Par Ahmed
Achchak, CEO et co-fondateur de Qevlar AI
Alors que les
cyberattaques se multiplient et gagnent en sophistication, les entreprises, les
gouvernements et les particuliers se retrouvent face à une réalité troublante :
la cybersécurité traditionnelle ne suffit plus. Dans ce contexte,
l’intelligence artificielle (IA) apparaît comme un levier incontournable pour
anticiper, détecter et contrer les menaces à une échelle inédite.
L’IA, une arme contre
des attaques en constante évolution
Les hackers adoptent
aujourd’hui des techniques de plus en plus sophistiquées, notamment en
exploitant des modèles de langage avancés (LLMs). Ces IA leur permettent de
personnaliser en masse les campagnes de phishing, rendant les messages plus
crédibles et difficiles à détecter. Face à cette escalade, les approches
manuelles ou purement réactives atteignent leurs limites. L’IA, en revanche,
excelle là où l’humain seul est dépassé : elle analyse des milliards de données
en temps réel, identifie des anomalies invisibles à l’œil nu et propose des
actions correctives instantanées.
Par exemple, les
systèmes d’intelligence artificielle peuvent :
• Analyser des millions de logs en temps réel pour
détecter des comportements anormaux, qu’il s’agisse de schémas d’attaques
connus ou de menaces émergentes encore inconnues.
• Identifier et corréler des indices faibles souvent
imperceptibles pour un humain, permettant ainsi de repérer des cyberattaques
potentielles avant qu’elles ne se manifestent pleinement.
• Automatiser l’enquête des alertes en récupérant,
structurant et reliant des données issues de multiples sources, réduisant le
temps d’intervention de plusieurs heures à quelques secondes.
• Aider les équipes humaines à prioriser les menaces
en évaluant automatiquement leur gravité et leur urgence, permettant ainsi de
concentrer les efforts sur les incidents les plus critiques.
Un allié pour les
équipes de SOC
Les centres
d’opérations de sécurité (SOC) souffrent souvent de surcharge de travail et
d’un manque de talents qualifiés. Les avancées récentes en IA permettent
d’automatiser non seulement des tâches répétitives, mais également des tâches
manuelles plus complexes qui échappent aux capacités des approches
déterministes classiques. En prenant en charge ces activités, l’IA libère les
analystes pour qu’ils se concentrent sur les alertes les plus critiques, tout
en permettant au SOC d’adopter une posture plus proactive. Les équipes peuvent
ainsi affiner les règles de détection, mener des activités de threat hunting et
améliorer les stratégies de remédiation, renforçant significativement
l’efficacité et la résilience globale des opérations.
Des limites et une
vigilance nécessaire
Toutefois, l’IA n’est
pas une solution miracle. Elle nécessite des algorithmes bien entraînés, des
données de qualité et une gouvernance stricte pour éviter des biais, des
erreurs potentielles ou des
« hallucinations » dans le cas des modèles de
langage (LLMs), qui peuvent parfois générer des informations erronées ou non
fondées. Certaines entreprises se reposent exclusivement sur ces LLMs, ce qui
expose leurs systèmes à des risques importants si ces erreurs ne sont pas
correctement supervisées. L’intégration de l’IA dans les stratégies de
cybersécurité doit donc s’accompagner d’une réflexion éthique, de régulations
adaptées et d'une surveillance humaine pour garantir son efficacité et sa
fiabilité.
Une collaboration
homme-machine pour une sécurité renforcée
L’IA n’a pas vocation à remplacer les experts humains, mais à décupler leur potentiel. Dans un monde où les cybermenaces sont omniprésentes, elle offre une opportunité sans précédent de bâtir une défense proactive, robuste et évolutive. Il est temps pour les entreprises et les gouvernements de placer l’IA au cœur de leurs stratégies de cybersécurité, non pas comme une option, mais comme une nécessité.