Les catastrophes
climatiques se multiplient et bouleversent l’économie mondiale. Tempêtes,
tornades, incendies et inondations mettent en péril non seulement les
populations, mais aussi la stabilité du secteur bancaire. Face à ces risques
croissants, les banques doivent adapter leurs stratégies pour limiter les
impacts économiques et systémiques.
Quatre économistes,
dont Rong Ding, enseignant-chercheur et professeur de comptabilité à NEOMA
Business School, montrent, dans une étude publiée dans l’European Journal of
Finance, comment les établissements financiers peuvent atténuer ces risques en
diversifiant leurs prêts et en intégrant les enjeux climatiques dans leurs
évaluations.
Catastrophes climatiques et instabilité financière : un lien de plus en plus visible.
Les catastrophes
climatiques bouleversent l’économie mondiale et fragilisent le secteur
bancaire. Une étude menée par quatre économistes, dont Rong Ding,
enseignant-chercheur et professeur de comptabilité à NEOMA Business School,
analyse leur impact croissant sur la stabilité bancaire et les mécanismes
financiers qu’elles perturbent. En examinant les données économiques et
climatiques, les chercheurs montrent que ces événements augmentent les risques
de défaut de paiement et mettent sous tension les marchés financiers, exposant
ainsi les banques à des défis inédits. « Les banques ne peuvent plus ignorer
ces bouleversements. Elles doivent revoir leur modèle économique pour survivre
», affirment les auteurs. L’étude met en évidence les stratégies bancaires
visant à limiter la propagation des risques et à préserver la stabilité du
système financier. Plus une banque est exposée aux emprunteurs touchés par des
catastrophes, plus elle court un risque de non-remboursement, fragilisant
l’ensemble du secteur. Les chercheurs se sont notamment penchés sur les « prêts
syndiqués inter-États », où plusieurs États s’associent pour emprunter des
montants élevés. Ce mécanisme, lorsqu’il est mal anticipé, peut amplifier la
crise et provoquer un effet domino aux répercussions systémiques.
Un indice pour évaluer
l’exposition des banques aux risques climatiques.
Pour affiner leur
analyse, les chercheurs ont croisé des indicateurs des dégâts causés par les
catastrophes climatiques – nombre de morts, pertes financières, destruction de
biens – avec des outils d’évaluation du risque de non-remboursement bancaire.
Cette approche leur a permis de quantifier précisément les effets des aléas
climatiques sur la solvabilité des établissements financiers. « Il s’agit de
la première fois que nous établissons un lien aussi précis entre exposition
climatique et pertes financières anticipées », précisent les
chercheurs. L’objectif est d’élaborer
un indice d’exposition au risque climatique, permettant d’identifier les
régions les plus vulnérables et d’anticiper les difficultés des banques à
récupérer leurs prêts dans ces zones. Les résultats sont sans équivoque :
lorsque l’exposition au risque climatique augmente d’un écart-type (une unité
de mesure statistiquement significative), tous les indicateurs passent au rouge
pour les établissements créditeurs. Les chercheurs soulignent notamment une augmentation
du « déficit marginal attendu » – la perte moyenne qu’une banque peut
s’attendre à subir dans les pires scénarios – de 14,7% à court terme et de 1,3%
à long terme. La perte maximale probable, que les économistes appellent la «
valeur à risque », progresse de façon similaire, de même que la possibilité
d’une déstabilisation du système financier dans son ensemble (« contribution au
risque systémique »). Des différentes analyses chiffrées établies par les
chercheurs, émerge une conclusion : c’est bien la corrélation statistique entre
catastrophe climatique, emprunts non remboursés et déstabilisations de
l’économie qui doit alerter.
Comment les banques peuvent se protéger des impacts climatiques ?
L’étude identifie des
banques plus résilientes, que ce soit par leur gestion à long terme ou leurs
réactions aux crises. Lorsqu’une catastrophe frappe des emprunteurs, certains
établissements adoptent une stratégie prudente : réduction temporaire de l’activité
de prêt et constitution de réserves d’argent pour compenser les pertes futures.
« Cette prévoyance semble atténuer les effets néfastes et préserver la
stabilité financière », notent les chercheurs. Les banques les plus
rentables en temps normal bénéficient d’un matelas de sécurité leur permettant
d’amortir les conséquences des catastrophes climatiques. « Nos résultats
montrent qu’une gestion proactive et une meilleure anticipation des risques
climatiques sont essentielles pour assurer la résilience du secteur »,
soulignent les chercheurs. De plus, « l’intégration systématique d’un indice
d’exposition au risque climatique dans les évaluations des établissements
financiers pourrait constituer un levier stratégique important », insistent
les auteurs.
Dans ce contexte, les banques centrales et les régulateurs financiers intensifient les tests de résistance climatique pour mieux anticiper les vulnérabilités du système bancaire. « L’avenir exige une politique plus prévoyante et adaptée aux nouveaux risques climatiques », conclut l’étude.