Tribune de Guillaume Cairou, Président-Fondateur du Groupe Didaxis* et Président du Club des Entrepreneurs**
Les impôts à la fête, les entrepreneurs régalent... pourquoi faire simple et efficace est-il si compliqué ?Faisons le savoir sans détour. Les 18 500 entrepreneurs que j'ai l'honneur de représenter sont exaspérés par les projets gouvernementaux successifs qui, malgré leur mobilisation, continuent de les prendre pour cible et de ne pas entendre leurs préoccupations pourtant légitimes. Nous ne faisons pas de politique. Certains d'entre nous ont voté pour François Hollande et pour sa majorité. Nous ne céderons jamais à la facilité du dogmatisme mais nous estimons qu'il est temps de faire savoir qu'alors que nous avions le sentiment d'être la cible du gouvernement, nous avons maintenant le sentiment d'être devenus les laissés-pour-compte de ses réformes.
Sans remettre en cause les politiques publiques actuelles ni stigmatiser la dépense publique, nous affirmons que la France ne pourra pas surmonter les enjeux économiques majeurs qui pèsent sur elle avec une stratégie fiscale aussi errante. Voilà comment, selon notre expérience issue du terrain, la France peut réussir à l'heure où la prophétie de Michel Audiard semble malheureusement se réaliser ... le jour est proche où nous n'aurons plus que l'impôt sur les os affirmait-il à cet égard.
L'idée d'un impôt à taux unique (c'est-à-dire d'un taux identique pour tous les contribuables français), accompagnée d'un régime de TVA simplifié (un taux unique pour tous les secteurs) paraît plus que jamais incontournable. Cela permettrait d'éviter d'étouffer nos entreprises et de réduire tant les fraudes à la TVA que les cas de grands groupes qui déploient chaque jour davantage d'ingéniosité pour ne payer qu'un très faible taux d'impôt par rapport au CA réalisé. Or, en diminuant les impôts de toute nature, le travail dissimulé recule. En stabilisant l'impôt et en le simplifiant, c'est-à-dire en supprimer les milliers de niches fiscales, on encourage l'investissement et la fraude recule car chaque niche est l'occasion d'une fraude.
Entrepreneurs, nous avons le sentiment que la France a trop longtemps eu les yeux plus gros que le ventre. Elle ne peut plus se permettre de faire fuir les talents ou pire, de les étouffer quand ils ont choisi courageusement de rester en ne se demandant pas ce que leur pays peut faire pour eux mais en pressentant ce qu'ils pouvaient faire pour lui.
Au fil de nos rencontres sur le terrain et de nos déplacements en région, nous entrepreneurs, nous rendons compte à quel point nos dirigeants se leurrent encore trop sur la réalité de la situation entrepreneuriale française, européenne et plus largement mondiale. Sur le terrain de la compétition économique comme sur celui de la bataille entrepreneuriale, nous constatons nous que la concurrence fiscale est devenue une nouvelle arme de la compétitivité dont la France se prive de façon injustifiable.
Tout prouve aujourd'hui que les bénéfices réputés sociaux de taux multiples n'existent pas. En revanche, les chiffres de la situation économique actuelle démontrent à eux seuls sans ambiguïté aucune que le système actuel pèse lourdement et de façon néfaste pour la croissance économique de notre pays.
J'entends déjà les polémistes de la première heure crier au scandale et à l'injustice. Or, cette taxe ne créerait pas le moindre début de commencement d'inégalité devant l'impôt puisque en restant un instrument de redistribution de la richesse puisque les riches contribuent davantage que les pauvres à la sphère publique.
Ne pas réformer le système fiscal actuel c'est continuer de voir les contribuables et les entreprises déménager ailleurs, et donc l'assiette fiscale fondre comme neige au soleil, comme l'indique la baisse constante du nombre de contribuables solvables en France. Dès lors, il faut mieux d'impôt pour rapatrier les contribuables et augmenter le produit général des impôts.
Enfin, posons-nous la question : mis à part à rémunérer des consultants fiscaux, à quoi est encore utile notre système fiscal ? Plus personne ne peut sérieusement affirmer en maîtriser ni le sens ni l'objectif et encore moins les subtilités. Plus un Français ne sait ce qu’il paye, ni à qui il le paye. Plus aucune entreprise n'arrive à prévoir ce qu'elle va devoir.
Nous ne voulons plus que notre quotidien entrepreneurial se résume au constat du coût de l'irresponsabilité politique pour ne pas dire d'une certaine lâcheté face à la réforme même consensuelle et incontestablement rendue indispensable.
Rendons à notre pays qui nous a tant donné et à qui nous devons tant, la lumière fiscale qu'il mérite.
*Didaxis, créée en 2004 par Guillaume Cairou, est le numéro 1 du portage salarial en France avec plus de 5000 consultants et 50 agences dans 35 pays. La société réalise un CA estimé de 70 M€ en 2013 en progression constante depuis 9 ans. En 2010 Didaxis intègre la 1ère place du classement informatique Fast 500 EMEA de Deloitte avec +2 234% de croissance. Didaxis rejoint successivement le palmarès des PME les plus performantes de France en 2011 et 2012. www.didaxis.fr
**Le Club des Entrepreneurs, qui compte aujourd'hui plus de 18 500 membres répartis en France et à l'international, est un réseau de créateurs et dirigeants d'entreprises ayant tous, dans des secteurs d'activité différents, leur propre expertise, mais qui partagent une ambition commune : promouvoir l'esprit d'entreprendre et faire grandir leur entreprise. www.clubdesentrepreneurs.org
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