La ligne de conduite allemande reste ferme. Si une proposition de modification des traités européens sera émise lors du sommet européen du 9 décembre, pour une réelle harmonisation fiscale européenne (« union fiscale »), rien n’a évolué sur le front du statut de la BCE, dont les prérogatives sont encore loin du modèle de la Fed et d’un assouplissement quantitatif massif. Même constat sur le concept « d’Euro-bonds » pour une harmonisation obligataire à l’échelle de l’eurozone, auquel l’Allemagne est opposée. En clair, le fédéralisme européen tant souhaité par les marchés ainsi que nombre de dirigeants européens est loin d’être acquis.
Du côté des marchés, l’adjudication allemande d’hier a connu un succès mitigé, en raison d’un taux peu attractif (Bund à 10 ans à 1.98 %) qui ne fait pas rêver les investisseurs. L’agence de la dette allemande n’a réussi à placer que 3.6 milliards d’euros (sur 6 milliards), dont 39% souscrits par la Bundesbank. De façon plus globale, on remarque que les investisseurs institutionnels mondiaux désertent les marchés obligataires de la zone euro, même ceux des pays autrefois réputés pour leur sécurité (Allemagne, France, Autriche).
Sur les marchés d’actions, les incertitudes macroéconomiques ambiantes font également fuir les investisseurs. Les indices sont à la baisse, faute d’acheteurs, comme en témoignent les volumes d’échanges anémiques sur le Cac 40, à seulement 2.6 milliards d’euros. Nous sommes donc face à un marché éminemment technique, assez difficile à cerner pour l’investisseur qui a des liquidités à placer. Quelques opportunités émergent toutefois, à l’image des titres Air France et Arkema, qui ont respectivement rebondi de 10.03% et 6.54% sur la séance (Air France et Arkema ont bénéficié de recommandations à la hausse de Société Générale et de JP Morgan).
A court /moyen terme, la valeur refuge ultime peut se trouver Outre-Atlantique sur les T-bonds US, en dépit des difficultés politiques à trouver un accord sur la gestion du déficit américain.
En conclusion, la situation européenne reste très préoccupante et le sommet du 9 décembre ne suffira pas à résorber durablement les tensions sur les dettes souveraines. Toutefois, il nous paraît peu probable que les marchés actions subissent une chute supplémentaire dans les prochaines semaines (et que le Cac 40 passe sous la barre des 2.500 points), tant le scénario pessimiste de l’enlisement dans la crise en zone euro et les perspectives de récession en 2012, sont déjà intégrés dans les cours des indices.
Fabrice Cousté, DG de CMC Markets France