• Plus que jamais, les Français vivent
dans une « société du risque ».
• L’assurance, ancrée
dans les territoires, est une force stabilisatrice et protectrice.
• Par ses
investissements, elle est un poumon de l’économie européenne.
Plus que jamais, les
Français vivent dans une « société du risque »
De l’Ukraine à Gaza,
les conflits se sont intensifiés à travers le monde en 2024, accentuant la
fragmentation et la polarisation de l’ordre mondial. La reconfiguration des
blocs de puissance, entre les États-Unis, la Chine et la Russie pourrait nuire
à l’Europe, tandis que le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis
marque un profond tournant.
Sur le plan économique,
l’Union européenne décroche. La croissance du PIB de la zone euro plafonne à
0,9% en 2024, loin derrière les États-Unis (2,8%) et la Chine (4,8%). Les
rapports Noyer, Letta puis Draghi ont tiré la sonnette d’alarme : la
compétitivité européenne s’essouffle, dans un contexte budgétaire dégradé. En
France, le déficit est supérieur à 6 % du PIB, bien au-delà des 4,4% prévus
dans le projet de loi de finances pour 2024. Conjuguée à l’instabilité
politique, cette situation a entraîné une chute des marchés et un recul du CAC
40 de – 2,2%.
Ces résultats s’inscrivent dans un contexte de montée des risques, en particulier climatiques. 2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, avec une moyenne de 15,1°C, soit +1,3°C par rapport à la normale. En France, 2024 a été l’une des 5 années les plus chaudes, à 13,9 °C. Les événements naturels sont à la fois plus intenses et plus fréquents : les ouragans Helene et Milton aux États-Unis ont coûté environ 50 milliards de dollars aux assureurs et les inondations en Europe
10 milliards de dollars. À l’échelle
mondiale, les pertes économiques dues aux évènements naturels sont estimées à
310 milliards de dollars en 2024, contre 241 milliards de dollars en moyenne
sur la période 2014-2023.
Plus que jamais, les
Français vivent donc dans une « société du risque », comme l’illustre la 8ᵉ
édition de notre cartographie prospective des risques de l’assurance, élaborée
par plus de 200 experts de l’assurance. Elle révèle, à un horizon de 5 ans, une
croissance généralisée des risques, en fréquence comme en sévérité. Pour les
Français, le sentiment de résilience post-Covid a laissé la place, cinq ans
après, à un sentiment de grande vulnérabilité. Le risque de guerre inquiète les
deux tiers d’entre eux, contre seulement la moitié l’année dernière. Ils sont
conscients des enjeux : 68% d’entre eux estiment qu’il pourrait y avoir des
difficultés à l’avenir pour assurer les risques climatiques, de
cybercriminalité ou de dépendance liée à l’âge, soit +15 points de pourcentage
depuis 2023. À titre personnel, ils souhaiteraient s’assurer en priorité contre
le risque de dépendance.
L’assurance est une
force stabilisatrice et protectrice ancrée dans les territoires
20 600 personnes ont
été recrutées dans les entreprises d’assurance en 2023, un record historique
qui compense largement les départs à la retraite. Les effectifs ont augmenté de
plus de 9 % sur 5 ans, soit deux fois plus vite que l’ensemble du secteur
privé. Au total, plus de 300 000 professionnels de l’assurance sont engagés au
service de la protection des Français sur l’ensemble du territoire.
En 2024, les assureurs ont géré 13 millions de nouveaux sinistres, soit 1 toutes les 2 secondes, dont
64 % en assurance automobile, 28% en habitation et 8% en assurance des
entreprises.
Le coût des événements
naturels en France en 2024 atteint 5,0 milliards d’euros, faisant de cette
année la 9e la plus coûteuse pour la profession. Au total, les inondations qui
ont frappé le Nord et le Pas-de-Calais entre novembre 2023 et janvier 2024 ont
coûté 430 millions d’euros. En l’espace de 13 mois, les îles françaises
d’Outre-mer ont été frappées par trois cyclones (les cyclones Belal puis
Garance à La Réunion et le cyclone Chido à Mayotte) pour un coût cumulé de près
d’un milliard d’euros. Les dommages causés par les tempêtes Kirk et Leslie et
les épisodes cévenols et méditerranéens à l’automne de l’année 2024 s’élèvent à
785 millions d’euros.
En assurance habitation, avec une année 2024 la plus pluvieuse et la moins ensoleillée depuis plus de
20 ans sur le territoire métropolitain, les dégâts des eaux ont
explosé dans les régions avec les plus forts excédents pluviométriques, ces
derniers faisant courir un risque fort de retrait-gonflement des argiles en cas
de forte sécheresse durant l’été 2025. En 20 ans, les indemnisations des dégâts
des eaux ont augmenté de 134% du fait de la hausse de la fréquence et du coût
moyen des sinistres. Elles représentent le premier poste de sinistres en 2024
en assurance habitation, néanmoins compensées par une moindre sinistralité pour
les garanties tempêtes/grêle/neige, incendie et vol.
Les montants des
sinistres en assurances des professionnels et des entreprises ont augmenté de 9%
en 2024. La charge des sinistres graves est en hausse de +64 % par rapport à la
moyenne 2014-2022, notamment en raison des émeutes en Nouvelle-Calédonie qui
ont coûté 945 millions d’euros au total. Le nombre de contrats cyber pur
progresse de 23%. Par ailleurs, près de la moitié des entreprises françaises
ont constaté au moins une cyberattaque en 2024, avec un impact sur leur
activité pour les deux tiers d’entre elles.
Si le nombre de
contrats d’assurance des collectivités locales est resté stable en 2024, les
assureurs alertent les pouvoirs publics sur leur exposition croissante aux
violences urbaines et aux risques climatiques. Plusieurs missions se sont
penchées sur cette question et convergent vers des solutions auxquelles France
Assureurs contribue en travaillant avec les pouvoirs publics, par exemple dans
le cadre du PNACC 3 et avec l’Association des Maires de France.
En assurance
automobile, les coûts moyens de réparation subissent une très forte inflation
depuis 5 ans. Par exemple, le coût moyen des optiques de phares a bondi de 70%
en 4 ans. Les assureurs proposent d’accélérer le développement des filières de
réemploi, car les pièces recyclées ne représentent aujourd’hui que 5,3% des
pièces remplacées. Ils proposent également de réglementer les barèmes de
capitalisation pour harmoniser les indemnisations des victimes de dommages
corporels, ces barèmes n’ayant pas été revus depuis le vote de la loi Badinter
en 1985.
Enfin, entre
pluviométrie excédentaire et faiblesse de l’ensoleillement, la sinistralité
agricole a atteint un niveau record de 794 millions d’euros en 2024. Les
surfaces assurées progressent légèrement (+0,5%), consolidant la très forte
croissance enregistrée en 2023 (+37%). Les assureurs sont en attente de l’avis
de l’Autorité de la Concurrence sur la mise en place du groupement de
co-réassurance.
96 % des Français sont
couverts par une complémentaire santé. Pour la première fois, leur résultat
technique a été déficitaire en 2023 selon la Drees. En 2024, 5 mesures
nouvelles les ont impactées pour près d’1 milliard d’euros, soit 3 % des
prestations, dont la principale concerne le transfert de dépenses sur les soins
dentaires. En 2025, la revalorisation des consultations des médecins va leur
coûter 290 millions d’euros. La hausse des dépenses de santé conjuguée à une
dérive observée ces dernières années et aux mesures nouvelles a un impact de
+7,3 % sur les prestations.
À la dérive des
dépenses de santé s’ajoute celle de l’absentéisme : en 2024, le nombre de jours
d’arrêts de travail est resté supérieur de 12 % au niveau tendanciel des années
pré-Covid.
Au total, en 2024 les
prestations sont en hausse de +10 % en santé et +24 % en prévoyance. Ceci
s’explique par les effets du vieillissement de la population, du 100 % santé,
de la fraude mais aussi de la dérive des arrêts de travail. Pour 2025, le
surcoût du désengagement de la sécurité sociale sur les indemnités journalières
est estimé à 800 M€ en prévoyance pour les assureurs.
À la fin du mois de janvier 2025, l’encours de l’assurance vie a dépassé pour la première fois le seuil des 2 000 milliards d’euros. Avec près de 40 % des ménages détenteurs et 40 millions de bénéficiaires, l’assurance vie est un produit d’épargne populaire. En 2024, son rendement moyen a atteint 3 %, bénéficiant de la performance de +4,1% des supports en unités de compte et supérieur d’un point de pourcentage à l’inflation. Le Plan d’Epargne Retraite (PER) assurantiel compte déjà près de 7 millions d’assurés en 5 ans et enregistre une collecte nette de près de 10 milliards d’euros en 2024. Près de
30% des nouveaux adhérents d’un PER
individuel ont moins de 40 ans, un signe de son potentiel pour développer la
retraite supplémentaire en France, qui reste encore très marginale (2% des
prestations totales, soit le pourcentage le plus faible des pays de l’OCDE).
L’assurance est un
poumon de l’économie européenne
Les assureurs français
investissent à 80% en France et dans les pays de la zone euro. En parallèle, la
France est le premier pays destinataire, à hauteur de 26%, des 8 000 milliards
d’euros d’investissements des assureurs européens, soit l’équivalent de 53 % du
PIB de la zone euro. Ces chiffres expliquent la place incontournable que doit
jouer l’assurance vie dans le projet d’Union de l’épargne et des investissements
porté par la Commission européenne. Les assureurs français et européens
plaident donc pour une labellisation des produits d’épargne et une mise en
cohérence de l’ensemble des textes et initiatives européens.
En 2024, les
investissements des assureurs français ont progressé de +2,4%, pour atteindre 2
609 milliards d’euros au total. Près des deux tiers financent les entreprises :
24% en actions, 34% en obligations et 5% en immobilier. 618 milliards d’euros,
soit 24% du total, sont investis en titres d’administrations publiques. La part
de l’investissement dans les entreprises a augmenté de 12 points de pourcentage
en 20 ans. Le secteur de la défense accueille au total 20 milliards d’euros
d’investissements des assureurs. Enfin, près de 16 milliards d’euros ont été
investis grâce à des programmes de place pour soutenir l’économie française.
Face au dérèglement
climatique, les assureurs contribuent activement au financement de l’économie
bas carbone : en 4 ans, la part des investissements verts des assureurs a plus
que doublé, passant de 3,9% à 8,3% de l’ensemble des actifs gérés. Ils
détiennent 22,6% des obligations souveraines vertes (OAT), soit 13,2 milliards
d’euros, contre 11% de l’ensemble des OAT françaises.
Enfin, les assureurs
terminent l’année avec un ratio de solvabilité plus de deux fois supérieur aux
exigences réglementaires.
Selon Florence Lustman, présidente de France Assureurs : « Alors que de profonds bouleversements économiques et géopolitiques sont en cours sous nos yeux, les Français vivent plus que jamais dans une « société du risque ». Dans ce contexte, l’assurance, ancrée dans les territoires, représente une force stabilisatrice et protectrice. Les assureurs sont en effet des acteurs stratégiques tant du développement économique local que de la souveraineté européenne. Le marché français de l’assurance a progressé en 2024 et conserve sa première place en Europe. Sa grande solidité, bien au-delà des exigences réglementaires, lui permet de jouer le rôle de poumon de l’économie européenne et de contribuer aux côtés des pouvoirs publics aux politiques de prévention indispensables face à la montée des risques. »