Baromètre NIJI
Niji, société de
conseil, de design et de mise en œuvre technologique, accompagne depuis 2001
PME, grands groupes et ETI dans leur transformation digitale. Forte de son
expérience et d’échanges construits avec ses entreprises clientes, elle publie la troisième édition de son baromètre annuel de la transformation
digitale. Celui-ci met en lumière les avancées et défis majeurs de la
transformation digitale en France.
Où en est-on ? De la
montée en maturité des organisations au potentiel inexploité de l’IA
générative, les enseignements de cette édition révèlent les clés d’une
transformation alignée sur les enjeux de productivité et de compétitivité.
Parmi les principaux
chiffres à retenir :
• 83% des entreprises souhaitent que la
transformation digitale serve leur efficacité opérationnelle et considèrent
les investissements data prioritaires.
• Près d’1 entreprise sur 2 fait travailler
ensemble métiers et IT sur la conception des services digitaux.
• 79% des entreprises ne maitrisent pas l’agile à
l’échelle de leur organisation.
• 68% des entreprises affirment désormais maitriser
la cybersécurité par design.
• L’impact de l’IA générative sur les métiers du
digital n’est pas encore mesuré par 77% des entreprises.
• Seules 38% des entreprises mesurent le taux
d’utilisation de leurs produits et services digitaux et moins d’1 entreprise
sur 5 mesures le ROI de sa transformation digitale.
• 71% des entreprises passent par le “reskilling”
pour faire évoluer les compétences de leurs équipes face à l’IA.
• 69% des entreprises investissent prioritairement
dans la modernisation de leur SI métier et 57% de leur ERP.
Romain Delavenne,
Directeur Consulting, Niji, résume : « Il y a encore quelques années, la
transformation digitale était considérée comme un choix stratégique, une
opportunité parmi d’autres. Aujourd’hui, elle s’impose comme une nécessité
impérieuse. En effet, dans un monde où les technologies redéfinissent en
permanence les usages, les marchés et les attentes des consommateurs, elle est
devenue le socle de toute stratégie compétitive. Or, adopter des technologies
digitales ne suffit plus. À mesure que les entreprises gagnent en maturité,
leurs ambitions et leurs objectifs évoluent. Le digital doit donc à présent
infuser l’ensemble des opérations au point de devenir l’ADN des organisations,
leur permettant non seulement de s’adapter, mais surtout d’anticiper les
évolutions.
On constate par
ailleurs que les entreprises peinent encore à structurer des mesures efficaces
pour piloter leurs investissements. Cette lacune freine l’exploitation du plein
potentiel offert par les technologies émergentes comme l’IA générative. Pour gagner
en productivité, elles doivent renforcer leur organisation produit, structurer
leurs usines digitales, et investir dans des outils et compétences permettant
un pilotage rigoureux de leur transformation. L’omnicanalité et une vision data
centric sont les piliers à privilégier pour offrir des expériences client
personnalisées et maximiser les retours sur investissement. »
Des entreprises en
pleine expérimentation de l’IA générative
Les entreprises
explorent différents cas d’usage tout en se confrontant aux problématiques de
la RGPD et de la gouvernance des données : 68% déclarent expérimenter l’IA
générative ; 21% avoir des opportunités de transformer leur business model : et
11% être en veille sur cette technologie. Mais elles n’ont pas encore
pleinement répondu à la question cruciale : comment transformer les métiers,
améliorer la productivité et accroître l’efficacité ?
Très enthousiastes au
départ, les entreprises semblent être revenues sur leur engouement en seulement
quelques mois. Très peu ont en effet pris le temps de mesurer les gains de
productivité. Lorsqu’elles l’ont fait, les résultats sont tellement hétérogènes
qu’ils témoignent d’un manque de maturité sur l’IA, y compris pour les métiers
les plus scrutés, experts développeurs et testing. Cependant, l’IA gen a mis en
lumière l’IA classique, accélérant les feuilles de route.
Et dans le détail ?
Enseignement #1 –
Transformation digitale : une maturité consolidée, mais des défis persistants
Après plusieurs années
d’investissements, les entreprises ont atteint un niveau de maturité digitale
solide. 95% d’entre elles affichent une poursuite, voire une accélération, de
leur transformation, désormais pilotée ou suivie de près par le Comex (à 93%)
et soutenue par des budgets en hausse constante (dans 87% des cas). Une
pérennité des engagements à mettre toutefois en perspective avec l’inflation
économique récente. À ce sujet, de nombreuses entreprises interrogées ont
dénoncé les pratiques jugées abusives des fournisseurs SaaS en situation de
monopole, dont 32% ont augmenté leurs prix de plus de 10%, et cherchent à
réduire leur dépendance.
En 2023, la priorité
majeure attribuée au digital était la connaissance et l’engagement des clients.
En 2024, celle-ci est reléguée à la deuxième place (81%), derrière
l’efficacité opérationnelle (83%). Cela témoigne d’une réflexion des
entreprises sur l’optimisation de leurs processus, en lien avec la réduction de
leurs coûts de fonctionnement et leur productivité. Autre priorité nouvelle :
l’expérience utilisateur, que 79% des entreprises estiment pouvoir améliorer
grâce au digital. En revanche, l’engagement pour la durabilité recule (43%). Le
digital n’est pas perçu comme un levier capable d’agir sur les enjeux de
décarbonation, et ce en dépit de l’application de la directive européenne CSRD.
Enseignement #2 –
Piliers de la transformation digitale : des niveaux de progression disparates
Pour réussir leur
transformation digitale et atteindre les objectifs qu’elles lui imputent, les
entreprises doivent impérativement mettre en place, consolider puis maitriser 5
grands piliers :
1/ Transformer la
relation métier & IT
On observe une progression de l’organisation des équipes en mode produit, un fonctionnement agile de plus en plus maîtrisé (+6 points vs. 2023). En 2024, 48% maîtrisent la conception des services (soit +27%) ; 42% maîtrisent la conception des cas d’usages data/IA (soit +42%), et 31% maîtrisent la conception de l’expérience utilisateur. L’enjeu saillant est donc le passage à l’échelle du mode produit. Seuls 34% des entreprises estiment avoir réussi leur passage à l’échelle entreprise, considérant qu’il faut du temps pour que cette organisation soit efficace (5 ans d’après les entreprises de la Tech).
2/ Maitriser le delivery des services digitaux via les usines digitales
Lieux de création, de
livraison de produits et de services digitaux, incubateurs de pratiques agiles,
les usines digitales sont désormais mieux associées aux stratégies de
l’entreprise, avec des effets directs sur la transformation digitale. Ainsi,
les entreprises interrogées enregistrent de véritables progrès à la fois dans
la gouvernance de ces dernières (maîtrisée par 43%), dans leur capacité à
développer des produits et services (maîtrisée par 40%) et dans
l’industrialisation de leurs usines digitales (réalisée pour 38%). Un effort
conséquent a notamment été fait sur la gouvernance de la data/IA (maîtrisée par
28%). Sur le delivery : 51% des entreprises maitrisent la phase de build (+8
points), vs. 49% (+14 points) sur le run, encore problématique l’année
dernière.
3/ Mettre en place les fondations technologiques
Si les entreprises
naviguaient à vue en 2022, elles défendent aujourd’hui des stratégies de
modernisation du SI bien établies : 33% ont modernisé leur Legacy et 57% s’y
attèlent actuellement ; 38% ont fait évoluer l’architecture de leur SI et 52%
sont en train de le faire. Un progrès particulièrement important a été noté
dans le domaine de la cybersécurité by design (+33 points), maîtrisée par
seulement 10% des entreprises en 2022 contre 68% aujourd’hui. En revanche, et
malgré des investissements conséquents, les entreprises peinent encore à
mettre en place les fondations de la data : 46% des entreprises admettent ne
pas articuler correctement les gouvernances SI et data. Ainsi, seules 24%
maitrisent l’accès à la donnée (Time to Data) et 9% savent fiabiliser, mettre
en qualité et uniformiser les données par domaine.
4/ Recruter et fidéliser les expertises
Les entreprises
bénéficient d’un meilleur accès à l’embauche de talents digitaux, en
particulier celles qui font la promotion de leur écosystème digital : 37% sont
parvenues à attirer et retenir des talents digitaux. Pour faire face à
l’émergence de l’IA, les entreprises ont adopté des stratégies hybrides plus
structurées, alliant internalisation et externalisation de certains profils
stratégiques, et y associant des partenariats technologiques solides (pour
57%). Comme en 2023, les métiers internalisés sont : les Products Owners et
Product Managers (70%) ; le marketing digital (70%) ; Roll-out/Customer success
(67%) ; les architectes et DevOps (66%) ; des experts en cybersécurité (65%) ;
et des experts data/IA (57%). D’autres profils répondent au contraire à une
logique d’externalisation, comme les UX/UI (à 60%), que les entreprises ont du
mal à fidéliser par manque de projets innovants.
Par ailleurs, l’arrivée fracassante de l’IA interroge l’évolution des compétences au sein des entreprises. La tendance est au « reskilling », c’est-à-dire l’acquisition de nouvelles compétences en lien avec une reconversion ou une évolution du métier. C’est le cas pour 71% des entreprises, contre 35% qui font appel à de nouveaux collaborateurs et 27% à des ressources externes.
5/ Mesurer la performance
Le constat reste le
même : les objectifs de productivité et de rentabilité des entreprises se
heurtent à leur difficulté à mesurer les impacts de leur transformation
digitale. En 2024, très peu de progrès sont enregistrés : 17% seulement des
entreprises mesurent le ROI (vs. 7% en 2023). Seules 19% maitrisent la mesure
du Time to Market, les processus de développement et de suivi des produits
digitaux restant mal définis. On constate également un manque d’intérêt
étonnant pour l’évaluation des taux d’utilisation (38%) et d’adoption (24%) des
services et produits digitaux, qui valident pourtant les stratégies de
transformation engagées. L’enjeu de la mesure reste donc primordial et devrait
faire l’objet des prochains engagements des entreprises. Comme l’an passé, le
seul indicateur à sortir du lot est le Net Promoter Score (NPS) externe, qui
mesure la satisfaction client, maîtrisé par 48% des entreprises. Il reflète
l’accent mis sur l’amélioration de leur expérience utilisateur.
Enseignement #3 –
Quelles perspectives et axes stratégiques pour la transformation digitale ?
1 entreprise sur 2 a désormais une vision claire de sa feuille de route digitale. Mieux encore, il faut ajouter à ces entreprises les 35% dont la stratégie actuelle consiste à développer et maîtriser leurs usines digitales. Si seulement 9% des entreprises défendent aujourd’hui une stratégie “Software-driven company”, elles sont en revanche 28% à viser cet objectif, c’est-à-dire organiser leur modèle économique, leur activité et leur performance autour des plateformes digitales, donc du développement de logiciel. Cette projection est éloquente. Elle signifie qu’il faut s’attendre à un changement de gouvernance, d’organisation et de culture de près d’1 entreprise sur 3.