Alors que la sélection des valeurs a priori est l’usage en matière d’ISR, Nordea se différencie de la grande majorité des gestionnaires en pratiquant une approche originale qui cherche avant tout à créer de la valeur pour les investisseurs tout en s’assurant a posteriori que les sociétés investies adoptent une démarche socialement responsable.
Après avoir signé en novembre 2007, les Principes des Nations-Unies pour l’Investissement Responsable (UNPRI), Nordea a mis en place une approche originale pour en respecter les principes.
Des entreprises fortement incitées à modifier leurs comportements…
Aujourd’hui, la plupart des gérants ISR présélectionnent les titres de sociétés en appliquant des filtrages plus ou moins quantitatifs reposant sur des critères dits extra-financiers, avec souvent l’aide d’agences de notation comme Vigéo par exemple. Cette approche a cependant un inconvénient majeur : elle réduit considérablement l’univers des valeurs candidates à l’achat puisque, le plus souvent, 40 à 50% des valeurs sont éliminées d’entrée, privant ainsi l’investisseur de multiples sources de diversification et d’alpha.
Nordea a opté pour une démarche inverse en laissant la porte ouverte à toutes les entreprises cotées, mais en leur demandant qu’elles se comportent de manière responsable. En clair, lorsqu’une entreprise intègre un ou plusieurs fonds Nordea, une vérification régulière est effectuée, avec l’aide de la société Ethix, afin que soient respectés plusieurs grands principes de responsabilité sociale : droits de l’homme, droits du travail, protection de l’environnement et lutte contre la corruption. Si tel n’est pas le cas Nordea engage alors une démarche de dialogue avec l’entreprise (en collaboration avec la société Hermes) afin de la sensibiliser et l’inciter à améliorer rapidement ses pratiques, dans une optique de comportement « socialement responsable ».
… ou être désinvesties.
Cette démarche de dialogue peut durer deux à trois an. Si au bout de cette période, l’entreprise ne montre pas de volonté de changer ses pratiques, elle est alors exclue. Exemple d’exclusion : une entreprise de construction qui refusait de renoncer à l’édification d’un barrage en Afrique de l’Est, entrainant la spoliation et le déplacement musclé des populations autochtones. Etre exclu des fonds Nordea n’est pas anodin pour une entreprise : d’une part parce que Nordea gère 192 Mds€, d’autre part, parce qu’Hermes, qui instruit un dialogue continu avec les entreprises « en surveillance », représente les intérêts de 200 autres grands institutionnels dans le monde. Son « pouvoir de nuisance » n’est donc pas négligeable.