Au lendemain de la censure du gouvernement conduisant à sa démission, Vousfinancer, réseau de 150 agences de courtages en crédit et l’Adresse, réseau de 350 agences immobilières analysent les répercutions potentielles sur le marché, sur les taux de crédit, mais aussi sur la demande et le dynamisme du marché pour 2025.
Après le vote de la mention de censure dans la soirée du 4 décembre, le gouvernement présente ce jour sa démission, enterrant avec lui les mesures prévues dans le Budget 2025.
Une source d’incertitude pour les professionnels
Alors que les professionnels avaient le sentiment d’avoir enfin une Ministre du Logement consciente des enjeux pour le secteur, c’est aujourd’hui une déception mais aussi une source d’incertitude et d’inquiétude. « Même si tout n’était pas parfait, nous avions une ligne directrice pour l’année 2025 avec des annonces encourageantes pour les primo-accédants, comme l’élargissement du Prêt à taux zéro, mais aussi un assouplissement potentiel de la Loi Climat et des réflexions sur le statut de ‘bailleur privé’… Nous avons le sentiment que nous venons encore de perdre quatre mois à un moment où la reprise du marché reste fragile. Cette situation risque de générer encore de l’attentisme de la part des acheteurs, qu’ils soient primo, secundo-accédants ou investisseurs car ils ont besoin de visibilité et de confiance en l’avenir pour se projeter sur un achat immobilier » analyse Brice Cardi, président de l’Adresse.
Quel impact à prévoir sur les taux de crédit ?
Si cette instabilité politique fait craindre une réaction des marchés et une hausse des taux d’emprunt d’Etat qui pourrait entrainer dans son sillage les taux de crédit, à ce jour, le 5 décembre, le taux de l’0AT 10 ans) reste inférieur à 3 %.
Bien qu’il faille rester vigilants, plusieurs éléments permettent de limiter le scénario d’une hausse des taux de crédit
- L’annonce de la dissolution en juin et les élections qui avaient suivi n’avaient finalement pas eu d’impact sur les taux de crédit. Les taux d’emprunt d’Etat à 10 ans (OAT tec 10 ) étaient passés de 3 % début juin à 3,30 % à l’issue du 1er tour, avant de redescendre à moins de 3 % début août. Les taux de crédit eux, avaient continué à baisser.
- L’influence des taux d’emprunt d’Etat sur les taux de crédit est moindre depuis quelques années. L’inflation, les taux directeurs de la Banque centrale européenne mais surtout la politique commerciale des banques influent également sur le niveau des taux de crédit. Ainsi fin 2022, les taux d’emprunt d’Etat étaient à 3 % alors que les banques prêtaient à 2,30 % sur 20 ans, soit un point de moins que maintenant…
- Les banques sont toujours en forte conquête de clientèle, après un premier semestre 2024 marqué par une production de crédit très faible. C’est pourquoi, pour le mois de décembre, elles sont encore nombreuses à baisser leurs taux, de 0,05 à 0,20 point, mais aussi à prolonger les prêts bonifiés qui devaient s’arrêter au 31/12/2024, témoignant ainsi de politiques commerciales attractives auxquelles pourraient nuire une hausse des taux de crédit.
Bilan : pas d’envolée des taux de crédit mais une reprise fragilisée
« Dans le contexte actuel avec les baisses récentes successives des taux de la Banque centrale européenne, et une prochaine baisse probablement le 12 décembre, ainsi qu’une volonté forte des banques de prêter dont les objectifs de production de crédit pour 2025 sont supérieurs à cette année, il est probable l’impact sur les taux de crédit reste limité. Aucune banque n’a pour l’instant évoqué de remonter ses taux de crédit ! » analyse Sandrine Allonier porte-parole de Vousfinancer. « Tout dépendra bien sûr du temps que nécessitera la formation d’un nouveau gouvernement mais aussi de la façon dont réagiront les marchés… Nous restons confiants mais allons rester tout de même très vigilants sur l’évolution des taux dans les prochaines semaines » complète Julie Bachet, DG de Vousfinancer.
« Il va falloir rapidement reprendre les travaux en cours pour consolider la reprise du marché qui se dessine depuis la fin de l’été. Les particuliers comme les professionnels ont besoin de visibilité et de stabilité. Pour que le marché retrouve un dynamisme durable, mais aussi que le parcours résidentiel soit à nouveau plus fluide, il faut que les taux de crédit restent attractifs, que les prix poursuivent leurs baisses mais aussi que les primo-accédants soient aidés afin de pouvoir devenir propriétaires et ainsi libérer des logements dans le parc locatif. En cela, le logement est un enjeu économique et social pour notre pays… » conclut Brice Cardi, président de l’Adresse.