14ème baromètre de « État de santé psychologique des salariés français » du cabinet Empreinte Humaine en partenariat avec Opinionway.
Réalisée entre le 27
février et le 18 mars 2025 auprès d'un échantillon représentatif de
2 030
salariés et 308 responsables RH, l’étude confirme que la santé psychologique
des salariés français se stabilise et reste fragilisée.
L'analyse se concentre
sur les principaux facteurs d'influence sur la santé mentale, notamment
l'impact croissant de l'individualisme au travail et les défis rencontrés par
les managers et responsables RH, eux-mêmes exposés à ces situations de
fragilisation des salariés.
Une santé mentale sous
pression : des chiffres qui persistent
Malgré une certaine stabilité par rapport aux précédentes vagues, les chiffres demeurent préoccupants. En ce début d’année, 45% des salariés sont en détresse psychologique, soit une augmentation de trois points par rapport à juillet 2024. Dans le détail, 13% présentent une détresse élevée (en léger recul de
2
points), tandis que le burn-out concerne désormais 31% de la population
active, en hausse d’un point. Si la proportion de burn-out sévères a légèrement
diminué (-1 point), ces niveaux témoignent d'une tension constante sur les
individus.
Les femmes (52%+ 8
pts), les jeunes de 30 à 39 ans (54% +24 pts) et les employés (53% +1pts)
restent les plus touchés.
Montée en flèche de
l’individualisme : un accélérateur de mal-être au travail
Autre enseignement
majeur : la montée de l’individualisme au travail, perçue par 60% des salariés
(7/10 des cadres). Un phénomène loin d'être anodin, puisqu'il augmente de 1,6
fois le risque de détresse psychologique. En cause d’après les répondants : un
manque criant de reconnaissance collective (44%), une pression accrue sur les
performances individuelles (39%) et une compétition exacerbée entre collègues
(30%).
Une dynamique délétère
qui nuit non seulement au bien-être mental mais aussi à la performance globale
de l’entreprise, comme le confirment 70% des répondants. Contrairement à une
idée largement répandue, seuls 14% attribuent cette montée à la généralisation
du télétravail. La véritable source du problème se trouverait donc dans les
pratiques managériales qui encouragent la performance individuelle via des
objectifs ou une compétition entre salariés au détriment de l'esprit d'équipe.
Internes ou externes :
quels sont les principaux facteurs d'influence ?
Le baromètre souligne
que près de 7 salariés sur 10 en détresse psychologique attribuent leur état à
leur environnement de travail. Plus que les facteurs exogènes, ce sont les
conditions internes à l’entreprise qui sont en cause, bien que certains
éléments extérieurs puissent avoir un impact direct. Ainsi, l'étude révèle que
34% des salariés estiment que l’arrivée de Trump au pouvoir aux USA favorise
l’expression d’une intolérance grandissante (propos racistes, sexistes,
intolérance concernant les orientations sexuelles…) dans leur entreprise, ce qui
peut directement impacter le climat de travail et, par conséquent, la santé
psychologique des employés.
Les responsables RH :
un rôle essentiel fragilisé par la pression
Au cœur de la
problématique, les responsables RH se retrouvent en première ligne face aux
enjeux croissants liés à la santé mentale au travail. 74% d’entre eux déclarent
gérer régulièrement des situations personnelles difficiles chez leurs
collaborateurs, telles que des problèmes familiaux ou sociaux. Par ailleurs, 70%
constatent une augmentation des cas d’épuisement et de burn-out dans leurs
entreprises. Malgré leur rôle central dans la prévention des risques
psychosociaux (RPS), seuls 76% estiment que leur fonction est exemplaire dans
ce domaine, et seulement 20 % jugent cette exemplarité totale. Un décalage
entre les attentes et la réalité qui fragilise leur capacité à agir
efficacement sur ces enjeux cruciaux.
Enfin, 9 RH sur 10
avouent être davantage dans une posture réactive que préventive face aux
problématiques de santé mentale. Seule la moitié des entreprises réalisent un
diagnostic régulier des Risques Psychosociaux, et seulement 35% des salariés
estiment que leur entreprise met en œuvre un plan d’actions de prévention. Un
manque de moyens et de soutien qui met en péril la capacité des RH et managers à
endosser pleinement leur rôle de garants du bien-être au travail.
Christophe Nguyen, Président du cabinet Empreinte Humaine et Psychologue du travail et des Organisations affirme : « Les indicateurs de santé mentale au travail que nous suivons restent constants et malheureusement très dégradés. Cette durée et chronicité d’exposition (depuis 5 ans) a autant d’impact que l’intensité de cette exposition. Il est donc fortement probable que, faute de prévention efficace (et d’un meilleur climat de sécurité psychologique), l’absentéisme au travail, les arrêts maladie pour motifs psychologiques en particulier, continuent à augmenter ou à rester à niveaux records dans les prochains mois en particulier pour les sous-populations les plus atteintes : les femmes, les jeunes et les employés.
Ces résultats montrent que ce sont bien sur l’environnement de travail qu’il faut agir, les facteurs exogènes (comme un monde VICA) n’ayant pas d’impact sur la santé mentale. Toutefois, l’arrivée de Trump crée des risques supplémentaires sur la santé mentale en renforçant l’expression d’une plus grande intolérance au travail (sexisme, racisme etc…) Ce n’est pas tant l’environnement international qui agit directement sur la santé mentale que ses conséquences concrètes dans le quotidien des salariés ».