Le point de vue de Léa Paolacci, chargée d’études FLASHS
L’étude Flashs pour Nalo.fr met en évidence des obstacles
sociaux et économiques profonds dans la gestion de l’épargne en France, où une
large partie de la population éprouve des difficultés à constituer une épargne
régulière.
Les plus modestes sont
confrontés à des contraintes financières qui rendent l’épargne quasi
inaccessible. Cela entraîne une pression supplémentaire pour ces foyers, qui
peinent à se constituer un coussin de sécurité face aux imprévus. Cette
situation est encore plus marquante chez les femmes, qui, en plus de ces
contraintes économiques, se retrouvent plus concernées par l’épargne familiale.
Les inégalités se
reflètent également dans les choix d’épargne : les jeunes privilégient des
projets personnels immédiats, souvent au détriment de leur avenir financier,
comme la retraite, adoptant ainsi une approche moins sécurisée et plus
spontanée.
On retrouve également
une inquiétude généralisée quant à l’insuffisance de l’épargne, avec de
nombreux regrets sur la gestion de leurs finances, marqués par l’incapacité à
épargner suffisamment ou par des priorités de consommation qui nuisent à
l’épargne.
Une majorité de
Françaises et de Français peinent à mettre de l’argent de côté, notamment les
plus modestes et les femmes.
61% des Français
éprouvent des difficultés pour épargner chaque mois ;
C’est le cas de 74% de
ceux gagnant moins de 1 300€ nets par mois contre 44% de ceux dont les revenus
sont supérieurs à 2 500€ ;
Les femmes (68%)
peinent plus à mettre de l’argent de côté que les hommes (55%).
Très répandus, les
produits d’épargne dépendent clairement du niveau de revenus de celles et ceux
qui les souscrivent.
Plus de 8 Français
sur 10 disposent d’au moins un produit d’épargne ;
Si 93% des catégories
aisées (plus de 2 500€/mois) ont au moins un produit d’épargne, ce n’est le cas
que pour 63% des catégories modestes (moins de 1 300€/mois) ;
29% des personnes
interrogées parviennent à épargner tous les mois ;
53% des répondants
citent les banques comme principale source d’informations financières ;
31% des 18-24 ans s’en
remettent à leur famille ou à leurs amis pour s’informer sur les
placements.
Précaution, moindres
risques et moyen terme
L’épargne de précaution
figure en tête des objectifs en termes de placements, suivie par le financement
de projets personnels de type loisirs, particulièrement chez les plus jeunes.
60% des épargnants ont
pour objectif de créer une épargne de précaution ;
37% (dont 40% des
femmes et 33% des hommes) mettent également de l’argent de côté pour des
projets personnels de type loisirs ;
Les femmes sont plus
nombreuses que les hommes (24% contre 13%) à dire qu’elles épargnent pour
l’éducation des enfants ;
Les 18-24 ans se
soucient moins de leur future retraite (16% contre 48% chez les plus de 45
ans), mais privilégient davantage les projets personnels (55% sont dans ce
cas).
En matière d’épargne,
les Français(e)s tablent majoritairement sur la sécurité et le moyen
terme.
85% des Français
préfèrent des produits d’épargne sécurisés plutôt que des placements plus
profitables, mais plus risqués ;
La durée
d’immobilisation du capital la plus couramment choisie – 50% des épargnants
sont dans ce cas - est celle qui court de 3 à 10 ans. Un tiers (36%)
s’inscrivent dans le court terme à moins de 3 ans, tandis que 14% visent au
contraire une échéance au-delà des 10 ans.
Les plus de 65 ans sont
les plus nombreux à souscrire des produits d’épargne sur le court terme. 51%
l’indiquent, soit 15 points de plus que la moyenne des personnes
interrogées.
Projets abandonnés et
regrets
Plus de 4 épargnants
sur 10 disent que le montant de leur épargne ne suffit pas à leur donner le
sentiment d’être en sécurité financière.
Plus de 6 Français sur
10 (62%) ont déjà renoncé à un projet important faute d’une épargne suffisante.
39% disent que cela leur est arrivé plusieurs fois.
43% des répondants
jugent le montant de leur épargne insuffisant pour leur procurer un sentiment
de sécurité financière ;
Les plus modestes et
les 35-44 ans sont ceux qui sont les moins sereins : 60% parmi les revenus
inférieurs à 1 300€ nets par mois et 53% des Millennials en font état ;
En revanche, les plus
de 55 ans ne sont que 35% à ne pas se sentir sécurisés par leur épargne.
Une large majorité fait
état de regrets vis-à-vis de la conduite de leur épargne au cours de l’année
écoulée.
7 Français sur 10 (69%)
affichent des regrets quant à la façon dont ils ont géré leur épargne en 2024
;
Plus du quart (26%)
d’entre eux estiment qu’ils n’ont pas assez placé d’argent, faute de ressources
suffisantes ;
18% constatent par ailleurs qu’ils ont privilégié les dépenses personnelles à l’épargne qu’ils auraient pu constituer.