Oliver Wyman, cabinet de conseil en stratégie mondial (groupe Marsh McLennan - NYSE : MMC), publie un nouveau rapport sur la situation en France du secteur du recyclage des matériaux nécessaires à ses industries, notamment celle des métaux et celle du plastique.
La
gestion des déchets en France est un secteur clé de l'économie. Il présente un
potentiel élevé pour contribuer à la souveraineté du pays et la transition
environnementale mais il est aussi confronté à de réelles fragilités. Alors
même que les objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone pour 2030 sont à
risque, les performances françaises en matière de recyclage demeurent
inférieures à celles d’autres pays des leaders européens, en particulier pour
les métaux et les emballages plastiques.
Recycler
75% des déchets métalliques : un objectif crucial pour la compétitivité
française
D’après
le rapport d’Oliver Wyman, en France, les déchets métalliques constituent un
gisement de valeur sous-exploité. En effet, si ces déchets étaient davantage
collectés et recyclés, ce gisement pourrait couvrir entre 4 et 12 ans de
consommation annuelle. En augmentant le taux de recyclage des métaux tels que
le fer, l'aluminium et le cuivre, et en s’aidant des politiques récentes comme
le « 2024 Critical Raw Materials Act » et le lancement du Fond métaux
critiques, la France pourrait non seulement améliorer sa balance commerciale,
mais aussi sécuriser l'approvisionnement en matériaux essentiels pour la
transition énergétique, réduire les émissions, et contribuer à la
réindustrialisation. Pour cela, il est indispensable de valoriser nos « mines
urbaines » en développant les capacités de transformation et en limitant
l'exportation des déchets métalliques non transformés.
Actuellement
la France exporte une grande partie de ses déchets métalliques, ce qui signifie
que la valeur ajoutée de leur transformation est capturée dans d'autres pays.
Cette situation souligne une sous-capacité de transformation sur le territoire
français, particulièrement pour les métaux critiques et à grand volume. Eric
Confais, Partner en charge de l’énergie et des ressources naturelles chez
Oliver Wyman, et co-auteur du rapport, commente : « Recycler 75% des déchets de
fer, d’aluminium et de cuivre - contre respectivement 54, 65% et 39%
aujourd’hui - permettrait d’améliorer de 3% le solde de la balance commerciale
française et de garantir environ la moitié des besoins d’approvisionnement de
l’industrie française pour ces métaux. Pour inverser cette tendance, il est
crucial de développer des infrastructures de recyclage et de transformation en
France ».
Tous
les plastiques ne peuvent pas être recyclés efficacement
La France
produit 5 millions de tonnes de déchets plastiques par an, avec un taux de
recyclage de seulement 25% en raison de contraintes techniques, de
non-compétitivité des matières recyclées et d'un bilan environnemental
défavorable. Actuellement, en France, plus de 80% des déchets plastiques
restent orphelins, car la plupart des plastiques perdent une partie de leurs
propriétés physiques lors du recyclage ce qui rend leur viabilité économique
limitée.
Les
matières recyclées sont en effet souvent plus coûteuses et de qualité
inférieure au plastique vierge. Pour réduire la pollution plastique, il est
crucial de limiter l'usage des plastiques, favoriser l'éco-conception, et
instaurer des taux d'incorporation planchers pour les résines. La valorisation
énergétique et le stockage à long terme restent aussi des solutions pour les
déchets non recyclables, malgré leurs impacts écologiques.
Bruno
Despujol, Partner en charge du bureau de Paris d’Oliver Wyman et co-auteur du
rapport, commente l’état des lieux du secteur du recyclage en France : « La gestion des
déchets en France est un secteur clé pour notre économie, représentant un
véritable potentiel d'excellence. Cependant, nous devons reconnaître que les
émissions de carbone diminuent trop lentement et que les taux de recyclage
restent insuffisants. Le taux de recyclage des emballages métalliques est de
60% contre 75% en Europe, et celui des plastiques est de 23%, loin de
l'objectif européen de 50% pour 2030. »
Bien que la France ait initié des efforts pour améliorer ses performances dans le domaine du recyclage, il est essentiel de développer une vision d'ensemble accompagnée d'une feuille de route concrète et pragmatique, prenant en compte les contraintes économiques et techniques actuelles. L'analyse approfondie de la situation du recyclage des matériaux, en se concentrant sur les métaux et les plastiques, met en lumière les disparités de potentiel de recyclage d’une filière à l’autre. Cela ouvre la voie à des pistes de réflexion pour optimiser les résultats du secteur. Ainsi, des lignes directrices claires peuvent émerger pour orienter efficacement l'action des pouvoirs publics et des entreprises.