Le Japon mérite enfin une petite place dans un portefeuille diversifie.
Extrait de l’analyse de Ken Van Weyenberg, Investment Specialist chez Dexia AM.
Le lancement de mesures vigoureuses d’assouplissement quantitatif au Japon a fait l’effet d’une onde de choc. Les pays émergents resteront sous pression, tandis que la bourse japonaise entame un mouvement de redressement soutenu.
Voilà plus de 10 ans que le Japon, pays du soleil levant, revient régulièrement sur le devant de la scène. Depuis plusieurs années en effet, la région est engluée dans une spirale déflationniste et reste confrontée a d’énormes problèmes structurels. La population japonaise continuera de diminuer au cours des prochaines années et le poids de la région dans le commerce international a été réduit de moitié au cours des deux dernières décennies. Le changement politique amorcé depuis l’arrivée de Shinzō Abe s’accompagne, comme l’on s’y attendait, d’une politique de soutien plus agressive de la part de la Banque centrale. Certes, le renforcement des mesures de soutien était prévisible, mais l’ampleur du scenario mis en place a surpris tout le monde.
La politique d’assouplissement monétaire a pour but de casser la spirale déflationniste et d’aboutir une stabilité des prix. La Banque du Japon a fixé le taux d’inflation à atteindre à 2% (croissance annualisée de l’indice des prix à la consommation). Cet objectif doit être atteint le plus rapidement possible, soit d’ici 2 ans environ selon l’horizon prévu.
Quelle incidence sur l’économie réelle ?
Le redressement spectaculaire du marché japonais peut certainement donner un coup de pouce à l’économie du pays. L’incidence directe (impact de la hausse des cours sur la richesse des ménages japonais) est plutôt limitée, car les ménages japonais n’investissent pas plus de 7% de leurs actifs en actions.
L’impact indirect peut être nettement plus important, car un regain de confiance des consommateurs peut contribuer à relancer la demande domestique. Par ailleurs, la politique monétaire japonaise peut soutenir l’activité économique d’une autre manière encore, via une dépréciation du yen japonais. L’annonce des mesures de stimulation décidées par la Banque centrale japonaise a donné un gros coup de fouet à la devise du pays. Depuis octobre 2012, le cours du yen en termes recels a baissé de plus de 20% par rapport aux principaux partenaires commerciaux du Japon (et d’environ 30% par rapport à l’euro) – ce qui renforcera nettement les exportations japonaises au cours des trimestres à venir.
Pour l’instant, l’on ne peut cependant qu’estimer l’incidence réelle du nouveau programme de soutien japonais. Une analyse réalisée par la Banque d’Angleterre permet de se faire une idée des répercussions possibles.
Selon cette institution, un assouplissement quantitatif de 15 à 20% du PIB pourrait entrainer une croissance économique réelle de 1,75% et faire progresser l’inflation d’un peu moins de 1%. Les nouvelles mesures de la Banque du Japon auront certainement une incidence sur la croissance économique japonaise, qui s’accélèrera le trimestre prochain.
Trop tard pour investir ?
En tout état de cause, les investisseurs en actions s’attendent à ce que les mesures de la Banque du Japon produisent un impact important sur le dynamisme économique de la région. L’enquête Fund Managers Survey de Merril Lynch montre qu’au cours des cinq dernières années, le Japon a été quasiment toujours sous-pondéré dans la plupart des portefeuilles mixtes. Cette tendance est en train de s’inverser. Pour la première fois en près de 10 ans, le Japon est à nouveau surpondéré chez Dexia AM.
Cette tendance devrait être confirmée par une nouvelle amélioration des statistiques économiques. Le renversement de cette tendance n’est pas le seul facteur qui incite les investisseurs à s’intéresser à nouveau aux actions japonaises. La dynamique des bénéfices apporte elle aussi unsoutien non négligeable.
La dépréciation du yen japonais (favorable aux exportations) et l’amélioration du climat économique devraient avoir un impact majeur sur les bénéfices des entreprises. Depuis peu, le ratio de révision des bénéfices prévisionnels est à nouveau positif et comme on peut s’attendre à une amélioration de la rentabilité des entreprises japonaises, on peut affirmer qu’il y a encore une belle marge de manœuvre pour une nouvelle révision de la notation de la région.
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