La Chambre des Diagnostiqueurs Immobiliers (CDI) réagit
vivement aux conclusions de l’étude récemment publiée par la start-up Krno, qui
met en lumière un phénomène de "surclassement" des Diagnostics de
Performance Énergétique (DPE) et des anomalies dans la classification
énergétique de certains logements.
Si l'étude de Krno
avance que des logements sont régulièrement classés de manière plus favorable
qu’ils ne devraient l’être, la CDI met en garde contre une interprétation
simpliste des résultats, et rappelle la complexité du processus de réalisation
des DPE.
Des erreurs
fondamentales dans la méthodologie
Selon Thierry Marchand,
ancien président de la CDI, « L’enquête de Krno met en lumière un manque
flagrant de rigueur dans l’analyse des DPE. » En effet, l’un des
principaux reproches de la CDI concerne l'histogramme présenté dans l’étude,
qui affiche des "effets de pics" dans les résultats. Mais la légende
de ce graphique mentionne une échelle de performance basée uniquement sur la consommation
énergétique des logements, exprimée en kWh/m²/an. Or, depuis le 1er juillet
2024, la classe de performance énergétique ne repose plus uniquement sur la
consommation d'énergie, mais aussi sur les émissions de Gaz à Effet de Serre
(GES).
« Vouloir rendre un DPE
plus précis alors que l’on omet des informations essentielles comme celles-ci,
montre un manque flagrant de rigueur. La classe de performance énergétique ne se
mesure plus de la même manière depuis juillet 2024, et il est donc impératif
que les études comme celle de Krno intègrent ces nouvelles données pour être
pertinentes. », poursuit Thierry Marchand.
Un DPE qui évolue avec
un mode de calcul en deux volets
La CDI souligne que le
DPE reste un outil utile pour estimer la performance énergétique des bâtiments,
bien que sa précision ne soit pas absolue. « Le dispositif DPE est réalisé
selon deux modes : soit avec des données d’entrée précises, fournies par le
propriétaire, soit en mode dégradé, lorsqu’il manque ces informations. Ce
dernier cas peut parfois aboutir à des évaluations moins précises, mais ce
n’est pas une raison pour accuser systématiquement de fraude ou de complaisance
», rappelle la CDI.
Cette distinction est cruciale pour comprendre les résultats de l’étude de Krno. En effet, un bien situé aux abords de la classe F, dont le DPE repose sur des informations génériques ou insuffisantes, pourrait apparaître comme un logement moins performant qu'il ne l'est en réalité. « Un propriétaire d'un logement identifié en début de segment du F a tout intérêt à se réveiller et à fournir enfin les justificatifs permettant de réaliser un DPE le plus précis possible », ajoute Thierry Marchand.
Une analyse qui écarte
des DPE cruciaux
La CDI souligne
également que l'étude de Krno repose sur une méthodologie qui exclut un grand
nombre de DPE récents, lesquels ont été réédités en fonction des mises à jour
législatives et réglementaires, conformément aux normes en vigueur. « Ces
DPE réédités, qui tiennent compte des dernières évolutions réglementaires, ne
devraient pas être inclus dans les statistiques, car ils reflètent la réalité
des logements actuels. Prendre en compte ces anciens diagnostics fausse les
conclusions de l’étude. »
Les DPE situés dans la
zone d’effet de seuils, notamment autour des classes F et E, sont selon la CDI
souvent les plus proches de la réalité. « Ces résultats ne sont en aucun cas
des DPE de complaisance, bien au contraire. Ils sont le reflet d’une
méthodologie standardisée et d’un calcul qui, dans la majorité des cas, reste
une estimation de la performance énergétique et non une science exacte », précise
Yannick Ainouche, président de la CDI.
Un appel à la rigueur
pour une critique constructive
La CDI rappelle que,
pour critiquer efficacement un système aussi complexe que le DPE, il est
indispensable d’adopter une approche rigoureuse et méthodique.
« Critiquer sans
prendre en compte les évolutions récentes, en négligeant des éléments de
contexte cruciaux comme les changements de réglementation, ne peut que mener à
des conclusions erronées et injustifiées », affirme Yannick Ainouche.
Le DPE, comme tout
outil d’évaluation, doit être utilisé et interprété avec soin. Les
propriétaires de logements, notamment ceux en début de segment F, doivent être
vigilants et fournir des informations exactes pour garantir un diagnostic le
plus précis possible.
« Enfin, la CDI rappelle que les diagnostiqueurs immobiliers jouent un rôle fondamental dans le respect de la réglementation. Leur mission n’est pas d’optimiser le DPE à la baisse ou à la hausse, mais de fournir un diagnostic fiable, basé sur les données disponibles, et d’accompagner les propriétaires dans la mise en place d’une stratégie d’amélioration de la performance énergétique », conclut Yannick Ainouche.