l'encours
3. Le Livret A profite du climat économique
Dans le même temps, au mois de juin, la collecte nette (dépôts moins retraits) sur le Livret A et le LDD a atteint 0,65 milliard d'euros. Sur les 6 premiers mois de 2012, la collecte nette est de 12,65 milliards d'euros. L'encours total pour ces deux produits est de 299,5 milliards d'euros.
Pour le Livret A, la collecte est de 11,17 milliards d'euros depuis le début de 2012. Au mois de juin, la collecte nette a été de 0,75 milliard d'euros soit un peu près le même niveau qu'en mai et en retrait par rapport au premier trimestre. Néanmoins, la collecte nette sur le premier semestre est supérieure à celle de la même période de 2011 (10,07 milliards d'euros), l'année dernière ayant été la deuxième meilleure de l'Histoire du Livret A avec 17,38 milliards d'euros sur 12 mois.
La collecte nette la plus élevée est intervenue en 2008, année de la crise financière, avec 18,7 milliards d'euros, 2009 arrivant en troisième position avec 16,55 milliards. Hormis ces trois années, le Livret A n'a jamais dépassé 7,05 milliards en 194 années de son histoire. L'encours à fin juin s'élevait à 228,1 milliards d'euros pour le Livret A. Contrairement au Livret A, le Livret de développement durable (LDD), dont le taux est identique, a connu une décollecte nette en juin (retraits supérieurs aux dépôts), pour le deuxième mois consécutif.
4. Une nouvelle redistribution de l'épargne est-elle en cours ?
Les Français privilégient la sécurité et le court terme. La crise de la zone euro et les fortes incertitudes économiques conduisent les ménages à opter pour l'épargne de précaution. La pierre a été un support fort dynamique en 2011. La baisse des crédits à l'immobilier, -33 % au premier semestre marque une rupture. Elle est intervenue malgré la diminution des taux d'intérêt. Le durcissement des conditions d'octroi des prêts et le niveau élevé des prix freinent les acquisitions. Ces dernières se réalisent avec un montant croissant d'apports personnels. De ce fait, les ménages doivent sortir des sommes d'argent de leur épargne financière pour acquérir un bien immobilier. L'autre tendance est la progression de l'épargne défiscalisée. La recherche de la sécurité et les écarts réduits entre les rendements des placements à court terme et à long terme dissuadent les Français de placer sur des produits comme l'assurance-vie.
La défiance à l'égard des placements à risques se matérialise par le recul des unités de compte et par le refus de revenir sur le marché actions. Pour le moins, l'économie française a un réel besoin d'épargne à long terme afin de relancer l'investissement et donc la croissance. La Caisse des dépôts ou la Banque d'investissement ne pourront pas jouer seules le rôle d'intermédiation. Il est par ailleurs dangereux de recourir à de l'épargne à court terme pour financer des investissements longs. Il y a surcoût lié à cette transformation avec un risque qui sera porté par les contribuables. Il serait plus efficient d'inciter directement les investisseurs à allouer un part plus importante de leurs ressources à des placements longs (entreprise, titres publics long...).