Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le Secrétariat général pour l’investissement, en charge de France 2030, présentent les 6 lauréats « Programmes de Recherche en Sciences Humaines et Sociales » de France 2030.
Lancé au printemps 2024, ce
dispositif a pour ambition de faire émerger des pôles de recherche et
d’expertise à même de structurer les Sciences humaines et sociales (SHS) en
France et de répondre aux grands défis de notre société.
L’enjeu : rapprocher
l’excellence scientifique en sciences humaines et sociales des acteurs
institutionnels, socio-économiques et plus largement des citoyens.
Les sciences humaines
et sociales (SHS) sont essentielles en contexte d’incertitude et de crise pour
anticiper les chocs futurs, renouveler les corps de doctrines, comprendre la
diversité des comportements et l’évolution des sociétés, mais également pour
évaluer l’efficacité des actions et des politiques publiques. L’appel à
manifestation d’intérêt « Programmes de Recherche en Sciences Humaines et
Sociales » de France 2030 s’inscrit dans cette ambition en renforçant les SHS
autour de thématiques scientifiques prioritaires et d’intérêt majeur pour
l’État. Grâce à ces programmes associant excellence de la recherche,
constitution de consortiums robustes et rayonnement vers la société et à
l’international, les savoirs produits par les SHS pourront ainsi être pleinement
mobilisés pour éclairer les décisions publiques ou privées et pour accompagner
l’innovation de rupture. Ils contribueront à répondre aux grandes questions
sociétales, géopolitiques, climatiques ou culturelles. Cette action est opérée
pour le compte de l’État par l’ANR et s’appuie sur l’excellence des écosystèmes
de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
17 établissements porteurs de consortiums avaient été pré-sélectionnés en première phase.
La
phase d’évaluation des projets, fondée sur un dossier et une audition a été
réalisé par un jury international présidé par le Pr. Antonio Loprieno
(Universität Basel) et vice-présidé par le Pr. Anne Lequy (Hochshule
Magdebourg-Stendal). Le jury s’est tout particulièrement attaché à examiner
l’excellence scientifique du projet, son caractère structurant pour les
disciplines des sciences humaines et sociales en France et son impact sociétal
pour l’un des grands défis proposés par l’appel à manifestation d’intérêt.
Six établissements porteurs ont convaincu le jury de leur capacité à mettre en place les
leviers nécessaires à l’incubation, à la création, au suivi, à l’ouverture internationale et à la dissémination de la thématique scientifique prioritaire choisie. Chacun des projets obtient un financement de 9 000 000€.
Projets lauréats
Résumé des projets
Démocraties : DémoCIS
(Université de Lille)
La crise démocratique
multifactorielle confronte nos sociétés au défi de la (re)construction de
communs face à des espaces publics fragmentés. DémoCIS engage un collectif
interdisciplinaire d’excellence issu de 4 Universités, 3 IEP, de l’Institut
Mines Télécom, du CNRS et d’Inria. (336 chercheurs et enseignants-chercheurs
issus de 51 unités de recherche dont 16 UMR CNRS et 1 Unité Propre CNRS) autour
de
quatre défis majeurs :
1. Répondre à la crise des institutions
par l’innovation démocratique ;
2. Repenser les lieux et formes
d’expression de la citoyenneté ;
3. Agir contre la polarisation des
sociétés et les désordres informationnels ;
4. Renforcer les démocraties menacées.
Climat : FORESEE
(Université Grenoble Alpes)
Après des décennies
d’accumulation de connaissances scientifiques, les conséquences du changement
climatique (CCC) sont désormais vécues, intimement, et à très large échelle. Le
point de départ du projet FORESEE est que cette dimension vécue des CCC, encore
largement inexplorée, est essentielle pour comprendre la diversité des
réactions aux CCC, documenter les dynamiques sociales conflictuelles qu’elles
suscitent, et proposer des modalités de changement durable et équitable.
FORESEE mobilise la diversité des sciences humaines et sociales pour apporter
trois éclairages imbriqués : la pluralité des discours et des argumentaires
face aux CCC, les obstacles épistémiques à l'appréhension des limites
planétaires, et les mécanismes de résilience, résistance, adaptation des
organisations territoriales, et enfin la manière dont les (in)égalités et les
(in)justices obligent à revisiter en profondeur les fondements du contrat
social.
Patrimoine : SPHINX
(Sorbonne Université) et HERMES (Université Sorbonne Nouvelle)
Le projet SPHINX fédère
des institutions académiques, culturelles et économiques de premier plan,
disposant d'expertises et de collections exceptionnelles des temps géologiques
au présent (environ
500 chercheurs et enseignants-chercheurs allant des langues
rares à l’archéologie, de la philosophie à l’histoire de l’art), avec
l’ambition de constituer un pôle d’expertise européen, pour aborder les
patrimoines sur le temps long et à toutes les échelles, SPHINX soutiendra la
structuration de programmes interdisciplinaires répondant à trois enjeux
majeurs : la fabrique du patrimoine, les patrimoines empêchés, le patrimoine
réapproprié.
Le projet HERMES
s’interroge sur la manière de créer et de maintenir des communs culturels et
une identité partagée dans une société plurielle, à l’heure où les transitions
numériques, environnementales et sociales, ainsi que les tensions nationales et
internationales accrues, transforment notre compréhension du patrimoine et des
politiques patrimoniales, avec trois objectifs : structurer les capacités de
recherche sur les patrimoines en devenir et développer un consortium
interdisciplinaire avec une forte visibilité nationale et internationale,
renforcer le transfert de la recherche vers les acteurs publics et la société,
et favoriser une approche démocratique et inclusive du patrimoine culturel, en
accord avec les besoins et les évolutions de la société.
Religions : ReligiS
(Université de Strasbourg)
La question des
religions est devenue à la fois omniprésente et plus problématique que jamais,
en raison de l'extrême complexité et de la diversité de ses manifestations,
avec de nombreuses questions soulevées dans le débat public. Ces évolutions
posent de nouvelles questions aux institutions (gouvernement, collectivités
locales, hôpitaux, écoles, justice, prisons, entreprises). ReligiS se concentre
sur la transformation des interactions entre les religions et les sociétés dans
le monde contemporain, dans une perspective à long terme. Son objectif
principal est double : développer un nouveau cadre scientifique, résolument
ouvert, interdisciplinaire et international, afin de repenser les processus de
transformation des relations entre religions et sociétés, et créer les
conditions institutionnelles d'un changement à grande échelle des mécanismes et
des actions de transfert des connaissances académiques sur les religions vers
les décideurs politiques et la société.
Troubles géopolitiques
: DECRIPT (INALCO)
Les récits
civilisationnels renvoient à des discours socialement et idéologiquement
construits, articulant des représentations sélectives de l’histoire et de
l’identité d’un ensemble politique : la « civilisation des civilisations » de
la Russie, justifiant sa guerre contre l'Ukraine, ou les « Nouvelles routes de
la soie » de la Chine et ses revendications territoriales en mer de Chine
méridionale, sont des exemples parmi d'autres. Cette évolution pose des défis
inédits à la France et à l’Europe en les obligeant à renouveler leur
compréhension de l’espace mondial et les fondements de leur action extérieure.
DECRIPT vise à développer une expertise et des outils opérationnels sur la
mobilisation et les effets des récits civilisationnels dans les crises géopolitiques
contemporaines, en se ciblant sur 4 aires clés de conflits majeurs pour la
France et l’Europe : Indo-Pacifique, Afrique, Ukraine et ancien monde
soviétique,
Proche-Orient et Moyen-Orient.