Eclairage de Sophie Piot, experte en stratégie RH et transformation organisationnelle du Cabinet Julhiet Sterwen.
La directive européenne
sur la transparence des salaires, adoptée en 2023, marque un véritable tournant
pour les entreprises. Avec pour objectif principal de réduire les inégalités
salariales entre hommes et femmes, elle bouleverse les pratiques de rémunération
en imposant davantage de transparence et de responsabilité. Cette
transformation, à la fois culturelle et organisationnelle, pourrait bien
redéfinir durablement le monde du travail.
C’est dans ce contexte
complexe et riche de défis que Sophie Piot, experte en stratégie RH et
transformation organisationnelle au sein du Cabinet Julhiet Sterwen, se propose
d’apporter son éclairage. Forte d’une expérience de terrain et d’une
compréhension fine des enjeux, elle accompagne les entreprises dans cette
mutation et éclaire sur les implications concrètes de la directive.
Un sujet au croisement
de la justice sociale et de la performance économique
La question de la transparence salariale ne se limite pas à un enjeu de conformité légale. Elle touche des thématiques majeures qui résonnent au cœur de la société et de l’économie :
• Inégalités salariales
dévoilées :
À partir de 2026, chaque salarié pourra comparer son salaire à celui de ses
collègues. Les écarts, jusque-là invisibles, seront exposés, posant de
véritables risques de tensions internes, de démotivation et de désengagement.
• Un impact global sur
les entreprises :
Repenser les politiques de rémunération implique une révision complète des
processus de recrutement, de négociation salariale, et d’évaluation des
performances. Les entreprises doivent anticiper et structurer leurs outils pour
éviter une crise interne.
• Les managers en
première ligne :
Face à cette nouvelle ère de transparence, les managers devront justifier les
écarts salariaux avec clarté et cohérence, au risque de perdre la confiance de
leurs équipes.
Une opportunité à
saisir pour transformer la culture d’entreprise
Loin d’être uniquement une contrainte réglementaire, Sophie Piot y voit une opportunité unique : celle de moderniser les pratiques salariales et de renforcer l’attractivité des entreprises.
Une transparence bien gérée devient un atout concurrentiel, consolidant la cohésion interne et attirant des talents en quête d’équité et de justice sociale. En structurant des politiques salariales transparentes et justes, elles renforcent leur attractivité, notamment auprès des nouvelles générations, particulièrement sensibles aux questions d’équité et d’éthique au travail. Sophie Piot invite les entreprises à dépasser la simple mise en conformité pour :
• Instaurer une
culture d’équité : En intégrant des critères objectifs dans les politiques
salariales, les entreprises peuvent transformer une obligation réglementaire en
un avantage concurrentiel.
• Renforcer
l’attractivité et la fidélisation des talents : Les nouvelles générations
attachent une importance croissante à la justice et à l’éthique dans le monde
du travail. Une entreprise perçue comme juste et équitable devient plus
attractive.
• Consolider la
cohésion et la confiance : Une transparence bien maîtrisée renforce la
relation de confiance entre les collaborateurs et leur employeur, tout en
stimulant la performance collective.
La transparence salariale n’est pas qu’un enjeu interne aux entreprises. Elle fait écho à des préoccupations sociales et sociétales majeures : lutte contre les discriminations, justice sociale, et attractivité du marché du travail européen dans un monde en pleine mutation.