Face aux enjeux environnementaux croissants, la recherche scientifique française doit s’adapter et accélérer sa transformation. Dans ce cadre, CNRS Ingénierie, Aix-Marseille Université, l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC), l'École nationale supérieure d'arts et métiers (ENSAM), INSA Lyon et Sorbonne Université lancent officiellement l’Unité d’Appui et de Recherche (UAR) UTOPII – Unité Transdisciplinaire d’Orientation et de Prospective des Impacts Environnementaux.
Projet initié en janvier 2025, il
a pour objectif d’évaluer de façon exhaustive et de réduire les impacts
environnementaux liés à la recherche française, notamment dans le domaine de
l’ingénierie et des technologies émergentes, grâce à l’analyse du cycle de vie.
Vers une recherche plus
« verte » : un projet complémentaire aux initiatives déjà existantes
Depuis plusieurs
années, les acteurs de la recherche scientifique française ont mis en place des
initiatives pour réduire leurs impacts environnementaux. La constitution du
groupement de recherche (GDR) Labos 1point5 par le CNRS, INRAE, l’ADEME,
l’INRIA et Sorbonne Université, en fut l’une des premières étapes clés. Il vise
à collecter des données de premier plan, relatifs aux émissions de gaz à effet
de serre, liées au fonctionnement des laboratoires. Grâce à l’obtention de ces
résultats, des dispositifs d’accompagnement et de facilitation y sont
introduits pour garantir une réduction de l’empreinte environnementale.
Pour aller plus loin,
CNRS Ingénierie, Aix-Marseille Université, ENPC, ENSAM, INSA Lyon et Sorbonne
Université ont créé l’UAR UTOPII en janvier 2025, officiellement lancée le 1er
avril 2025, à l’École nationale des ponts et chaussées en présence de toutes
les parties prenantes de cette union.
L’UAR UTOPII : une
évaluation globale des impacts environnementaux de la recherche
L’avènement de l’UAR
UTOPII répond à un besoin urgent d’élargir les critères d’évaluation de la
recherche, et plus précisément de la recherche en ingénierie et relative aux
technologies émergentes, afin d’obtenir une vision plus précise de son
influence sur l’environnement. Il ne s’agit plus de se cantonner à un bilan de
gaz à effet de serre classique, mais d’y intégrer d’autres éléments comme la
consommation des ressources, la pollution et les émissions de substances
toxiques, la biodiversité ou encore les effets à long terme des innovations
technologiques. Cette initiative, originale et singulière dans le paysage
scientifique national, sera couplée aux travaux qui émergent sur le sujet au
niveau international, en particulier en Europe.
Mutualiser les bonnes
pratiques au sein des instances de recherche
Dans les faits, l’UAR
UTOPII repose sur deux axes stratégiques :
• Un volet recherche
Il a pour objectif de
provoquer l’émergence de nouvelles approches d’évaluation environnementale
multicritères, fondées sur l’analyse du cycle de vie. Cette méthodologie
multicritères et multi-étapes de produits et de services est reconnue à
l’échelle française et internationale et de plus en plus utilisée pour
l’analyse prospective. Elle complète les méthodes actuelles portant sur des
objets existants ou sur le périmètre du laboratoire, souvent monocritères,
comme le bilan de gaz à effet de serre.
Une approche systémique
est incluse dans ce processus, en prenant en compte différentes catégories
environnementales : ressources énergétiques, biodiversité, santé humaine… Grâce
à cette approche, les activités et les projets de recherche en ingénierie pourront
être analysés en tenant compte des impacts liés aux usages futurs des
innovations technologiques.
• Un volet appui
Fondés sur les
résultats du volet « Recherche », des services seront proposés – formation,
appui à l’auto-évaluation des projets, développement d’une base de données… ;
et déployés à un réseau de chercheurs et ingénieurs environnementalistes,
courroie de transmission entre l’UAR et les unités de recherche.
Les actions menées
seront donc établies en fonction des besoins remontés par les unités de
recherche, relevant de CNRS Ingénierie et en concertation avec les réseaux, des
groupes de recherche et d’institutions déjà existants et engagés dans les
démarches environnementales et l’éco-conception.
Elles auront pour effet de diffuser et mutualiser les bonnes pratiques et les méthodologies d’évaluation des impact environnementaux de la recherche en ingénierie.