En 2025, l’ACPR poursuivra son programme de travail sur les quatre
axes principaux adoptés par le Collège de supervision :
- Surveiller l’évolution des risques pour
assurer la solidité du secteur financier dans un environnement politique,
économique et financier incertain,
- Développer notre approche par les risques et
mener des travaux de simplification de la supervision et de la réglementation,
- Accompagner le secteur et réduire les
vulnérabilités structurelles de manière proactive,
- Renforcer la supervision des risques
d’inconduite et des dispositifs de lutte contre le blanchiment des capitaux et
le financement du terrorisme (LCB-FT).
« En 2024, face à un
contexte économique et politique incertain, les banques et les assurances ont
fait preuve de résilience. Cette solidité témoigne de l’efficacité du cadre
prudentiel mis en œuvre en Europe et en France, alors que l’année 2025 s’ouvre avec
de nouvelles incertitudes, comme un possible assouplissement de la régulation
outre-Atlantique. Dans cet environnement, l’ACPR placera l’approche par les
risques et la simplification au cœur de ses travaux réglementaires et actions,
tout en conservant les fondamentaux de son modèle de supervision. Au-delà de la
surveillance des risques traditionnels, nos chantiers seront nombreux, avec
notamment l’entrée en vigueur progressive de DORA, la poursuite des travaux sur
le risque climatique, la supervision en matière de LCB-FT des crypto-actifs et
de la finance désintermédiée ou décentralisée », commente Nathalie
Aufauvre, Secrétaire générale de l’ACPR.
Les axes de travail de
l’ACPR reposent sur l’évaluation des risques du système financier français,
conduite conjointement avec la Banque de France et publiée dans le rapport de
stabilité financière en décembre 2024. Ils intègrent également les priorités de
contrôle du Mécanisme de surveillance unique (MSU), du Conseil de résolution
unique (CRU), de l’Autorité bancaire européenne (ABE) et de l’Agence européenne
des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP).
• Axe 1 : Assurer la
solidité du secteur financier dans un environnement politique, économique et
financier incertain
Face à la hausse des
risques géopolitiques,
l’Autorité suivra l’évolution du contexte international. Elle sera attentive
aux risques de contagions macro-financiers et évaluera les risques financiers
liés à la volatilité des marchés et des matières premières. Le développement
des crypto-actifs et les risques associés seront aussi examinés par l’ACPR.
L'ACPR suivra avec
attention l’exposition des institutions financières aux éventuels impacts d'une
forte volatilité des prix des actifs et des spreads de taux d’intérêt.
Dans un environnement
de taux d'intérêt qui évolue, l’Autorité sera attentive à l'évolution de la
marge nette d’intérêt (MNI) des banques françaises et leur stratégie de gestion
du risque de taux. Elle suivra aussi l’impact de l’environnement macro-financier
sur les établissements de paiement et les établissements de monnaie
électronique. En particulier, elle s’intéressera à la pérennité des modèles
d'affaires et la capacité des établissements de paiement à accéder à des
financements.
Face à la hausse des
défaillances des entreprises et au niveau toujours élevé de leur
endettement, l'ACPR poursuivra son évaluation de la qualité des actifs des
banques et de leurs pratiques de provisionnement. Elle analysera également leur
exposition aux secteurs ou activités identifiés comme vulnérables, notamment
l’immobilier commercial et la finance à effet de levier.
Dans le secteur
bancaire,
l’ACPR et le MSU collaboreront dans le cadre du stress-test conduit tous les
deux ans sous l’égide de l’ABE. Ce stress-test sera l’occasion de suivre
l’évolution des risques du secteur de manière globale.
Dans le secteur de
l’assurance,
l’Autorité continuera de suivre de près la gestion du risque de taux et des
écarts de duration actif/passif. Une attention sera portée aux organismes les
plus exposés à la conjoncture, notamment les acteurs spécialisés dans
l'assurance-construction ou l'assurance-crédit.
En assurance vie, elle étudiera les
variations de la rémunération servie au titre de 2024 et continuera à
surveiller l’évolution de la collecte et ses effets sur la solvabilité et la
liquidité des organismes, y compris à moyen terme. En assurance non vie, elle
s’assurera de la prise en compte de l’inflation dans la modélisation des
engagements des assureurs.
Enfin, afin de mieux
tenir compte des risques liés aux interconnexions du secteur financier,
notamment avec les acteurs non bancaires (NBFI), l’ACPR collabore avec la
Banque de France et l’AMF pour la réalisation d’une cartographie en vue d’un
suivi continu. L’Autorité travaille également, conjointement avec la Banque de
France et l’AMF, à la faisabilité d’un exercice pilote avec une variété
d’acteurs financiers afin de mieux comprendre la nature de ces risques et leur
propagation. Cet exercice exploratoire n’aura pas de visée réglementaire.
• Axe 2 : Développer
notre approche par les risques et mener des travaux de simplification de la
supervision et de la réglementation,
L’ACPR accentuera son
approche par les risques et apportera des simplifications dans les domaines de
supervision relevant de sa responsabilité. Selon cette approche, qui vise à
renforcer son efficacité, les contrôles sont adaptés en fonction des priorités
de supervision, du profil de risque des établissements et de l’impact d’une
défaillance de l’établissement supervisé. L’innovation continuera d’être mise
au service des outils de supervision et de l’élaboration des méthodes de
contrôle de demain. À cette fin, l’Autorité veillera notamment à l’amélioration
de la qualité de ses données et s’attachera à valoriser leur exploitation.
Les équipes de l’ACPR
seront pleinement mobilisées dans les travaux de simplification du cadre
réglementaire en lien avec le nouvel agenda européen. Elles seront engagées
dans les négociations des projets de directives DSP3 et FIDA, le règlement sur
l’IA et la revue du cadre macro-prudentiel. L’Autorité finalisera par ailleurs
les chantiers réglementaires en cours, par exemple avec la mise en œuvre du
nouveau cadre applicable aux gestionnaires de crédit et du règlement EMIR.
• Axe 3 : Accompagner
le secteur et réduire les vulnérabilités structurelles de manière proactive
Concernant les travaux
réglementaires internationaux en cours, l'ACPR continuera d’accompagner les banques
dans la mise en œuvre du paquet bancaire CRD6/CRR3 et de suivre l’application
de Bâle III hors de l’Union européenne (notamment aux États-Unis), élément clé
de la stabilité financière. Pour le secteur des assurances, la révision de la
directive Solvabilité II et des dispositions relatives au redressement et à la
résolution des entreprises d’assurance et de réassurance feront aussi l’objet
d’un suivi attentif. Enfin, l’Autorité s’assurera de la conformité des acteurs
financiers aux règlements MiCA et DORA.
Engagée pour le climat, l'ACPR poursuivra
notamment son action en vue du développement des plans de transition qui jouent
un rôle essentiel dans la définition de la stratégie des institutions
financières face au défi climatique. Elle s’attachera à suivre les conclusions
du stress-test conduit en 2024 avec les organismes d’assurance français
(notamment sur les risques physiques et la question de l’assurabilité) comme
celles de l’exercice « fit for 55 » qui a mobilisé l’ensemble du système
financier européen. Soucieuse de continuer à progresser dans l’analyse et la
gestion des risques climatiques, elle contribuera aux travaux de l’ABE et du
MSU sur le développement d’un exercice de stress-test climatique régulier afin
d’évaluer la résilience du secteur bancaire de l’Union européenne et sa
capacité à accompagner la poursuite des objectifs de l’Accord de Paris et à
mettre en œuvre la stratégie européenne de transition.
L’ACPR suivra la
performance des modèles économiques des entités financières supervisées, notamment dans un
contexte de digitalisation croissante. Elle exercera également un suivi des
conglomérats financiers et analysera la structure et la résilience de leurs
résultats. Du côté du secteur de l’assurance, les risques liés au recours à
l’externalisation comme à une ou plusieurs strates d’intermédiation feront
l’objet d’un suivi particulier, notamment pour s’assurer d’une bonne maîtrise
de l’ensemble de la chaîne de valeur par les porteurs de risque et en apprécier
l’équilibre économique.
Les risques associés
aux nouvelles technologies continueront à faire l’objet d’un suivi particulier. La
priorité sera la mise en place de DORA afin de mieux prévenir le risque cyber
et de renforcer le contrôle des prestataires de services informatiques. En
parallèle, l’ACPR surveillera les risques opérationnels (par exemple liés aux
applications ayant recours à l’intelligence artificielle ou les risques liés à
une qualité des données insuffisante).
• Axe 4 : Renforcer la
supervision des risques d’inconduite et des dispositifs LCB-FT
En matière de
protection des particuliers, l’Autorité continuera ses actions de
prévention des escroqueries financières, en lien avec l’AMF et les pouvoirs
publics. Le respect des intérêts de la clientèle dans la conception et la
commercialisation des produits bancaires et d’assurance constituera toujours un
point d’attention. Pour l’assurance non vie, les produits à faible valeur
ajoutée, notamment affinitaires et para-bancaires, feront l’objet d’une analyse
approfondie. Concernant l’assurance vie, l’Autorité poursuivra ses travaux sur
le rapport qualité/prix (Value For Money) notamment au vu du couple
frais/performance des unités de compte ouvertes à la commercialisation,
conformément aux engagements pris par la profession à ce sujet. Face au risque
d’éco-blanchiment, l’ACPR maintiendra ses contrôles sur l’intégration des
préférences ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) dans les
produits et argumentaires de vente des acteurs financiers.
Dans le contexte de la
mise en place de la nouvelle Autorité européenne de lutte contre le
blanchiment des capitaux (Anti-Money Laundering Authority, ou AMLA), l’ACPR
contribuera activement à l’élaboration du modèle de supervision européenne et à
la finalisation des réglementations en matière de LCB-FT. L’Autorité adaptera
progressivement ses pratiques pour accompagner le nouveau modèle européen. Elle
représentera la France au conseil général « supervision » de cette Autorité et
accompagnera la Place de Paris dans la création de cette nouvelle structure
européenne.
En matière de supervision des dispositifs LCB-FT, l’ACPR finalisera le déploiement du nouveau questionnaire adopté en 2022 et se préparera, avec les acteurs de la Place, au futur reporting AMLA. L’Autorité élargira la mise en œuvre de son approche de supervision par les risques sur le périmètre
LCB-FT et déploiera cette supervision dans le secteur des crypto-actifs et de la finance désintermédiée ou décentralisée en s’appuyant sur des outils d’analyse transactionnelle.
Enfin, l’ACPR réalisera des enquêtes thématiques et sectorielles afin de suivre l’évolution des risques
(ex. : blanchiment de fraude) ou des marchés avec par
exemple le développement de nouveaux modèles comme le banking as a service.
Enfin, trois grandes
priorités ont été définies et adoptées par le Collège de résolution :
• Priorité 1 :
S’inscrire dans la stratégie 2028 du Conseil de résolution unique
L’ACPR intégrera dans
la dynamique de sa direction de la résolution la mise en œuvre de nouveaux
outils, en particulier le lancement de missions d’inspections sur place.
• Priorité 2 :
Renforcer l’expertise de l’ACPR en matière de résolution des assurances
Dans le cadre de sa
compétence en matière de résolution des assurances et afin de conforter son
expertise sur ce sujet, l’Autorité continuera de préparer la mise en œuvre de
la directive européenne IRRD (Insurance Recovery and Resolution Directive)
relative au rétablissement et à la résolution des organismes d’assurance
adoptée en avril 2024 par le Parlement européen.
• Priorité 3 :
Poursuivre la stratégie d’influence de l’ACPR
L’ACPR poursuivra sa stratégie d’influence notamment avec de nouvelles analyses horizontales dans le domaine bancaire (sur la séparabilité et le lancement de travaux sur les mécanismes de soutien intra groupe), dans le domaine des assurances (stratégie de point d’entrée unique ou multiple) et dans le domaine des conglomérats financiers.