Analyse de Michaël Levy, Associé - Gérant de FLEX 360 - Responsable de la multigestion chez 360 AM.
Trois épisodes de stress viennent de se succéder : sur l’or, sur les emprunts d’Etat américains et sur les actions japonaises. Le plus curieux, dans ces phases de correction, ce n’est pas leur manifestation. C’est à la fois leur brutalité et leur absence de contagion aux autres segments de marché, dont le cloisonnement apparaît dès lors difficilement tenable.
Jusqu’ici, tout va bien. Depuis l’été dernier, les politiques monétaires des grandes banques centrales ont amélioré la lisibilité des marchés financiers, préalable à un recul généralisé de l’aversion des investisseurs à l’égard du risque. Dans ce contexte globalement apaisé, trois épisodes d’instabilité viennent toutefois de se succéder. Ce fut le cas avec l’or, qui a perdu 17% de sa valeur en seulement trois jours, avant d’amorcer un repli plus lent. Puis ce fut au tour des taux des emprunts d’Etat américains, qui se sont tendus de presque 50 points de base sur le 10 ans en moins d’un mois. Enfin, le Nikkei 225 ne cesse de décrocher, avec un recul cumulé proche de 18% depuis deux semaines.
Certes, ces mouvements sont justifiés pour des raisons propres à chacun de ces marchés.
L’or paye indirectement son rôle traditionnel de rempart contre la hausse des prix, alors que l’intérêt de ce statut de valeur refuge s’est récemment émoussé aux yeux des investisseurs.
L’obligataire américain a logiquement réagi aux propos de Ben Bernanke, qui a laissé présager une sortie graduelle de sa politique de Quantitative Easing. Si le scénario d’un sursaut de l’inflation semble écarté, le revirement imminent de la politique monétaire de la Fed est porteur d’incertitudes sur les marchés de taux américains.
Les actions japonaises, qui ont largement profité de l’effet dopant de la politique de relance des autorités du pays et de la dépréciation du yen, subissent un mouvement logique de prises de bénéfice, dans un contexte de doutes accrus sur la vigueur de la croissance mondiale.
Le plus curieux, dans ces phases de correction, ce n’est pas leur manifestation. C’est à la fois leur brutalité et leur absence de contagion aux autres segments de marché, dont le cloisonnement apparaît dès lors difficilement tenable. Alors que l’attitude des banques centrales depuis presque un an a participé à renforcer la visibilité des investisseurs et à niveler leurs anticipations vers le haut, son évolution récente a en effet introduit dans le système une dose d’incertitude, qui ne s’est pas encore traduit dans les indicateurs de risque. Un exemple : si la volatilité implicite du Nikkei 225 est monté jusqu’à 40%, le risque anticipé sur ses homologues EuroStoxx50 (VStoxx) et S&P500 (VIX) ne dépasse pas les niveaux respectifs de 20% et 17%. Trop peu, au regard des facteurs d’incertitude affectant de concert ces différents marchés.
Dans ces conditions, la vigueur des quelques récentes secousses pourrait traduire un stress qui n’attend qu’à se matérialiser, préalable à un rebond attendu des niveaux de volatilité et à une généralisation des répliques. En matière d’allocation, cet environnement de marché n’est pas neutre. Il milite tout d’abord pour une plus grande prudence à l’égard des actifs risqués, avec notamment une flexibilité accrue dans les positions sur les marchés d’actions et un allègement sur le High Yield. Il incite également à profiter de la sous-évaluation des indicateurs de risque pour se porter acheteur de volatilité implicite sur les marchés d’actions (hors Japon).
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