Alors que le
gouvernement a annoncé des mesures pour lutter contre les DPE de complaisance, le bureau d’étude thermique Ithaque a mené une étude
inédite sur l’impact réel de la performance énergétique sur les prix de
l’immobilier. Résultat : les biens les plus énergivores subissent des décotes
massives, pouvant dépasser en moyenne 250 000€ pour une maison, et jusqu’à en
moyenne 50 000€ pour un appartement.
Une décote massive et
structurelle, en particulier sur les maisons
L’étude d’Ithaque met
en lumière un changement structurel dans la façon dont les biens immobiliers
sont évalués sur le marché. Aujourd’hui, la performance énergétique d’un
logement joue un rôle croissant dans sa valorisation, même si son impact peut
varier selon les marchés, comme à Paris où d’autres critères prédominent
encore.
Prix au mètre carré et impact du DPE dans les
10 plus grandes villes françaises
L’impact est mesuré par rapport au prix au m2 moyen de la ville en question
Dans des villes comme Bordeaux (-1 115 €/m²) ou Lyon (-1 053 €/m²), les logements classés F/G subissent des pertes de valeur massives, pouvant dépasser 200 000€ sur une maison de 150 m². Ces écarts s’expliquent par une consommation énergétique plus élevée et des travaux souvent lourds à prévoir, qui freinent les acheteurs et augmentent leur marge de négociation.
Les appartements sont également touchés et la perte de valeur reste significative, atteignant -667€/m² à Nice, -660 €/m² à Bordeaux et -559€/m² à Strasbourg. Dans ces villes, les acheteurs intègrent désormais les coûts futurs liés à la performance énergétique, impactant directement le marché.
À Paris et Nantes,
l’effet du DPE est plus nuancé. Dans la capitale, le marché ultra-tendu limite
la prise en compte de l’étiquette énergétique, expliquant pourquoi un logement
A/B ne se revend pas plus cher et pourquoi la décote des passoires thermiques
reste modérée (-657€/m² sur les appartements).
À Nantes, c’est le manque de
biens bien classés qui empêche une valorisation réelle des logements A/B,
réduisant ainsi l’impact du DPE sur les prix.
Dans la majorité des
grandes villes, le signal est clair : les logements mal classés énergétiquement
se déprécient fortement, tandis que les biens A/B gagnent en attractivité.
Classement des grandes villes
dans lesquelles l’impact de l’étiquette énergétique est le plus important pour
une maison de 150 m².
|
Prix de
vente moyen pour une maison A/B |
Prix de
vente moyen pour une maison F/G |
Delta du
prix de vente (€) entre un F/G et A/B |
1.Bordeaux |
755 800 € |
501 637 € |
254 163 € |
2.Lyon |
956 802 € |
719 796 € |
237 006 € |
3.Montpellier |
733 311 € |
515 803 € |
217 507 € |
4.Toulouse |
712 248 € |
500 988 € |
211 260 € |
5.Strasbourg |
589 338 € |
391 198 € |
198 130 € |
6.Nice |
921 855 € |
729 103 € |
192 751 € |
7.Nantes |
688 800 € |
504 300 € |
184 500 € |
8.Lille |
510 345 € |
357 241 € |
153 103 € |
9.Marseille |
700 755 € |
554 233 € |
146 521 € |
10.Paris |
1 501 350 € |
1 501 350 € |
0,00 € |
Ce sont les maisons qui
enregistrent les écarts les plus marqués. En moyenne, une maison de 150 m²
notée F ou G se vend 180 000€ de moins qu’une maison équivalente notée A ou B.
Dans certaines grandes villes, la décote atteint des niveaux spectaculaires :
254 000€ à Bordeaux, 237 000€ à Lyon ou encore 217 000€ à Montpellier.
Classement des grandes villes dans lesquelles
l’impact de l’étiquette énergétique est le plus important pour un appartement
de 40m².
|
Prix de
vente moyen pour appartement A/B |
Prix de
vente moyen d’un appartement F/G |
Delta du
prix de vente (€) entre un F/G et A/B |
1.Nice |
227 816 € |
178 559 € |
49 258 € |
2.Strasbourg |
172 840 € |
126 650€ |
46 190 € |
3.Bordeaux |
190 210 € |
149 702 € |
40 508 € |
4.Toulouse |
166 224 € |
128 824 € |
37 400 € |
5.Montpellier |
162 768 € |
126 145 € |
36 623 € |
6.Marseille |
160 906 € |
126 115 € |
34 790 € |
7.Lyon |
189 304 € |
159 228 € |
30 076 € |
8.Lille |
144 418 € |
114 999 € |
29 418 € |
9.Paris |
375 400 € |
349 122 € |
26 278 € |
10.Nantes |
131 680 € |
113 245 € |
18 435 € |
Côté appartements, la décote reste significative : jusqu’à 49 000€ à Nice, 46 000€ à Strasbourg et
40
000€ à Bordeaux pour un appartement de 40 m². Ces montants représentent parfois
plus de 20% de la valeur du bien.
Une telle différence
s’explique par la typologie des maisons : plus grandes, plus exposées aux
variations de température, souvent chauffées de manière individuelle, elles
consomment davantage d’énergie. Ce niveau de consommation rend l’étiquette
énergétique particulièrement décisive au moment de l’achat. Elle pèse lourd
dans la négociation, car les acquéreurs, de plus en plus sensibles aux
questions de confort thermique et de coût d’usage, cherchent des biens sobres,
bien isolés et durables. Cette exigence se retrouve directement dans les prix
de vente.
Un critère de
valorisation devenu incontournable
Cette hiérarchie de
prix reflète un changement profond dans les attentes des acheteurs. Un logement
bien classé est désormais vu comme un investissement pérenne, économe en
énergie, donc plus sûr face à la hausse des charges et aux futures obligations
réglementaires. À l’inverse, une étiquette F ou G est perçue comme un risque
immédiat : coût de la rénovation, inconfort thermique, difficulté à louer.
Résultat : ces logements deviennent des biens à réhabiliter, soumis à forte
négociation.
Mais au-delà des
représentations, c’est une réalité économique qui s’impose à tous les niveaux.
Il ne s’agit plus d’un simple affichage : le DPE est un facteur économique
concret. Les propriétaires de passoires thermiques sont aujourd’hui doublement
pénalisés par la réglementation et par le marché. Vendre un bien mal classé,
c’est désormais accepter une décote pouvant représenter plusieurs dizaines,
voire centaines de milliers d’euros.
« Les Français n’ont plus le luxe de reporter leurs travaux. Le marché intègre désormais la performance énergétique comme un critère de valorisation à part entière. L’enjeu, c’est d’anticiper pour ne pas subir », conclut Jean-Régis de Vauplane, porte-parole d’Ithaque.