La «
Culture foraine » a été reconnue au titre du patrimoine culturel immatériel de
l'humanité (Unesco) le mercredi 4 décembre 2024.
Le carrousel du Musée des Arts Forains ©Pavillons de Bercy
En tant que lieu de mémoire vivante de la « Culture foraine », le Musée des Arts Forains, créé par Jean Paul Favand, a pris une part active à cette candidature, portée conjointement par la Belgique et la France depuis 2019.
Éloïse Galliard, la responsable des collections du musée a participé à la rédaction de ce dossier avec les forains, les représentants des Ministères de la Culture, des chercheurs et des historiens de toute l’Europe
Dans cette culture
itinérante de tradition orale, il existe peu d’archives ou de trace matérielle
de l’histoire des forains. Il ne fait pas de doute que le patrimoine forain,
comme les bâtiments du XIXème siècle, aurait été protégé s’il avait été sédentaire.
« Cette reconnaissance vient appuyer le travail de valorisation de cette culture que je mène depuis des années dans mon musée. En m’intéressant aux objets du patrimoine de la fête, j’ai pris conscience qu’au-delà du matériel, elle était un fait social complétement oublié dont il était important de préserver la mémoire », se félicite Jean-Paul Favand, fondateur du Musée des Arts Forains
La « Culture foraine »
ne connait pas de frontières, elle est en premier lieu une culture nomade, qui
apporte la fête de ville en ville, et qui se transmet de génération en
génération depuis 150 ans. Elle possède des savoir-faire et un mode de vie
spécifiques, dans une société paritaire où les femmes travaillent autant que
les hommes.
Fait social majeur
depuis son apogée au XIXème siècle, la fête foraine et sa culture vibrent au
rythme de la société dans laquelle elle évolue. « Elle est un média aussi
important qu'ont pu l'être les cathédrales dans les siècles passés et la
télévision aujourd'hui. Elle fut le creuset de toutes les formes de spectacle
moderne : Music-Hall, cinéma, cirque, sport-spectacle ont été portés par la fête
foraine », poursuit Jean Paul Favand.
Elle a aussi permis de
vulgariser les découvertes scientifiques et techniques telle l'électricité, la
vapeur ou le magnétisme à l’époque et continue à présenter des avancées
technologiques telles que la réalité virtuelle. Ce souci permanent de la
modernité, et les vertus pédagogiques qui en découlent, se retrouvent
naturellement dans l'art forain où les styles s'y succèdent et s'y chevauchent
quelquefois : baroque, romantisme, symbolisme, réalisme... Dans un perpétuel
renouvellement, les forains s’emploient sans relâche à séduire leur public pour
leur offrir l'occasion de s'évader du quotidien.
Le Musée des Arts Forains constitue un lieu de référence et de mémoire vivante, où les forains redécouvrent le travail de leurs ancêtres et des artistes qui les ont accompagnés. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir les descendants des forains venir au musée retrouver leurs souvenirs d’enfance.