« Depuis 2014, les
notaires pointent du doigt une corrélation directe entre la classe DPE et les
prix de l’immobilier. Les biens énergétiquement performants attirent davantage
d’acheteurs et s’inscrivent comme des investissements durables et pérennes. Tout
comme en 2023 avec l’interdiction des « super passoires » de classe G+ (plus
450kWh par m² d’énergie finale), depuis janvier 2025, l’interdiction de louer
les logements classés G renforce cette dynamique », observe Sylvain
Lefevre, président de Synergiec.
Depuis le 1er janvier
2025, le DPE s’impose comme un élément clé de décision, à l’instar de l’étage
ou de l’exposition. Étalon de la performance énergétique des logements, il est
le reflet de leur consommation d’énergie et de leur impact environnemental. À
ce titre, il joue aujourd’hui un rôle clé dans la valorisation des biens, à
travers « la valeur verte ».
Dans un contexte de
durcissement de la réglementation, les enjeux de rénovation énergétique
s’imposent non seulement pour répondre aux exigences de la loi, mais aussi pour
préserver, voire augmenter la valeur vénale des biens. Au dernier quadrimestre
2024, la tendance s’est inversée : les propriétaires manifestent désormais un
intérêt croissant pour des solutions de rénovation énergétique dont le DPE est
le mètre étalon. Deux facteurs majeurs expliquent ce changement :
l’augmentation du coût de l’énergie et la volonté de préserver la valeur vénale
de leur patrimoine.
La valeur verte : outil
économique et enjeu patrimonial
A la croisée des
chemins entre information environnementale et outil économique, le DPE
influence directement l’estimation et le prix de vente des biens immobiliers.
L’inaction a un coût : ne pas engager de travaux de rénovation, c’est exposer
son bien à une perte progressive de valeur, connue sous le nom de « décote
brune ». Les biens classés G ou F, souvent affublés du surnom de « passoires
thermiques », se vendent à des prix nettement inférieurs au marché. Cette
décote s’accroît à mesure que les exigences environnementales se durcissent.
A titre d’exemple, un
appartement situé à Montpellier en Occitanie, classé F et évalué à 215 000€,
pourrait perdre 5% de sa valeur en trois ans sans rénovation, pour atteindre
204 250€. En revanche, des travaux permettant d’atteindre la classe D feraient
grimper sa valeur à 226 000€ (+11 000€).
La rénovation
énergétique va au-delà d’une simple mise en conformité : elle améliore aussi le
confort thermique, la durabilité des équipements et garantit une meilleure
qualité de vie, permettant ainsi à des biens de répondre aux exigences
actuelles des acquéreurs et du législateur !
Copropriétés : une
action collective au bénéfice de tous
Dans une copropriété,
la rénovation énergétique ne se limite pas aux parties privatives. Les travaux
sur les façades, toitures ou systèmes de chauffage collectifs bénéficient à
l’ensemble des propriétaires, tout en augmentant la base de valeur commune des
appartements.
Dans cette copropriété montpelliéraine datant des années 70 ayant rénové son isolation et remplacé sa chaudière collective, on a constaté une hausse de plus de 5% de la valeur des appartements lors de reventes dès la fin des travaux.
Ces travaux profitent à
l’ensemble des copropriétaires et valorisent la base patrimoniale collective,
offrant des opportunités de revente ou de location nettement plus avantageuses
dans les territoires n’ayant pas mis en place un dispositif d’encadrement des
loyers.
Pour les
copropriétaires, le coût des travaux peut aussi être allégé grâce à des
dispositifs financiers et des aides.
Reprenons l’exemple de l’appartement situé à Montpellier, initialement classé F et évalué à 215 000€
Montant des travaux
permettant de passer de la classe F à D : 25 000€
Aides disponibles
- MPR (MaPrimeRénov’) Copropriété (gains de 50% avec bonus « Sortie de passoire ») : 13 750€
- Certificats
d’Économie d’Énergie (CEE) : 6 200€
Reste à charge : 5 050€
- Peut être réduit à 2 050€ ou 3 550€ si le propriétaire est classé comme « très modeste » ou « modeste » au sens de l’Anah.
- Peut être financés via un Eco-PTZ collectif (31,45€/mois sur 20 ans pour 5 050€, 14,79€/mois pour
3 550€ et 8,54€/mois pour 2 050€).
Ces investissements
permettent de gagner 11 000€ de valorisation tout en évitant une perte de 10
750€ sur trois ans, dans un scénario d’inaction.
Une méthode rigoureuse
pour une prise de décision éclairée
Des acteurs comme
Hebert Expertises (cabinet d'expertise immobilière) et Synergiec offrent des
outils précis pour mesurer l’impact des travaux sur la valeur vénale des biens.
Leur approche repose sur la comparaison de trois scénarios :
• Valeur actuelle (sans
travaux)
• Valeur après travaux
• Valeur après inaction
(valeur décroissante aux alentours de 5% sur les 3 prochaines années).
Cette transparence
permet aux copropriétaires d’évaluer clairement le retour sur investissement et
de prendre des décisions éclairées, en tenant compte des implications
financières à court et long terme.
Un enjeu stratégique
pour l’immobilier
La rénovation énergétique dépasse la seule quête d’économies d’énergie. Elle est devenue un levier patrimonial incontournable, garantissant la pérennité et la compétitivité des biens sur le marché immobilier. Dans un contexte où les attentes des acquéreurs convergent avec les exigences environnementales, anticiper ces transformations est un choix stratégique autant qu’économique.